Cancer colorectal : comment le dépister et quels sont les traitements ?

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Par Anaïs Daniel

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Le cancer colorectal est très fréquent et provoque des milliers de morts chaque année. Pourtant, s'il est détecté tôt, les chances de guérison sont importantes. Mars bleu, le mois consacré à la lutte contre ce type de cancer, est l’occasion de rappeler l’importance du dépistage.

Le cancer colorectal est l’un des cancers les plus meurtriers. Selon Santé publique France, il est à l’origine d’environ 17 000 décès par an. Le cancer colorectal désigne deux formes de cancers : le cancer du côlon et le cancer du rectum. Très fréquent, il touche principalement les personnes de plus de 50 ans et concerne à peu près autant les femmes que les hommes.

Le dépistage du cancer colorectal augmente les chances de survie

Toute personne entre 50 et 74 ans est invitée à se faire dépister via un courrier. Ce dépistage simple et gratuit est recommandé tous les deux ans. Les patients peuvent se tourner vers leur médecin généraliste pour se procurer le test. Mais il est désormais possible de passer par un site internet dédié pour demander un kit de dépistage. Après avoir envoyé leur test, les personnes reçoivent le résultat par voie postale. Elles peuvent également le consulter sur internet pour plus de rapidité.

L’analyse consiste en une recherche de sang dans les selles. En cas de test positif, une coloscopie sera programmée chez un gastro-entérologue.

Les Français sont peu nombreux à effectuer ce geste : le taux de dépistage est particulièrement faible en France, de l’ordre de 30 %. Pourtant, le dépistage précoce permet d’améliorer les chances de survie du malade. « Le but du dépistage est de découvrir des polypes, des lésions précancéreuses, pour pouvoir les enlever et éviter le développement du cancer colorectal.

Quand on découvre un cancer avec des symptômes, il est toujours plus avancé. Dans ce cas-là, on a un taux de guérison qui est de l’ordre de 50 %. Alors que si on le découvre grâce au dépistage, on a des taux de guérison qui frôlent les 90 ou 95 % », souligne le professeur David Tougeron, gastro-entérologue et spécialiste en oncologie digestive au CHU de Poitiers.

Les facteurs environnementaux et familiers favorisent l’apparition du cancer

Dans près d’un quart des cas, ce cancer survient chez des personnes ayant des antécédents familiaux ou des anomalies génétiques. Les personnes qui ont ces prédispositions bénéficient donc d'un suivi adapté avec une coloscopie préconisée à partir de 45 ans.

D’autres facteurs augmentent le risque de développer un cancer colorectal. Ils sont dus à des habitudes de vie, telles que le tabagisme, la sédentarité, la consommation importante de viande rouge, de charcuterie ou d’alcool.

Plusieurs symptômes peuvent indiquer un cancer colorectal : des troubles digestifs prolongés ou très douloureux, une perte de poids soudaine, la présence de sang dans les selles ou encore la sensation d’avoir une masse dans l’abdomen.

La chirurgie comme traitement de référence du cancer colorectal

Une fois le diagnostic posé, le traitement est choisi lors d’une réunion de concertation pluridisciplinaire. Les médecins se rassemblent pour discuter du stade de la tumeur et proposer la thérapie la plus adaptée.

En cas de cancer localisé, c’est-à-dire de cancer qui ne s’est pas propagé à d’autres organes, le traitement standard repose sur la chirurgie. « Le principe va être de retirer une partie du côlon et ensuite de recoudre pour rétablir le circuit (une anastomose). C’est une chirurgie relativement simple qui est le plus souvent faite sous cœlioscopie », explique le professeur Olivier Bouché, spécialiste en cancérologie digestive au CHU de Reims. Cela signifie qu’au lieu de réaliser une grande ouverture abdominale, le chirurgien réalise des petites incisions et opère avec une caméra. Cette technique réduit les risques de complications postopératoires.

Concernant le cancer du rectum, la chirurgie peut être précédée d’un traitement qui associe chimiothérapie et radiothérapie. Ce traitement préopératoire permet de diminuer la taille de la tumeur pour faciliter la chirurgie et la conservation de l’anus.

Dans le cas d’un cancer métastatique, les cellules cancéreuses migrent dans l’organisme, le plus souvent pour atteindre le foie ou les poumons. Les médecins envisagent aussi la chirurgie selon la situation. « Souvent, les patients qui ont des métastases pensent qu'ils sont condamnés. Mais on peut guérir d’un cancer du côlon métastatique », précise Olivier Bouché.

La chimiothérapie peut être préconisée en cas de risque de récidive

Après une opération, les médecins procèdent à une analyse de la tumeur pour évaluer le risque de récidive. Si des ganglions sont atteints, le patient peut se voir proposer une chimiothérapie, pour une durée allant de 3 à 6 mois. Ce traitement permet alors de réduire le risque de récidive par deux.

En revanche, si le cancer récidive ou est inopérable, les traitements préconisés vont être la chimiothérapie et la thérapie ciblée. « Dans ce cas, on analyse génétiquement la tumeur pour choisir le meilleur traitement. Donc on fait une combinaison de plusieurs types de thérapies pour être le plus efficace possible. Mais quand la tumeur est inopérable, les traitements ne vont pas permettre de guérir », déplore David Tougeron. En moyenne, la survie d’un patient atteint d’un cancer du côlon métastatique inopérable est de 3 ans.

L’immunothérapie, qui consiste à stimuler le système immunitaire pour l’aider à combattre les cellules cancéreuses, n’est utilisée que dans un cas particulier de cancer colorectal qui concerne 5 % des patients.

Quels sont les effets secondaires potentiels des traitements ?

Une opération chirurgicale peut parfois occasionner des troubles du transit, tels que la diarrhée. Il arrive aussi qu’il y ait une éventration (sorte de hernie) au niveau de la paroi abdominale. Elle est moins fréquente après une cœlioscopie.

La chimiothérapie peut causer des nausées, des problèmes digestifs, des aphtes et une baisse des globules blancs. Des traitements sont prescrits aux patients pour lutter contre ces effets indésirables. La chute des cheveux n'est pas systématique.

Les thérapies ciblées présentent chacune des effets spécifiques : il peut y avoir des manifestations cutanées, des problèmes vasculaires ou de l’hypertension.

Un dépistage précoce demeure la meilleure manière de lutter contre le cancer colorectal. « Ce qui compte, c'est que les gens aillent se faire dépister. Au CHU, on voit toutes les semaines de nouveaux patients avec des métastases et à chaque fois, ce sont des personnes entre 50 et 80 ans qui n’ont pas fait de dépistage », insiste le Pr Tougeron.

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