Bertrand Dautzenberg : Il y a une décroissance globale du tabagisme puisqu’aujourd’hui, il se vend trois à quatre fois moins de cigarettes qu’il y a 25 ans. Mais la proportion de fumeurs reste importante. Selon Santé Publique France, un quart de nos concitoyens fumaient quotidiennement en 2020. Du côté des jeunes, la cigarette est étiquetée comme ringarde mais ils ont une perception positive de la e-cigarette, de la shisha ou du haschich.
B. D : Oui. Si la e-cigarette est moins bonne pour les poumons que l’air pur des montagnes, elle est cependant moins nocive que la cigarette. Elle permet d’absorber une dose de nicotine équivalente sans que cette substance soit fumée. Ce qui réduit les effets néfastes du tabac et en fait un produit moins irritant pour les bronches. Avec une e-cigarette, comme d’ailleurs avec des patchs ou des gommes à mâcher, la nicotine est délivrée plus progressivement, sans les pics de nicotine qui entretiennent la dépendance, quand on fume la cigarette. Attention, toutefois, à ne pas utiliser la cigarette électronique s’il n’y a plus de liquide. C’est comme si l’on utilisait une cocotte-minute sans eau et c’est très nocif car, une fois les dernières gouttes évaporées, la température monte en flèche. Les fumeurs sont victimes d’une maladie chronique incurable et cette pathologie leur a été inoculée par l’industrie du tabac lorsqu’ils étaient enfants ou adolescents. Car, en fumant, ils ont multiplié le nombre de récepteurs nicotiniques, qui attendent par la suite chaque jour leur dose. L’addiction est telle que les fumeurs doivent être traités afin d’en venir à bout.
B. D : Dans le contexte de l’arrêt du tabac, la e-cigarette et les substituts nicotiniques sont très voisins, l’important pour le fumeur étant de recevoir une dose de nicotine qui compense le besoin. Si un vapoteur continue de fumer des cigarettes dans le même temps, c’est la preuve qu’il faut revoir le dosage de la e-cigarette. Entre la e-cigarette et les substituts nicotiniques, le plus satisfaisant pour le patient, c’est souvent la prise de nicotine par le vapotage. De cette manière, l’arrêt du tabac est perçu comme un plaisir et non pas comme un effort ou une privation.
B. D : Une étude publiée en 2019 par The New England Journal of Medicine* a démontré une efficacité de la e-cigarette supérieure par rapport aux substituts nicotiniques à un an pour l’arrêt du tabac alors que les deux produits contiennent la même nicotine. Le plaisir lié au vapotage est associé à une meilleure compliance à la prise de nicotine qu’avec les médicaments. A trois mois, la moitié de ceux qui utilisaient la e-cigarette avait arrêté le tabac. Tandis que l’autre moitié du groupe qui était traité avec les patchs ou les gommes à mâcher avait repris la cigarette après 20 jours. Malgré cet enseignement, le Haut Conseil de la Santé publique déconseille aux médecins de laisser prendre la e-cigarette à leurs patients qui souhaitent arrêter de fumer. Mais cette même instance reconnaît que la vape aide à l’arrêt du tabac des patients en dehors du circuit médical. Une position tout-à-fait contradictoire.
B. D : Avec leurs couleurs vives et leurs goûts acidulés, les puffs ont été marketées pour séduire collégiens et lycéens et elles font l’objet d’une promotion agressive. Concernant les puffs contenant de la nicotine, la concentration est exprimée en milligrammes alors qu’elle doit être indiquée en mg/millilitres. Elles sont aussi vendues en fonction du nombre de bouffées consommables, ce qui n’a aucun sens. Pour une personne désirant cesser de fumer, il est difficile d’utiliser ces produits par manque de repères par rapport à la quantité de nicotine absorbée. En outre, ces produits sont extrêmement polluants car non recyclables.
B. D : Selon une étude récente, le poids de naissance des bébés des vapoteuses est identique à celui des nourrissons des non fumeuses. En revanche, il est plus faible chez les bébés des femmes qui ont fumé pendant la grossesse. Cela confirme que vapoter est moins nocif que fumer lorsqu’on est enceinte.
*Etude menée par Peter Hayek, intitulée « A Randomized Trial of E-Cigarettes versus Nicotine-Replacement Therapy » et publiée le 14 février 2019.
Plutôt synthétique et pragmatique, avec une certaine objectivité exprimée.
Reste à regretter une des questions posées (souvent la même) qui, indépendamment du fait que sa formulation orientée puisse induire le lecteur en erreur, prouve également l’existence persistante d’une mauvaise approche du sujet:
Ce n’est PAS une dépendance REMPLACÉE par une autre, c’est la MÊME. Elle est simplement satisfaite par un moyen différent qui exclut la quasi-totalité des substances toxiques qui nous emmènent habituellement au cimetière et qui sont présentes dans le tabac.
Tabac ou cigarette électronique, il s’agit bien de la même dépendance à la nicotine, mais avec les substances cancérigènes en moins dans la e-cigarette. Par ailleurs, la concentration de nicotine dans un e-liquide varie entre 18 mg/ml et 0 mg/ml suivant les produits. Il est donc aussi possible de vapoter sans nicotine, c’est ce vers quoi tendent de nombreux ex-fumeurs.
Substances cancérigènes en moins, oui, mais c’est la COMBUSTION du tabac et de toutes les autres substances présentes dans les cigarettes, qui génère des cancers. Si vous fumez de la paille ou des feuilles de bouleau ou toute autre matière, la combustion fera que, même sans tabac, ce sera cancérigène.
C’est pourquoi le vapotage, quelle que soit la toxicité qu’on lui trouve un jour peut-être, est, de l’avis des scientifiques, au moins 90% moins toxique que le tabagisme. Simplement parce qu’il n’y a pas de combustion.
Par ailleurs il faut souligner que le risque lié au tabac est double : le cancer ET les maladies cardiovasculaires.
Rappelons aussi que la nicotine, à part créer et entretenir une dépendance (très forte), n’est pas toxique. Donc, pour ceux qui sont passés à l’e-cigarette et qui n’arriveraient pas à arrêter, ça reste un moindre mal.