Comment devenir secouriste en santé mentale ?

Publié le , actualisé le

Par Adrien Boidin

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La formation des gestes aux premiers secours, tout le monde connaît. Ce qui n’est pas le cas des premiers secours en santé mentale. Et pour cause, cette formation n’existe que depuis 2019 en France. Alors, en quoi consiste-t-elle ? Et à qui s’adresse-t-elle ?

Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, en 2019, près d’un milliard de personnes étaient atteintes d'un trouble mental. C’est pourquoi, l’association Premiers Secours en Santé Mentale (PSSM) agit, depuis 4 ans, en s’inspirant d’une formation de l’organisation australienne « Mental Health First Aid ».

Détecter et accompagner

Objectif ? Former des secouristes en leur donnant des clés pour repérer les troubles psychiques (dépressions, addictions, troubles bipolaires, schizophrénie…) chez un collègue ou un proche. Et ainsi aider cette personne à aller vers le soin (structure de soins et d’accompagnement, psychiatres, ligne d’écoute…). Cette formation permet aussi d’avoir un comportement adapté en cas de crise. C’est un premier soutien. Autre objectif : lutter contre la stigmatisation et les discriminations des personnes atteintes d’un trouble. « Cette formation nous aide à dépasser nos inhibitions pour rentrer en contact avec la personne », précise Muriel Vidalenc, présidente de l’association PSSM.

Ce sont déjà 86 000 personnes qui ont été formées et l’association PSSM France a pour objectif d’atteindre 750 000 secouristes d’ici 2030. Parmi elle, Maxime Lacoche, formateur et secouriste, qui témoigne de son expérience. « Cela m’est déjà arrivé d’aider quelqu’un qui m’a dit clairement qu’il en avait marre de la vie et qu’il souhaitait prendre des substances pour en finir. Les apprentissages nous aident à oser poser cette question sur les pensées suicidaires et d’aider si besoin. »

Une formation complète, et pour tous

La formation dure 14 heures et est ouverte à tous les adultes. Le secouriste y apprend comment détecter les premiers signes d’un problème psychique chez un individu : il peut être anxieux, il ne mange plus à la cantine, il ne fait plus de sport, il a du retard dans son boulot, il a des troubles de l’humeur… Le secouriste apprend à appliquer un plan d’action nommé AERER pour savoir comment se comporter de façon adaptée pour que la personne le perçoive bien comme quelqu’un qui veut l’aider. Ce plan se résume en 5 piliers : Approcher, Écouter, Réconforter, Encourager et Renseigner. « On apprend à ne pas stigmatiser les personnes souffrantes, à utiliser le bon vocabulaire. On nous enseigne ensuite les bases de l’assistance à autrui avec le plan AERER », détaille Maxime Lacoche.

Carla Chabanol, étudiante en psychologie formée PSSM, raconte comment elle a appliqué ce plan d’action dans une situation du quotidien. « En plein cours, une de mes camarades s’est levée en pleurs et a quitté la salle. Comme je venais de terminer ma formation, je suis partie la voir et j’ai appliqué le plan d’action nécessaire. Je lui ai notifié que j’étais là pour elle et prête à l’écouter. Après un temps de silence, elle s’est ouverte à moi. On a discuté, puis quand ses pleurs ont cessé, je lui ai conseillé de se diriger vers le soin et d’en parler à un professionnel de santé. Elle m’a beaucoup remercié d’avoir pris du temps pour elle. »

Mais contrairement aux premiers secours « classiques », tout n’est pas réglé en une fois. La temporalité n’est pas la même. Le secouriste en santé mentale doit bien souvent revenir plusieurs fois vers la personne qui rencontre des problèmes pour la convaincre d’aller vers le soin : son action peut prendre fin quand l’accès aux soins est effectif. Muriel Vidalenc insiste sur un point : « les secouristes formés ne sont pas des professionnels de santé, ils ne diagnostiquent pas, ils accompagnent vers le professionnel. »

Pour le moment, PSSM propose deux types de formation, PSSM standard qui s’adresse au grand public dans une démarche citoyenne, et PSSM Jeunes qui s’adresse aux adultes vivant ou travaillant avec des jeunes de 11 à 25 ans. En 2024, PSSM Ados viendra compléter l’offre et sera destiné aux collégiens et lycéens souhaitant intervenir auprès de leur entourage (camarade de classe, amis, famille…).

Comment trouver une formation ?

Il suffit de se rendre sur le site des Premiers secours en santé mentale. Et sur la page d’accueil, cliquer sur l’onglet « Trouver une formation », pour voir le calendrier et les lieux de formation. Si la personne est intéressée, elle se met en lien avec l’organisme indiqué en contact. L’association recommande un tarif de 250 € par participant. PSSM a aussi lancé son fonds solidaire en janvier 2023. Il permet, sous conditions d’éligibilité, de financer l’essentiel du coût de la formation.

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