Dengue et chikungunya : le risque s’installe dans l’Hexagone

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Par Delphine Delarue (Anpm)

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Aedes © ThinkstockPhotos

Le moustique tigre, vecteur des virus du chikungunya et de la dengue chez l’homme, est désormais implanté dans vingt départements en France métropolitaine.

Alors qu’elles ne touchaient jusqu’à présent que les populations les plus démunies d’Amérique latine, d’Asie et d’Afrique, les maladies vectorielles transmises par le moustique tigre (Aedes albopictus) concernent désormais aussi les Européens. En 2014, en France métropolitaine, 489 cas de chikungunya et 201 cas de dengue ont fait l’objet d’une déclaration obligatoire aux autorités sanitaires. « Ces deux pathologies ne cessent de s’étendre à travers le monde, constate Anna-Bella Failloux, responsable de l’unité de recherche « Arbovirus et insectes vecteurs » à l’Institut Pasteur.

Le phénomène est lié à l’extension de l’implantation de Aedes albopictus dans plusieurs régions et notamment dans les zones où les températures augmentent en raison du réchauffement climatique. » C’est le cas en France métropolitaine : selon de récentes données de l’Institut de veille sanitaire (INVS), le moustique tigre, repéré pour la première fois dans les Alpes-Maritimes en 2004, est aujourd’hui installé dans vingt départements.

 

Transmission locale avérée

Si les cas importés de pays où sévissent des épidémies demeurent majoritaires, le risque de transmission dans l’Hexagone est désormais bien avéré : en 2014, quatre cas autochtones de dengue et un foyer de chikungunya (onze cas confirmés) ont été détectés respectivement en Provence-Alpes-Côte d’Azur (Paca) et à Montpellier. « Ces cas concernent des personnes qui ne sont pas parties à l’étranger et qui se sont fait piquer par un moustique infecté lors d’un de ses repas de sang sur un voyageur malade, précise Anna-Bella Failloux. La combinaison du changement climatique et de l’intensification des échanges va faire que ce type de cas risque de se multiplier et de progresser vers le nord. »

Dans la majorité des cas, le chikungunya ne met pas en jeu le pronostic vital, bien qu’il soit plus problématique chez les patients déjà fragiles. Ses symptômes se caractérisent par l’apparition brutale d’une forte fièvre (supérieure à 38,5 °C), des douleurs et des gonflements articulaires, accompagnés parfois d’éruptions cutanées. La maladie peut évoluer vers des formes chroniques, avec persistance des douleurs articulaires pendant plusieurs mois.

En revanche, la dengue, notamment dans sa forme hémorragique, peut être bien plus grave, même chez des malades au départ bien portants. Lorsqu’elle se complique, ses symptômes initiaux (forte fièvre, céphalées, douleurs articulaires et musculaires, asthénie, lombalgie) deviennent particulièrement violents : vomissements, maux de ventre, saignements muqueux, léthargie ou agitation. « Actuellement, il n’existe aucun traitement antiviral pour ces maladies, ajoute la responsable de l’unité de recherche. On gère uniquement les symptômes avec du paracétamol, en veillant bien à l’hydratation du patient. »

 

Nettoyer son jardin et son balcon

Afin de protéger la population, les autorités sanitaires ont mis en place en 2006 un plan national anti-dissémination pour la métropole, réactivé chaque année pendant la période d’activité du moustique (de mai à novembre). Ce plan associe un dispositif de surveillance humaine à des mesures locales de démoustication.

« Chacun peut agir à son niveau : par exemple, en nettoyant régulièrement son jardin ou son balcon pour éliminer les gîtes larvaires possibles, c’est-à-dire les petits contenants d’eau tels que les pots de fleurs, les vases, une gouttière bouchée, une brouette que l’on n’a pas retournée, un pneu usagé… » Dans l’idéal, les fenêtres et les lits doivent être équipés d’une moustiquaire. L’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (INPES) conseille également de porter des vêtements amples et longs, notamment à la tombée de la nuit et à l’aube, et d’utiliser des répulsifs, essentiellement sur les parties découvertes.

Attention aux doses appliquées sur les enfants et les femmes enceintes : lisez bien la notice de ces produits, car ils contiennent des substances qui peuvent être toxiques.

 

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Par Delphine Delarue (Anpm)

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