Dépigmentation artificielle de la peau : attention danger !

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Par Isabelle Blin

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© Rawpixel / Getty

Certaines personnes d’origine africaine ou asiatique, des femmes surtout (mais aussi de plus en plus d’hommes), désireuses d’éclaircir leur peau, vont parfois jusqu’à mettre leur santé en danger. Conseils de prudence.

La coloration de l’épiderme (couche superficielle de la peau) est génétique. Elle est due à la présence, plus ou moins importante, de mélanine, un pigment synthétisé par des cellules appelées mélanocytes. Plus nous produisons de mélanine, plus notre peau est pigmentée, donc foncée. Or, certains produits permettent de diminuer l’activité des mélanocytes et donc d’éclaircir la couleur de la peau.

En vente libre dans de petites boutiques ou sur internet, ces « produits cosmétiques » sont pourtant loin d’être anodins. Ils renferment en effet des substances agressives, interdites en dehors d’un usage purement médical. « Ils sont d’autant plus dangereux qu’ils sont en général appliqués sur tout le corps, une ou plusieurs fois par jour, le plus souvent durant des années », observe le Dr Antoine Mahé, dermatologue, membre du Groupe Thématique Peau Noire de la Société Française de Dermatologie. En effet, lorsqu’on cesse de les appliquer, la peau fonce à nouveau, ce qui incite à les utiliser en continu sur de très longues périodes, avec un risque accru d’effets indésirables (boutons, taches, vergetures, hyperpilosité…) souvent définitifs.

 

Trois types de produits au banc des accusés

Qu’ils soient vendus sous forme de crèmes, de gels, de laits corporels ou de savons, il existe essentiellement trois types de produits éclaircissants ou dépigmentants. Les premiers sont à base d’hydroquinone (et de méquinol). Un composé dérivé du phénol fréquemment utilisé en dermatologie par exemple pour atténuer un masque de grossesse. Cette molécule ne passe pas dans le sang, mais l’utilisation régulière de ce type de produits entraîne des taches foncées disgracieuses irréversibles.

Viennent ensuite les produits à base de corticoïdes locaux (béthaméthasone, clobétasol…). « Ils fragilisent la peau, provoquent l’apparition de vergetures et favorisent les mycoses en affaiblissant le système immunitaire. Très puissants, ils passent dans la circulation sanguine et peuvent parfois entraîner un diabète ou une hypertension. »

Enfin, les produits à base de mercure (essentiellement dans les savons) sont heureusement de plus en plus rares, bien que toujours commercialisés. Ils peuvent provoquer des irritations, des allergies cutanées et favoriser des maladies rénales irréversibles, en passant dans la circulation sanguine.

 

Prudence !

Tous ces effets indésirables sont bien connus. D’ailleurs, depuis plus de 15 ans, l’utilisation d’hydroquinone, de dermocorticoïdes et du mercure et de ses composés est formellement interdite dans les cosmétiques en Europe.* Et pourtant, on en trouve encore au moins une dizaine de marques en vente de fait quasiment « libre » (alors qu’ils sont illégaux). Certaines associations se mobilisent pour informer sur le danger de ces produits d’éclaircissement de la peau. Elles rappellent qu’il est recommandé de ne jamais acheter de produits vendus à la sauvette, dont l’étiquetage ne mentionne pas le détail de leur composition ou/et n’est pas libellé en français, même s’il s’agit de produits importés.

« Il est préférable de toujours consulter un dermatologue avant d’acheter un éclaircissant pour la peau. Mais ce n’est pas en jugeant ces personnes ni en leur déclarant que ce comportement est quelque peu ridicule qu’on va les aider, regrette le Dr Mahé. Alors que dans nos sociétés occidentales, il est de bon ton d’être bronzé, dans les pays africains ou asiatiques, la mode est au contraire à une peau claire. » Il est cependant indispensable de leur rappeler que ces produits comportent certains dangers, et que notamment ils doivent être formellement évités durant la grossesse. En effet, les corticoïdes locaux à forte dose peuvent avoir des répercussions sur le fœtus et provoquer par exemple un retard de développement du futur bébé.

* Réglementation européenne 76/768/CEE et 84/415/CEE.

 

Pour en savoir plus

Le point sur la sécurité les produits cosmétiques et des risques liés à la dépigmentation volontaire, par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé.

Une mise en garde de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé sur les risques liés à la pratique de dépigmentation volontaire de la peau.

La liste des produits éclaircissants de la peau non conformes et dangereux identifiés en France, publiée par l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (16/11/2011).

Les conseils des associations :

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