Maladies et traitements
Dépistage des cancers : principes et limites
Publié le
Par Émilie Gillet
Temps de lecture estimé 4 minute(s)
Le but du dépistage est de détecter un cancer avant même qu’il se manifeste de façon clinique (douleur, masse anormale, trouble de fonctionnement de l’organe…). Il permet d’identifier les personnes pour qui des examens complémentaires sont nécessaires et de dresser un diagnostic. Car, en général, plus un cancer est pris en charge tôt, meilleures sont les chances de guérison.
La fiabilité des tests
Quelle que soit la technique, il n’existe aucun test de dépistage performant à 100 %. Il y a de faux positifs, c’est-à-dire un test positif alors que des examens complémentaires concluront à l’absence de tumeur. Il y a aussi de faux négatifs, lorsque le test ne détecte pas le cancer ou la lésion précancéreuse. Un bon test de dépistage est celui qui a les plus faibles taux de faux négatifs et de faux positifs.
Les avantages du dépistage
De nombreux critères sont utilisés pour évaluer si un test de dépistage a un intérêt pour la santé publique, le principal est son impact sur la diminution du nombre de décès lié à un cancer donné. Dans certains cas, lorsqu’il détecte des lésions précancéreuses, comme c’est le cas pour le colon et le col de l’utérus, il peut permettre de diminuer le nombre même de ces cancers. Et comme il est proposé à un très grand nombre de personnes, il est indispensable qu’il ne soit pas nocif.
À titre individuel, le dépistage présente un avantage majeur pour un nombre restreint de personnes : celles chez qui un cancer a été détecté et qui n’auraient pu être guéries si la lésion n’avait pas été découverte. Le nombre de bénéficiaires est réduit par rapport au nombre total de personnes testées. Mais pour chacun d’entre eux, le bénéfice est considérable.
Mais quels sont les inconvénients du dépistage ?
Il existe cependant des inconvénients :
- les faux négatifs
S’il évolue lentement, il est possible que le cancer soit détecté lors d’un prochain dépistage sans que la personne n’ait à souffrir de ce retard. S’il s’agit d’une forme de cancer agressive, des signes cliniques apparaîtront dans l’intervalle et amèneront normalement la personne à consulter, à condition toutefois que le résultat négatif du test ne l’ait pas faussement rassurée ; - les faux positifs
Ils peuvent conduire à la réalisation d’examens complémentaires inutiles et coûteux et qui peuvent être angoissants pour la personne concernée. Même si le résultat final est rassurant ; - le sur-diagnostic
Dans certains cas, le dépistage conduit au diagnostic, et donc au traitement, de lésions considérées comme cancéreuses, alors qu’elles n’auraient pas évolué comme telles, ou n’auraient pas eu d’impact sur la santé de la personne, voire auraient guéri spontanément. Il en résulte une expérience inquiétante pour la personne, et éventuellement des effets secondaires liés aux traitements. Ce problème de sur-diagnostic est plus ou moins important selon les techniques de dépistage et les cancers concernés mais il est difficilement évitable. Actuellement, il n’existe quasiment pas d’indices permettant de savoir à l’avance comment une lésion cancéreuse évoluera. L'ensemble des cancers diagnostiqués fait donc l'objet d’une surveillance ou d'un traitement.
Programme organisé
Lorsque les avantages d’un dépistage, en terme de réduction du nombre de cas de cancers ou de décès liés, sont supérieurs aux inconvénients (sur-diagnostic, sensibilité et/ou spécificité insuffisante), des programmes de dépistage organisé sont mis en place.
En France, ils concernent le cancer du sein et le cancer colorectal et sont entièrement pris en charge par l’Assurance maladie. Ils s’adressent à une population bien précise (âge, sexe). Et ils répondent à des exigences d’organisation et de qualité régulièrement évaluées.
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