D’Sybel : un kit pédagogique pour parler d’audition à l’école

Publié le

Par Émilie Gilmer

Temps de lecture estimé 5 minute(s)

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© DR Fondation Pour l’Audition

Créé par la Fondation Pour l’Audition, D’Sybel est un programme destiné aux écoles et aux enseignants. L’objectif : sensibiliser les élèves à l’importance de préserver leur capital auditif.

Avec la généralisation des téléphones mobiles, l’accès à la musique et à la vidéo est grandement facilité. On observe de ce fait une augmentation des pratiques à risque en matière d’audition chez les jeunes. Selon l’OMS, 50 % d’entre eux (entre 12 et 35 ans) seraient exposés à des niveaux sonores trop élevés.

Face à ce constat, et parce que la prévention doit commencer le plus tôt possible, la Fondation Pour l’Audition a décidé de s’adresser aux enfants dès l’âge de 6 ans. L’objectif : les aider à comprendre l’importance de préserver leur capital auditif. « Les pratiques des jeunes en matière d’audition sont aujourd’hui complètement différentes de celles de leurs aînés, remarque Denis Le Squer, directeur général de la Fondation Pour l'Audition. Certains, par exemple, dorment avec un casque audio sur les oreilles et écoutent la musique à des niveaux beaucoup trop élevés. Or, au-delà de 85 décibels, le son peut avoir des conséquences irréversibles sur l'audition en cas d’écoute prolongée. En effet, les 3 500 cellules sensorielles dont nous disposons dans chaque oreille ne se régénèrent pas lorsqu’elles sont atteintes. »

L’OMS estime qu’en 2050 une personne sur quatre sera concernée par une déficience auditive. « Cette projection est en partie liée à ces pratiques, car la plupart des jeunes n’ont pas conscience que leur exposition au bruit est excessive », précise l’expert.

À qui est destiné le programme D’Sybel ?

Il s’adresse aux professeurs des écoles, afin de leur permettre d’aborder le sujet de l’audition et de la surdité avec leurs élèves. Adapté aux enfants de 6 à 10 ans, soit du CP au CM2, il décode le fonctionnement de l’oreille et celui des sons, explique comment se protéger du bruit et décrypte ce qu’il se passe quand on n’entend pas ou mal.

« L’idée de ce programme est de sensibiliser les élèves, comme on peut le faire sur d’autres sujets – la protection de l’environnement par exemple – pour qu’ils soient conscients de l’importance et de la fragilité de leur capital auditif », indique Denis Le Squer. 600 téléchargements des ressources en ligne ont été enregistrés depuis le lancement du programme en 2020 et 152 kits ont été envoyés sur la période 2020-2021.

Une démarche d’autant plus intéressante qu’elle dépasse généralement le cadre de l’école. En effet, les enfants ont tendance à relayer l’information auprès de leurs parents et grands-parents.

Que contient le programme D’Sybel ?

Il s’agit d’un kit pédagogique gratuit à commander sur www.dsybel.fr/kit-pedagogique. Il a été conçu par des professionnels de l’audition en lien avec des enseignants et comprend quatre dossiers pédagogiques, qui proposent des activités clés en main et des éventails « questions-réponses » pour aider les élèves à tester leurs connaissances. Il contient également un « afficheur sonore » à disposer dans la classe. En temps réel, une mascotte change de couleur en fonction de l’intensité du niveau sonore. De quoi favoriser une prise de conscience de la part des élèves.

« Tous les contenus, à l’exception du sonomètre qui peut être téléchargé via une application mobile, seront en accès libre en ligne en 2022 », précise Denis Le Squer, directeur général de la Fondation Pour l'Audition

Pourquoi est-il important de parler d’audition aux enfants ?

« À l’occasion d’actions d’éducation à la santé menées dans les collèges et les lycées, on observe qu’un élève de 6e écoute de la musique à un volume raisonnable, remarque Marc Greco, directeur technique audition chez Écouter Voir et président du SYNAM (Syndicat national de l’audition mutualiste). En revanche, dès la classe de 4e et l’entrée dans l’adolescence – qui se caractérise par un besoin de transgresser les règles et de repousser les limites – on observe que l’élève a tendance à augmenter le son. Autrement dit, l’attrait pour un volume sonore élevé a d’abord une explication culturelle : on adopte les mêmes pratiques que le groupe auquel on s’identifie et auquel on veut appartenir. »

D’où l’importance de transmettre très tôt (dès l’enfance), et le plus largement possible, des repères simples : ne pas dépasser 8 heures d’exposition à 80 décibels (l’équivalent d’une rue à fort trafic*), 15 minutes à 95 décibels (des aboiements*) et 4 minutes à 101 décibels (un marteau-piqueur à 2 mètres*).

Existe-t-il un programme similaire pour les plus grands ?

La Fondation Pour l’Audition entend déployer le programme D’Sybel, dans les lycées, via des partenariats locaux avec des collectivités.

Elle développe par ailleurs depuis 2019 un autre concept auprès des festivals de musique et de leurs festivaliers : un espace de repos sonore baptisé RelaxSon. Testé en juillet 2021 au festival Chorus, dans les Hauts-de-Seine, il permet d’accueillir jusqu'à six personnes simultanément, installées dans des balançoires et équipées d'un casque audio antibruit. « L’objectif est notamment de faire de la pédagogie, c’est-à-dire d’expliquer au public les risques liés aux bruits et aux sons amplifiés. Et de rappeler pourquoi il est important de s’éloigner du son de temps en temps, pas seulement dans le cadre d’un festival, mais aussi dans la vie de tous les jours », note Denis Le Squer.

En mars 2021, une campagne de sensibilisation a par ailleurs été lancée via un spot TV baptisé « Écoute-bien, et dépasse par les 80 ! ». Un film diffusé également sur les réseaux sociaux et ciblant spécifiquement un public jeune. « Nous allons désormais le décliner dans la presse et les transports collectifs, précise Denis Le Squer. Toujours dans le but d’amplifier la prévention. »

* Source : www.bruitparif.fr/l-echelle-des-decibels

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