Le titre, « J’aime pas courir » est volontairement provocateur reconnaît Bernadette de Gasquet. « Je suis affolée de voir à quel point les gens se jettent dans la course et s’abîment. En particulier les jeunes femmes ». Et de déplorer l’absence de consignes et le manque de précautions. « Le running est vendu comme une pensée unique, un must. Alors que d’autres sports peuvent être pratiqués avec des résultats aussi intéressants, surtout à long terme ».
Les méfaits de la course nous concernent tous, sportifs de haut niveau ou joggeurs du dimanche. Chez les premiers, quel que soit le sport de référence, l’entraînement rime avec course à pied et abdos. Chez les seconds, le manque d’information peut être préjudiciable. « Le résultat, ce sont des dégâts importants du côté des genoux, des hanches, du dos et du talon d’Achille. Et au niveau du bassin chez les femmes ». Bernadette de Gasquet souligne alors l’incidence des cycles menstruels : « En phase lutéale*, les ligaments sont plus lâches et des articulations, comme les sacro-iliaques, plus fragiles. Les organes suspendus, comme l’utérus ou la vessie, sont très secoués. Cela peut provoquer des fuites urinaires, précipiter une descente d’organe. À ce stade, c’est irréversible à moins d’une opération chirurgicale », prévient-elle.
Pour la généraliste, la prudence serait de faire un bilan médical, auprès d’un podologue, un posturologue ou un médecin du sport. Plus un bilan périnéal pour les femmes.
L’autre option est de choisir un sport plus doux, dont la pratique porte moins à conséquences, empreint d’une « mobilité bienfaisante ». Bernadette de Gasquet a passé en revue de nombreuses disciplines, à partir des critères toujours avancés à propos de la course à pied.
Sur le critère du prix par exemple, le yoga apparaît encore moins cher que le running, car un tapis est moins onéreux qu’une paire de baskets. Idem pour la gymnastique, le Gi-gong ou encore le Pilates. La marche permet de mieux se placer, de poser ses appuis, et présente de surcroît un intérêt convivial, sociétal. Mais qui, en cette période de confinement, se pratique solo et peut-être un peu en rond, en respectant les gestes barrières et les consignes de déplacement.
Pour se défouler davantage et à l’abri, il y a la danse ! « Dès que l’on met de la musique, les adultes (comme les enfants d’ailleurs) ressentent l’envie de bouger. On peut s’y prêter sans être bon danseur. Mais aussi exécuter des pas et figures très techniques, avec des impacts mieux gérés que lors de la course ».
Le yoga emporte évidemment sa préférence. Il permet de « travailler sur tout le corps, conjuguer équilibre, lenteur, concentration et bienfaits pour de nombreuses parties du corps, notamment les fascias** ». Pour renforcer les quadriceps (muscles de la cuisse), beaucoup de possibilités s’offrent également aux sportifs et moins sportifs, réparties dans les différentes pratiques recensées.
Sa liste compte aussi le hula hoop, l’aquagym – à réserver pour les temps d’après confinement. Surtout, l’ouvrage est parsemé de croquis indiquant les exercices, mouvements et positions, réalisés d’après des photos, donc très précis.
« Tout est question de bon sens », résume l’auteure de « J’aime pas courir ». Jusque dans les tâches et activités de la vie quotidienne (évoquées dans le 10e et dernier chapitre du livre), il est possible de travailler les postures et le gainage ». Le gainage justement, sera le sujet de son prochain livre.
* Seconde partie du cycle, qui démarre après l’ovulation
** Tissus qui enveloppent muscles, nerfs, os ou vaisseaux sanguins