Le rotavirus constitue la cause majoritaire des diarrhées chez les nourrissons. C’est un virus qui sévit par épidémies annuelles, « qui habituellement surviennent entre janvier et mars », explique le Pr Daniel Floret, vice-président de la commission technique des vaccinations de la Haute Autorité de santé (HAS).
Le danger est que les diarrhées peuvent mener à une déshydratation du bébé. Il faut alors le réhydrater, ce qui normalement se fait par voie orale, par administration d’un soluté. Mais, précise le Pr Floret, « de temps en temps il y a des vomissements importants qui ne le permettent pas ». Cela peut conduire à une hospitalisation pour réhydratation par voie veineuse et, dans de très rares cas, au décès.
« A l’âge de 2 ans, à peu près tous les enfants ont été en contact avec le rotavirus. Mais avec des conséquences très diverses », déclare Daniel Floret. Certains n’ont presque rien, d’autres ont une petite diarrhée, et il y en a qui ont une diarrhée importante. C’est lorsque la première infection survient dans les premiers mois de la vie qu’il y a le plus de risques de forme très symptomatique.
« Ce vaccin se fait entre 6 et 24 semaines. Son rapport coût/bénéfice est un peu discutable », explique le Pr Floret. Les vaccins vendus dans le pays sont assez chers (environ 45 euros pour l’un et 60 euros pour l’autre) et ne sont pas remboursés par l’Assurance maladie puisque non recommandés en France. Mais certaines complémentaires santé les prennent en charge.
Deux vaccins ont une autorisation de mise sur le marché en France. Cette vaccination était recommandée en 2014 et 2015. Durant cette période, « les pédiatres étaient très motivés pour la pratiquer, puisque ce sont eux qui voient les déshydratations par gastro-entérite », souligne Daniel Floret. Mais cette vaccination n’est plus recommandée par le Haut Conseil de la santé publique. Le vaccin a en effet suscité la polémique car il peut entraîner, rarement, des invaginations. Il s’agit d’obstructions intestinales faisant risquer une nécrose et pouvant entraîner la mort en l’absence d’une prise en charge adaptée et précoce. Dans la quasi-totalité des pays voisins, ce vaccin est recommandé pour les bébés. En France, « sa non-recommandation devra être réexaminée », estime le vice-président de la commission technique des vaccinations de la HAS.
Fin juillet, l’Académie nationale de médecine invitait à vacciner les nourrissons contre le rotavirus, afin d’éviter une épidémie concomitante à une vague de Covid. Daniel Floret, lui, explique qu’il n’y a pas de recommandation officielle de pratiquer ce vaccin plus que d’habitude. « Le coronavirus touche peu les nourrissons à l’âge où se pose la problématique de la gastro-entérite à rotavirus. Il n’y a donc pas de surcharge des services de pédiatrie due au Covid dans les hôpitaux. En plus, il est probable que du fait des mesures barrières on n’ait pas une épidémie dramatique de rotavirus cette année. »