La gueule de bois : comment l’éviter ? comment la traiter ?

Publié le

Par Peggy Cardin-Changizi

Temps de lecture estimé 4 minute(s)

Illustration
© Getty images

Maux de tête, fatigue, nausées, somnolence, bouche très sèche et grande soif… autant de symptômes désagréables qui peuvent survenir au lendemain d’une soirée trop arrosée en alcool. C’est la fameuse gueule de bois ! A priori bénin, le phénomène peut malgré tout avoir de lourdes conséquences, notamment au niveau du foie. Le point avec Mickael Naassila, président de la Société Française d’alcoologie.

Le pot de départ d’une collègue, un mariage, une naissance, une réussite aux examens…, nombreuses sont les occasions qui peuvent aboutir à une soirée trop arrosée. Si certaines études ont révélé des effets subjectifs ressentis à la prise d’alcool (euphorisant, désinhibant, …), le problème, c’est souvent le lendemain, lorsque l’alcoolémie est redescendue à zéro. C’est la fameuse gueule de bois, expression populaire qui fait référence à la sécheresse de la bouche après que l'on a trop bu. « Il faut la dissocier de l’intoxication qui survient de quelques minutes jusqu’à 9h après la prise d’alcool, détaille Mickael Naassila, Professeur à l'université de Picardie et président de la Société Française d’Alcoologie. La gueule de bois arrive environ 10 heures après les excès d’alcool, éventuellement en post-intoxication, et dure rarement plus d'une journée ».

Des symptômes caractéristiques

Les symptômes ne trompent pas. Maux de tête (l’impression que les cheveux poussent à l’intérieur du crâne), fatigue, somnolence, nausées et parfois vomissements, mais aussi atteintes neurocognitives. « Selon leur résistance à l’alcool, certaines personnes peuvent présenter des troubles de la fonction exécutive (mémoire, attention, réflexe…), ce qui peut créer indirectement des accidents ou de l’absentéisme au travail ». Une hypoglycémie (taux de sucre bas) peut aussi être constatée.

Attention à la déshydratation

Autre symptôme caractéristique de la gueule de bois : la déshydratation. « On peut dire que l’alcool apporte une action diurétique, poursuit le spécialiste. D’où la sensation, après des excès d’alcool, d’une bouche très sèche et d’une grande soif ».
Cette déshydratation évolue également en fonction de l’âge. « On va davantage ressentir ce symptôme avec les années. En effet, en vieillissant, on a tendance à prendre du poids, ce qui va diminuer le volume d’eau contenu dans notre corps et amener plus vite la personne à un état de déshydratation ». A noter également que la déshydratation peut avoir des conséquences sur la chronobiologie, et plus particulièrement au niveau du sommeil.

Le foie en première ligne

Une fois l’alcool ingéré, il passe rapidement dans le sang par le biais de l’intestin. Il se diffuse ensuite dans tous les tissus contenant de l’eau jusque dans le cerveau. « Le foie joue un grand rôle dans l’élimination de l’alcool, à hauteur de 95 %, selon le profil et la capacité de résistance à l’alcool des personnes, confirme Mickael Naassila. Le reste étant éliminé par les reins (urine), la peau (sueur), la salive et les poumons (expiration). Plus le taux d’alcool est important dans l’organisme, plus le foie rencontre des difficultés pour l’évacuer. Ces opérations d'oxydation de l'alcool s'accompagnent également d'une augmentation importante de la production de radicaux libres (nitrites, nitrates…). Ceux-ci sont à l’origine d’un stress oxydatif responsable de lésions du foie principalement mais aussi de l'estomac et du système nerveux central ».

Du repos et de l’eau pour soigner la gueule de bois

Il n’existe pas de traitement miracle pour se remettre d’une gueule de bois. « Il faut tout d’abord bien se réhydrater, en prenant par exemple des boissons énergétiques ou énergisantes (Gatorade, Isostar, Powerade…), conseille Mickael Naassila. Et penser à manger un peu, idéalement des fruits et des légumes cuits. Le repos est également essentiel ». Des vitamines (C par exemple), des anti-oxydants (zinc, manganèse, magnésium, curcuma…) ou des probiotiques (généralement à base d’une souche de Bacillus subtilis) vendus en pharmacie, parapharmacie ou magasins bio, peuvent aussi apporter un bénéfice. « En revanche, on évite la prise de paracétamol qui risquerait de charger le foie, déjà bien fatigué par l’alcool ». Les maux de tête peuvent être soulagés avec de l’ibuprofène.

Manger avant de prendre de l’alcool

« On peut éviter la gueule de bois en limitant sa consommation d’alcool ! On peut aussi alterner un verre d’eau et un verre d’alcool, boire lentement et ne pas oublier de manger, voire de picorer, quand on commence à prendre un verre d’alcool à l’apéritif, permettant à l’alcoolémie de monter moins vite ». La prévention est aussi essentielle. « Chez certaines personnes, la première gueule de bois les vaccine à vie contre les excès. Mais pour d’autres, notamment les jeunes âgés de 15 à 25 ans, c’est le contraire », reconnait le spécialiste. C’est le phénomène du « binge drinking », traduit en français par « alcoolisation ponctuelle importante » (API). « Cet état d’ivresse augmente les risques de dépendance ultérieure, de troubles cognitifs et l'apparition de troubles psychiatriques ». Plusieurs lieux de prise en charge et outils (comme le site Jeunes alcool info service) sont à disposition pour une aide adaptée.

Par Peggy Cardin-Changizi

Commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.
Tous les champs sont obligatoires.

Ce site utilise un système anti- spams pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Cette question sert à vérifier si vous êtes un visiteur humain ou non afin d'éviter les soumissions de pourriel (spam) automatisées.

A découvrir