Après une « micro-adaptation » le 1er janvier 2020*, les taxes sur les produits du tabac vont connaître une nouvelle augmentation significative le 1er mars. Conséquence : les cigarettiers vont la répercuter sur les prix des paquets de cigarettes et de tabac à rouler en vente chez les buralistes français.
Pour tenter d’infléchir la courbe du nombre de décès et de pathologies directement dues au tabac, les gouvernements successifs ont mis en place différentes politiques de santé publique et de lutte contre le tabagisme depuis l’an 2000.
« Toutes les initiatives sont intéressantes et complémentaires les unes des autres. Mais, de toutes les mesures, c’est sans conteste l’augmentation du prix du tabac qui est la plus efficace. L’augmentation ! Et pas uniquement le prix… insiste le Pr Bertrand Dautzenberg, pneumologue, tabacologue et président de « Paris sans tabac ». Une hausse importante crée en effet une sorte d’électrochoc. Et c’est un facteur essentiel pour inciter les gens à arrêter de fumer. »
*Arrêté ministériel paru au Journal Officiel du 8 décembre 2019.
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On se souvient des premières hausses de prix importantes entre 2002 et 2004 où le prix moyen du paquet de cigarettes a évolué de 3,60 € à 5 €. Puis plus récemment de 7 € à 9 € entre 2016 et 2020*. Idem pour le tabac à rouler (paquet de 30 grammes) qui est passé de 9,85 € à 14,03 € entre 2016 et 2018*, alors qu’il avait été relativement épargné jusqu’ici. « Ce qui avait malheureusement incité nombre de fumeurs à se détourner des cigarettes au profit du tabac à rouler », rappelle le Pr Dautzenberg.
C’est désormais terminé puisqu’en 2018 la tendance à la baisse des ventes officielles de tabac, observée depuis 2016, s’est non seulement confirmée mais accentuée. Les ventes de cigarettes ont ainsi reculé de 9 % et celles du tabac à rouler de 10 %. Un baromètre de Santé publique France a par ailleurs confirmé une baisse de 1,6 million du nombre de fumeurs entre 2016 et 2018.
*Rapport annuel de l’observatoire français des drogues et toxicomanies (OFDT) en 2019.
À côté de cet argument financier, les mesures favorisant le sevrage tabagique ont toute leur place, notamment la prise en charge des traitements par substituts nicotiniques (patch, gomme, pastille…). Depuis le 1er janvier 2019, exit le forfait annuel de 150 euros versé par l’Assurance maladie. Désormais, chacun de ces traitements est remboursé à 65 % par l’Assurance maladie sur prescription et sans plafonnement annuel de remboursement. « Cela réduit les inégalités sociales et permet aux plus précaires de pouvoir, eux aussi, arrêter de fumer », se réjouit le Pr Dautzenberg.
Les différentes campagnes d’information ont également un impact. On a par exemple observé qu’arrêter le tabac lors de l’opération « Mois sans tabac » multiplie par deux la réussite du sevrage tabagique à un an, par rapport aux taux de succès observés dans la littérature pour des tentatives d’arrêt sans aide extérieure.
Dans l’espoir de convaincre les plus réticents d’arrêter de fumer, une nouvelle hausse significative des taxes sur le tabac est déjà prévue pour novembre prochain. L’objectif est clairement annoncé par le gouvernement : atteindre la barre symbolique des 10 euros en moyenne pour un paquet de 20 cigarettes d’ici fin 2020, dans l’Hexagone (la Corse et les DROM-COM ont des taxes moins importantes).