Existe-t-il des « hormones du bonheur » ?

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Par Angélica Tarnowska

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© Steve Debenport / Getty

« Qu’est-ce qu’on attend pour être heureux ? » swinguait la chanson. Les neurosciences viennent à notre rescousse. Elles ont identifié les hormones du bonheur et le fait qu’on puisse les stimuler soi-même, par une alimentation adéquate et par une hygiène de vie… et d’esprit. Mode d'emploi.

Le bonheur n'est donc pas seulement dans le pré, il est surtout dans la tête. Depuis les années 1970, l’investigation biologique et l'imagerie cérébrale décryptent cet état de grâce, identifient ces fameuses hormones et s'invitent dans un débat jusqu'alors réservé aux philosophes et aux poètes, et plus récemment aux psychologues.

« La particularité de ces hormones du bien-être, souligne le psychiatre et addictologue Michel Lejoyeux, est qu’elles sont à notre portée, contrairement aux autres. On peut, par son comportement et son hygiène de vie, stimuler sa propre production de sérotonine (hormone de la bonne humeur), d’endorphine (sorte de morphine naturelle) et d’ocytocine (hormone de l’attachement et de la sécurité intérieure). »

Comment stimuler vos hormones du bonheur ?

Une étude de l’Université McGill, publiée en 2011 dans Nature Neuroscience, montre ainsi combien la musique stimule la production de dopamine, qui entraîne une forte sensation de bien-être. La lumière du jour, via l’hypothalamus, augmente la sérotonine. « Elle est d’autant plus stimulante qu’on la reçoit tôt le matin », signale le Pr Lejoyeux*.

Les adeptes de la grasse matinée trouveront le mode d’emploi de leur reconversion dans le best-seller Le Miracle du matin** d’Hal Elrod, qui fait se lever aux aurores des milliers de lève-tôt pour une séance de yoga ou de jogging. Rien de tel en effet que l’exercice quotidien pour stimuler votre bonne humeur. Six minutes de marche rapide par jour (soit 653 mètres) permettent d’augmenter de 30 % nos endorphines et de diminuer d’autant les émotions négatives, en particulier le cortisol, hormone du stress.

Autre carburant : les glucides, aliments du sourire si vous adoptez pour la version saine et à haute teneur en fibres, comme le pain à grains entiers ou le quinoa.

* Le Pr Lejoyeux est l’auteur de « Les quatre saisons de la bonne humeur », Éditions Poche.
** « Le miracle du matin », Éditions First.

Découvrir, admirer et rire

Quant à la dopamine (hormone de la motivation, du plaisir), rien de mieux pour la réveiller que de sortir de votre zone de confort et d’explorer des territoires inconnus. C’est ce que l’on nomme « l’effet Coolidge », la stimulation par la nouveauté, merveilleux dopant de la bonne humeur. Nouveau loisir, nouveau pays ? À vous de choisir. Autre vitamine : le Beau. L’art stimule ainsi les deux hémisphères cérébraux, le cerveau gauche, celui de la rationalité, et le cerveau droit, celui des émotions, ce qui nous procure un véritable bien-être. « Lâcher prise quelques minutes par jour face à un tableau par exemple fait chuter l’adrénaline et stimule la croissance de vos neurones », rappelle le Pr Lejoyeux.

Enfin, dès les années 1980, le Dr Henri Rubinstein, neurologue français, expliquait qu’une minute de rire était comparable à 45 minutes de relaxation. En riant, l’organisme évacue la pression du quotidien et libère des endorphines, à l’effet antidépresseur et anxiolytique. Depuis, plus de 65 pays ont développé leur club de thérapie par le rire…

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Le verre à moitié plein, un cercle biologique vertueux

Dans le chaudron de notre système nerveux, l’ouverture d’esprit joue donc aussi un rôle décisif sur l’alchimie hormonale. Les émotions positives sont immunostimulantes et l’optimisme est donc une bonne vitamine. Ajoutez-y la pratique quotidienne de la gratitude, c’est-à-dire la capacité d’ouvrir les yeux pour reconnaître les petits bonheurs et de savoir remercier.

Autres piliers du bonheur selon les neurosciences, prendre des décisions fermes pour réduire l’hésitation et donc l’anxiété, exprimer et nommer les émotions désagréables pour en réduire l’impact douloureux, et adopter tout ce qui diminue votre stress, comme la méditation. « Pratiquée deux fois par semaine pendant deux mois, elle fait chuter le taux de cortisol (hormone du stress) dans le sang et stimule la production d’endorphine, de sérotonine et d’ocytocine, qui est l’hormone de la sécurité affective et de la sociabilité », explique la psychologue Jeanne Siaud-Facchin.

Enfin, faut-il le préciser, multipliez surtout… les câlins ! « Vingt secondes suffisent pour obtenir sa dose d’ocytocine, l’hormone de la tendresse », souligne le Dr Frédéric Saldmann, qui suggère le câlin avant un repas pour son effet coupe-faim. Un régime sans douleur ?… le bonheur !

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