Inégalités hommes-femmes en santé : comment y remédier ?

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Par Cécile Fratellini

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© Youssef Larayedh

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Les inégalités sociales, les inégalités d’accès aux soins, on connaît. En revanche, les inégalités entre les hommes et les femmes en santé sont encore trop méconnues. Essentiel Santé Magazine a organisé une table ronde sur le sujet.

« Il est important de faire prendre conscience des inégalités entre les hommes et les femmes dans le domaine de la santé. Cela doit devenir un sujet de débat et de partage ». C’est ce qu’a tenu à rappeler Catherine Touvrey, directrice d’Harmonie Mutuelle en préambule de la table ronde organisée sur le sujet par Essentiel Santé Magazine, mardi 19 février 2019.

Mais la prise de conscience justement est encore assez faible. La preuve en chiffres avec l’étude menée par ViaVoice pour Essentiel Santé Magazine. Une femme sur trois a l’impression de subir des clichés dans son parcours de soins contre un homme sur cinq.

Améliorer les pratiques médicales

Depuis 2013 pourtant, des experts se sont penchés sur le sujet. En effet, un groupe de travail « genre et recherche en santé » a été créé au sein du comité d’éthique de l’Inserm. « C’est un problème de santé publique. Un des objectifs est d’intégrer la dimension du genre dans les plans stratégiques des institutions de recherche et de médecine », explique Catherine Vidal, neurobiologiste, co-responsable de ce groupe. Et de rappeler que si l’espérance de vie à la naissance est plus importante pour les femmes que pour les hommes, depuis 2000, elle progresse davantage pour les hommes (+4 ans) que pour les femmes (+2,7 ans).

Plusieurs pathologies représentatives de ces inégalités ont été prises en exemple. « L’infarctus du myocarde est sous diagnostiqué chez les femmes alors que la dépression et l’ostéoporose sont sous diagnostiquées chez les hommes. Ce n’est d’ailleurs qu’en 1997 que les normes de densité osseuse ont été définies spécifiquement pour les hommes. Auparavant, les normes étaient établies chez des jeunes femmes de 25 ans. Pour la dépression, les symptômes peuvent différer entre hommes et femmes. On retrouvera plus facilement des pleurs et de la tristesse chez les femmes et de l’agressivité et de l’hyperactivité chez l’homme  », précise Catherine Vidal.

Le rôle primordial de la prévention

Quelles pistes pourraient être envisagées pour réduire ces inégalités ? « Les étudiants en médecine doivent être formés sur l’impact du genre dans la santé tout comme les professionnels de santé. L’autonomie et l’accès aux soins pour les femmes doivent également être garantis », avance la neurobiologiste.

La prévention a également un rôle important. « Car les maladies cardiovasculaires ne doivent pas être une fatalité pour la femme. On peut les prévenir », explique Patrick Assyag, cardiologue, vice-président de la fédération française de cardiologie. Comment ? En agissant sur les facteurs de risque que sont le tabac, le diabète, le cholestérol, l’hypertension, la sédentarité et la surcharge pondérale. « Concernant les signes d’un infarctus par exemple, l’homme décrit souvent une forte douleur thoracique quand la femme peut se plaindre de nausées, de fatigue ou de douleurs au niveau du dos. Il faut mieux considérer ces signes parfois trompeurs. Autre solution qui nous tient à cœur : la mise en place d’une consultation chez la femme à la cinquantaine au moment de la ménopause pour un entretien personnalisé de prévention et un bilan complet », précise Patrick Assyag.

Améliorer les organisations de travail des hommes et des femmes

Les inégalités en santé entre les hommes et les femmes existent aussi au travail. « Les femmes et les hommes sont confrontés à des conditions de travail différentes à cause de la non mixité des métiers. Ainsi, les femmes sont plus exposées aux produits de nettoyage. Les hommes, eux, sont plus exposés aux intempéries, au bruit… Plusieurs idées reçues doivent être combattues comme celle par exemple que les femmes en situation monoparentale seraient plus absentes que les hommes dans la même situation. C’est faux », rappelle Florence Chappert, responsable du projet « Genre, égalité, santé et conditions de travail » à l’Anact (Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail)

Dans les métiers physiques, les effets sur la santé ne sont pas forcément les mêmes à cause des différences biologiques entre les hommes et les femmes. Les matériels sont insuffisamment adaptés à la taille des femmes « Quelle solution ? Concevoir des organisations de travail qui permettent à toutes et à tous de travailler dans de bonnes conditions. Un exemple : baisser le port de charges pour tout le monde », conclut Florence Chappert. Les solutions pour réduire ces inégalités existent, restent à les mettre en œuvre…

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