Infarctus : comment le prévenir et comment le soigner ?

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Par Cécile Fratellini

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Chaque année en France, entre 80 000 et 100 000 personnes sont touchées par un infarctus du myocarde. Comment le prévenir ? Quels sont les premiers signes qui doivent alerter ? Et comment le soigner ?

L’infarctus du myocarde est une situation d’extrême urgence. Environ 10% des victimes décèdent dans l’heure qui suit. Il est donc primordial de comprendre et de dépister les facteurs de risque.

Mettre en place de bonnes habitudes de vie

Pratiquer chaque jour une activité physique pendant 30 minutes, avoir une alimentation saine, ne pas fumer et éviter le stress sont des habitudes de vie à mettre en place. « En le faisant très tôt, on peut éviter l'infarctus et un grand nombre de maladies cardiovasculaires comme l’AVC. C’est de l’éducation à la santé qu’il faut commencer dès le plus jeune âge, dans les écoles par exemple », précise le Pr Alain Furber, cardiologue et président de la Fédération française de cardiologie.

Quant aux fumeurs, ils doivent éviter d’associer tabac et activité physique, c’est-à-dire ne pas fumer 2 heures avant et 2 heures après un effort, le tabac provoquant des spasmes au niveau des artères coronaires.

Dépister les facteurs de risque

Il est important de s’intéresser à sa santé et de connaître les facteurs de risques de l’infarctus. Ceci passe par un suivi chez son médecin traitant afin de dépister une hypertension, un diabète ou une hypercholestérolémie.

Estimer son risque cardiovasculaire

Le patient peut estimer son risque cardiovasculaire avec son médecin traitant à partir de calculs. Il en ressort un chiffre qui est le pourcentage de risques de faire un infarctus dans les dix ans qui viennent si le patient ne change rien. « Il faut prendre conscience de ses facteurs de risque et bien comprendre qu’ils ne s'additionnent pas mais se multiplient, insiste le Pr Alain Furber. C’est une notion importante. Par exemple, quand on fume et que l’on a du diabète, si on supprime un facteur de risque, on gagne beaucoup. Une fois que la personne a compris qu’en arrêtant de fumer ou qu’en faisant du sport, le risque diminue, alors on a commencé la démarche thérapeutique. Cependant, certains facteurs de risque sont asymptomatiques, c’est vrai pour l’hypertension ou l’hypercholestérolémie. Il est parfois difficile d’expliquer à des patients asymptomatiques qu’il faut prendre des médicaments tous les jours. »

Connaître les premiers signes de l'infarctus

Dans 80 % des cas, la douleur thoracique est un des premiers signes de l’infarctus. Elle apparaît derrière le sternum, serre et irradie au niveau des mâchoires ou des bras. Elle survient dans la majorité des cas au repos. Si elle dure plus de quinze minutes, il faut appeler le 15. « L'infarctus, c’est une artère coronaire qui est bouchée, et tant qu’on ne l’a pas débouchée, l’infarctus s’étend, explique le Pr Alain Furber. Il faut donc aller très vite. Parfois quand on est loin d’un centre spécialisé, des médicaments peuvent être donnés pour dissoudre le caillot. Ce n’est pas un traitement idéal mais cela permet de gagner du temps. »

Il existe des formes plus graves d’infarctus avec une perte de connaissance voire un arrêt cardiaque.

Se former aux gestes qui sauvent

Depuis mai 2007, le grand public est autorisé à utiliser les défibrillateurs automatisés. Savoir s’en servir permet de sauver des vies. Leur utilisation est simple, on ouvre la boîte et une voix explique tout. Il faut coller deux électrodes au niveau du thorax, le défibrillateur fait lui-même le diagnostic et délivre ou non l’impulsion électrique. Le but ? Gagner de précieuses minutes avant l’arrivée du SAMU. « En pratique, les gens ont souvent peur de le faire alors que c’est simple. C’est le grand combat de la Fédération française de cardiologie : former les gens pour enlever cette peur. Nous le faisons dans le cadre des parcours du cœur où on apprend à faire un massage cardiaque et à se servir d'un défibrillateur. Nous l’expliquons dès le CM2. Il faut que de plus en plus de gens soient formés. Des applications vont également se développer », ajoute le Pr Alain Furber.

Une prise en charge rapide

Quand le patient est pris en charge rapidement, il peut n’y avoir aucune séquelle. Pour soigner l’infarctus, la seule solution est de déboucher l’artère, cela se fait dans une unité de cardiologie interventionnelle (salle de coronarographie). « Pendant le confinement, les patients arrivaient bien au-delà des trois heures avec des symptômes d’insuffisance cardiaque. Il faut vraiment rappeler que pour toute douleur thoracique qui dure plus de quinze minutes, il faut appeler le 15. Et pas d’inquiétude, à l’hôpital, il y a un circuit dédié, ces patients ne croisent pas les patients Covid », insiste le Pr Alain Furber.

Éviter la récidive

Pendant l’hospitalisation du patient, de nombreux examens sont réalisés pour évaluer les risques de récidive. À la sortie de l’hôpital, la prévention est toujours de mise.

« Certains patients vont dans des centres de réadaptation cardiaque pour faire de l’activité physique contrôlée comme le vélo, la piscine. Les patients y apprennent à mesurer leur fréquence cardiaque et savent ainsi jusqu’où ils peuvent aller sans danger. À l’activité physique, s’ajoute une éducation aux médicaments afin que le patient comprenne à quoi ils servent », explique le Pr Alain Furber.

Après cette phase de réadaptation, les patients peuvent poursuivre une activité physique adaptée dans les clubs Cœur et santé de la Fédération Française de Cardiologie. Il en existe 263 en France où l’on pratique de l’aquagym, de la marche nordique… Chaque club est parrainé par un « cardiologue référent ».

Si l’infarctus est pris en charge plus tardivement, le patient va développer de l’insuffisance cardiaque. Après l’hospitalisation, sa prise en charge sera plus régulière avec la mise en place d’un programme d’éducation thérapeutique spécifique.

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