Les addictions aux jeux d’argent et de hasard

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Par Vincent Rousselet-Blanc

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Loterie, grattage, casino, paris sportifs, jeux en ligne… Près d’une personne sur deux déclare jouer à des jeux d’argent et de hasard. Et certains en deviennent accros au point de se transformer en joueurs pathologiques. Explications.

La dépendance aux jeux d’argent et de hasard a été une première fois mentionnée en 1561, décrite en 1914 puis analysée par Freud en 1928. On prend la chose au sérieux en 1957 avec la sortie de Psychology of Gambling (La psychologie du jeu) rédigé par le psychanalyste Edmund Bergler, considéré comme élément fondateur de ces études.

Aujourd’hui, pour l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’addiction comportementale se définit par l’impossibilité de contrôler une pratique visant à produire du plaisir ou à écarter une sensation de malaise, et d’interrompre sa poursuite malgré ses conséquences négatives.

 

Un million de Français à risque

Selon un rapport de l'Observatoire des jeux, (ODJ), plus de la moitié des Français (56,2 %) a joué au moins une fois à un jeu en 2014. Et selon l’INSEE, un Français sur quatre est considéré comme un joueur actif, c'est-à-dire qu'il joue au moins 52 fois dans l'année ou mise plus de 500 euros par an.

Aujourd’hui, la France compterait ainsi un million de joueurs ayant une pratique considérée comme « à risque modéré », soit une augmentation de 400 000 personnes en cinq ans. En revanche, sur ce million, 200 000 sont déclarés « joueurs excessifs », c’est-à-dire ayant un comportement relevant de la pathologie au jeu.

Plus inquiétant, selon une étude de synthèse publiée en mai 2015 dans la revue Archives de Pédiatrie, Les ados, et ce dès l’âge de 10-12 ans, seraient de plus en plus concernés par ces comportements à risque et addictifs. 4 % à 8 % d’entre eux seraient actuellement touchés. Et les garçons sont 3 à 5 fois plus vulnérables que les filles.

 

Les signes qui doivent alerter

Certains signaux d’alerte symptomatiques permettent de déterminer notre degré de dépendance. Si vous en cumulez plusieurs parmi ceux qui suivent, alors vous répondez à la définition du joueur dépendant.

  1. Impossibilité chronique de résister à ses pulsions pour le jeu.
  2. Besoin de jouer des sommes d’argent toujours plus importantes pour satisfaire son excitation ou son plaisir.
  3. Efforts répétés mais infructueux pour contrôler, réduire le jeu, ou arrêter de jouer.
  4. Agitation ou irritabilité lors des tentatives d’arrêt.
  5. Se réfugier dans le jeu pour échapper à des difficultés (financières, familiales, professionnelles), au stress ou pour chasser des humeurs sombres.
  6. Habitude de jouer de nouveau pour recouvrer ses pertes.
  7. Mensonge pour cacher l’ampleur des habitudes de jeu.
  8. Mise en danger ou bouleversement de sa vie personnelle (études), de couple (affective), familiale, sociale (relations) ou professionnelle (négligences, perte d’emploi) à cause du jeu.
  9. Dépendance envers autrui pour obtenir des aides financières ou sortir de situations désespérées à cause du jeu.

*Source : Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, DSM V.

 

Jouez au Loto plutôt que sur Internet

« Les jeux d’argent et de hasard n’ont pas le même potentiel addictif », précise Marc Valleur, psychiatre spécialiste des addictions au Centre de soins et d’accompagnement des pratiques addictives de l’Hôpital Marmottan à Paris. « Il n’y a aucun risque à jouer au Loto ou à l’Euromillion car nous sommes là dans le domaine du rêve, pas dans celui de la sensation. Plusieurs études (dont un rapport de l’INSERM*, ndlr) montrent que plus le délai entre la mise et le gain attendu est court et plus la possibilité de répétition de la séquence de jeu est élevée, plus le risque d’addiction est grand. »

L’anonymat, à l’abri de tout contrôle social, l’accessibilité nuit et jour, la désinhibition, la dématérialisation de l‘argent (jetons de casinos, paiement en ligne par carte bancaire) et le confort sont également autant de critères favorables aux abus.

*Source : Expertise collective « Jeux de hasard et d’argent – Contextes et addictions » Éditions Inserm, juillet 2008.

 

En savoir plus

  • Joueurs Infos Services : ce site dépend de l'agence Santé Publique France, établissement public administratif sous tutelle du ministère chargé de la Santé. Il répond aux grandes questions que l’on se pose et propose un numéro d’appel (09 74 75 13 13) de 8 h à 2 h, 7 jours sur 7. Appel anonyme et non surtaxé.
  • SOS Joueurs : Association créée en 1990. Ses services d'aide sont gratuits et prodigués par des psychologues, avocats ou assistants sociaux. Le site propose là aussi des informations sur l’addiction et un numéro d’appel 06 69 39 55 12.
  • Evalujeu.fr : site d'évaluation et de conseils personnalisés sur vos pratiques de jeu. Conçu par l'Autorité de Régulation des Jeux en Ligne française (ARJEL), autorité administrative indépendante. L'ARJEL a notamment pour rôle de prévenir le jeu excessif et de protéger les mineurs.

Par Vincent Rousselet-Blanc

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