Joint électronique : ce qu'il faut savoir

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Par Matthieu Perotin

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© Vchal/Istockphotos

Vendus en ligne et dans les magasins de cigarettes électroniques, les e-liquides à base de cannabidiol – une des molécules du cannabis – séduisent de plus en plus. De quoi s'agit-il exactement ? Que dit la loi ?

Qu'est-ce que le cannabidiol ?

C'est un composé présent dans la plante de cannabis. Une fois extrait, le cannabidiol (ou CBD) peut être mélangé à du propylène glycol et à des arômes végétaux afin de servir de carburant pour la cigarette électronique.

Quels sont ses effets sur l'organisme ?

Contrairement au THC – principe actif du cannabis, le CBD n'a pas de propriétés psychoactives : il n'affecte ni l'activité mentale, ni le comportement. Son mécanisme d'action n'a pas été entièrement identifié. On sait qu'il diminue la vigilance, et les usagers lui prêtent un pouvoir calmant et apaisant. Si sa toxicité ne semble pas importante, son effet sur la santé reste encore à déterminer.

Par ailleurs, des essais cliniques ont montré que le CBD pouvait réduire l'anxiété. Associé au THC, il semble également efficace pour lutter contre les spasmes musculaires provoqués par la sclérose en plaques. Un médicament a d'ailleurs reçu une autorisation de mise sur le marché (en 2014). Il n'est pas encore commercialisé en France.

À ce jour, aucune étude n'a été menée sur les e-liquides contenant du CBD.

Quelle est l'ampleur du succès rencontré par les e-liquides au CDB ?

En France, les e-liquides contenant du CBD sont commercialisés sur Internet depuis 2014. On les trouve aussi, depuis peu, dans certaines boutiques de cigarettes électroniques. On estime que, depuis l’été 2017, une boutique sur dix environ vend des e-liquides aux extraits de CBD. Leur prix – en moyenne trois fois plus élevés que celui des e-liquides classiques – ne semble pas décourager les amateurs.

La vente des e-liquides au CBD est-elle légale ?

Une certaine confusion a longtemps prévalu. En France, la culture, la détention et le transport de cannabis sativa sont autorisés quand le taux de THC est inférieur à 0,2 %. Les e-liquides au CBD contiennent moins de 0,2 % de THC. Pour autant, l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a affirmé, en novembre 2017, que la commercialisation et l'achat d'e-liquides contenant du CBD étaient interdits en dehors du circuit du médicament. Le ministère de la Santé a pris position le 29 novembre dernier. Il considère que, par dérogation à la législation, l'utilisation commerciale de e-liquides au CBD issus de variétés de cannabis dépourvues de propriétés stupéfiantes peut être autorisée.

Quelles sont les garanties données aux consommateurs ?

La Direction générale de la santé (DGS) précise que les seuls e-liquides légaux sont ceux destinés au vapotage et dont la teneur en THC ne dépasse pas 0,2 %. Pour surveiller les dosages, le ministère de la Santé a saisi l'ANSM et la Répression des fraudes, en leur demandant de mettre en place des contrôles. Par ailleurs, les fabricants et les vendeurs doivent éviter de présenter le cannabis sous « un jour favorable » ou de lui prêter des effets positifs sur la santé, faute de quoi ils pourraient être poursuivis.

Le point de vue du professeur Bertrand Dautzenberg, pneumologue, tabacologue et président de « Paris sans tabac »

« La priorité est de définir des règles »

« Aujourd'hui, aucune preuve scientifique n'établit que le CBD peut aider à arrêter le cannabis ou qu'il n'entraîne pas d'effets à long terme sur la santé. En revanche, contrairement au cannabis, il ne semble pas ou peu entraîner d'addiction. En attendant que la lumière soit faite sur ces aspects, la priorité est de définir des règles au nom de la santé publique. On constate dans les e-liquides des concentrations en CBD qui varient énormément : il faut fixer une limite supérieure. Parmi les sujets à encadrer, j'ajouterais l'affichage de la composition des produits, l'information sur les mélanges avec d'autres substances qui doivent être évités ou encore les recommandations concernant la vente aux mineurs. Outre les autorités de santé, les producteurs doivent être partie prenante de cette démarche. Certains d'entre eux cherchent à se constituer en association en vue de définir et de partager des principes de bonne conduite. C'est une initiative intéressante, que l'autorisation délivrée par le ministère de la Santé va sans doute contribuer à accélérer. »

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