La cataracte : causes, symptômes et chirurgie

Publié le

Par Pauline Hervé

Temps de lecture estimé 4 minute(s)

Illustration
cataracte © Getty Images

La cataracte est une opacification du cristallin. Courante avec l'âge, elle s'opère de façon très sûre. La chirurgie est couramment pratiquée et permet de corriger différents problèmes de vision.

Qu'est-ce que la cataracte ?

La cataracte est l'opacification du cristallin. Celui-ci est une lentille ronde et transparente, située derrière l'iris et la pupille. Il est composé d'eau, de cellules et de protéines. Lorsque ces dernières se modifient, le cristallin devient opaque et la vision baisse.

Qui est concerné par la cataracte ?

En France, la cataracte touche plus de 20 % de la population après 65 ans et plus de 60 % des personnes après 85 ans, selon les données de l'Assurance maladie. La première cause est le vieillissement. Cependant, « certaines maladies peuvent entraîner une cataracte chez des patients plus jeunes », explique le professeur Bahram Bodaghi, ophtalmologiste à la Pitié-Salpêtrière et secrétaire général de la Société française d'ophtalmologie. « C'est le cas du diabète, de myopies fortes ou de maladies plus rares comme les uvéites ».

Il existe aussi des facteurs de risque : certains traitements comme les corticoïdes, le tabagisme, la consommation élevée d'alcool et une exposition importante aux UV. Enfin, la cataracte congénitale (à la naissance) concerne 0,03 % des naissances en France.

Quels sont les signes de la cataracte ?

Les symptômes de la cataracte se développent très lentement. On remarque une baisse de la vision : elle peut devenir floue, avec altération des couleurs ou des contrastes, ou encore des éblouissements dans certaines situations comme la conduite de nuit.

Hervé, retraité de 69 ans, a été opéré des deux yeux à 65 ans. Il a consulté son ophtalmologiste après avoir remarqué « qu'il voyait flou les panneaux de signalisation au loin. Jusque-là, je portais des lunettes pour la presbytie et l'astigmatisme, mais ce phénomène était nouveau. On m'a conseillé l'opération. »

Quel médecin consulter ?

L'ophtalmologiste diagnostique la cataracte en examinant les yeux avec un biomicroscope, qui permet de rechercher les zones d'opacité du cristallin. Un examen complet des yeux, avec mesure de la tension oculaire, dilatation des pupilles et fond d'œil, permet d’éliminer une éventuelle maladie associée.

Pourquoi opérer de la cataracte ?

« Il n'existe pas de collyre ou autre médicament contre la cataracte », explique le Pr Bodaghi. La chirurgie est le seul traitement. Il n'est cependant pas urgent d'opérer dès les premiers signes. On peut porter des verres correcteurs pour « patienter » quelques mois voire quelques années. « C'est vraiment le niveau de gêne du patient dans sa vie quotidienne qui doit déterminer la décision d'opérer », précise le médecin.

Comment se déroule l'opération ?

Le chirurgien extrait le cristallin opacifié de son enveloppe après une petite incision de l'œil et l’ouverture circulaire du sac cristallinien. Ensuite, une petite sonde à ultrasons passant par l'incision désagrège le cristallin opacifié et aspire son contenu : c'est le procédé de phacoémulsification. Le chirurgien insère alors l'implant intraoculaire dans le sac minutieusement nettoyé. L'intervention dure dix à vingt minutes, sous anesthésie locale (par des gouttes) et en ambulatoire. Si les deux yeux sont touchés, on opère chaque œil à quelques semaines d'intervalle. Des collyres sont ensuite prescrits pendant un mois.

« J'ai vu flou de l’œil opéré pendant deux jours, puis ma vision est revenue progressivement avec une amélioration très nette, se souvient Hervé. Mon ophtalmo m'a ensuite prescrit des lunettes pour lire les petits caractères, mais je vois très bien par ailleurs maintenant ».

Les complications sont rares. « La plus fréquente est la cataracte secondaire, précise le Pr Bodaghi, quand l'enveloppe du cristallin s'opacifie après la chirurgie. Cela se traite facilement au laser, lors d'une consultation. »

Combien coûte l'opération de la cataracte ?

Elle est prise en charge en intégralité par l'Assurance maladie, sur une base de tarif de 397 euros qui inclut la chirurgie, l'anesthésie et la pose d'un implant monofocal.

Si le chirurgien pratique des dépassements d'honoraires, ou en cas de choix d'implants plus récents, il est nécessaire de payer le complément, avec l'aide de sa mutuelle.

Quelles innovations pour traiter la cataracte ?

De nouvelles pistes sont à l'étude pour rendre la chirurgie encore plus rapide. Ainsi la start-up française Keranova travaille sur un robot laser autonome qui ne prendra qu'« une demi-seconde pour inciser, contre 10 à 20 actuellement ». Il remplacera la phacoémulsification aux ultrasons par une « photoémulsification au laser », plus rapide et précise selon Keranova.

Pour le Pr Bodaghi, « c'est sur les implants que l'on voit le plus d'innovations récemment ». Il en existe plusieurs types : les plus courants sont les implants monofocaux. « Ils permettent ensuite au patient de bien voir, soit de loin, soit de près. En général, on corrige ensuite avec des lunettes », précise le professeur. Les implants multifocaux - 5 % du marché - permettent une bonne vision de près comme de loin. Néanmoins, ils peuvent provoquer des gènes comme des halos lumineux en vision nocturne et des troubles de la sensibilité aux contrastes. Les implants toriques permettent de corriger l'astigmatisme avec un réel bénéfice chez les patients concernés.

D'autres nouveautés, comme les implants à profondeur de champ étendue ou EDOF, semblent intéressantes pour la vision de loin et intermédiaire. Mais « aucun implant existant ne remplace encore parfaitement un cristallin normal », rappelle le Pr Bodaghi.

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