« La mémoire qui flanche », un film documentaire émouvant sur la maladie d’Alzheimer

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Par Paola Da Silva

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© Eric de Chazournes

Éric de Chazournes, jeune réalisateur de 27 ans, a filmé sa grand-mère atteinte de la maladie d’Alzheimer pendant les dernières semaines de sa vie. Primé au festival Deauville Green Awards, le documentaire, La mémoire qui flanche, apporte un témoignage touchant sur la maladie, la fin de vie et les liens familiaux qui persistent malgré tout.

Elle se faisait appeler « mamillette » par ses 14 petits-enfants. Annie Nicolet, atteinte de la maladie d’Alzheimer, est décédée fin 2018 à 96 ans. Quelques semaines avant sa mort, son petit-fils, Éric de Chazournes, l’a filmée dans son quotidien au sein de l’Ehpad (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) où elle résidait. Il en a tiré un documentaire de 42 minutes, La mémoire qui flanche.

« Au départ, j’ai réalisé ce film pour moi, pour garder des souvenirs », raconte Éric de Chazournes. Le documentaire montre la vie de la dame âgée : les hauts et les bas de la maladie, les visites des proches et l’humour qui persiste, les exercices pour la stimuler, ou encore les rapports bienveillants entretenus avec le personnel de l’Ehpad. « Sa maladie était de plus en plus présente, mais on n’allait jamais la voir à reculons. C’étaient de beaux moments. Je ne m’attendais pas à ce qu’elle décède si peu de temps après. »

Une personne, pas seulement un malade

Quelques flashbacks égrainés au long du documentaire montrent de manière touchante qui était Annie Nicolet avant la maladie. On y voit une grand-mère joyeuse, très entourée de ses proches. « Ces flashbacks sont très importants. Sans eux je n’aurais pas fait le film », explique Éric de Chazournes. « Je voulais dévoiler qui était vraiment ma grand-mère. Elle avait beaucoup d’humour et était très dynamique. Elle a vécu seule jusqu’à l’âge de 94 ans. »

Car ce que le documentaire montre avec pudeur c’est une femme dans les derniers temps de sa vie. Une femme qui ne se souvient plus des prénoms de ses proches, qui a du mal à se nourrir et à marcher. « Lorsque je l’ai filmée, la maladie était à un stade avancé. Les conversations avec elle étaient très difficiles. Les flashbacks permettent de réaliser qu’il y a un humain derrière la personne malade ».

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La mémoire qui flanche

Changer l’image des Ehpad

La mémoire qui flanche est aussi un témoignage sur l’implication du personnel de l’Ehpad auprès de ces personnes très âgées ayant perdu leurs repères. « C’était une autre de mes volontés : montrer un Ehpad où ça se passe bien, au contraire de ce qu’on dit souvent sur ces établissements. Le personnel a été formidable. »

Éric de Chazournes a ainsi décidé de projeter le film après le décès de sa grand-mère à l’ensemble de sa famille en même temps qu’au personnel de l’Ehpad. « C’était très émouvant. C’est d’ailleurs la directrice de la résidence qui a proposé d’inscrire le film au festival Deauville Green Awards, où il a remporté le trophée d’or. »

Pas uniquement un film de famille

Un prix qui a conforté Éric de Chazournes dans l’idée de rendre le film public. « Je suis encore surpris de voir qu’un film intime puisse atteindre autant de monde. Je reçois des centaines de messages. De gens ayant un proche malade par exemple, qui se livrent sur la maladie ou se reconnaissent. » Mais aussi de personnes travaillant auprès des personnes âgées.

La mémoire qui flanche est ainsi désormais diffusé lors des cours de gérontologie dans les formations d’aides-soignants. Toutes les associations Alzheimer ont également relayé le film, qui sera peut-être projeté lors de la journée mondiale Alzheimer le 21 septembre prochain. « J’espère qu’un jour le film sera diffusé à la télévision. Mais, d’ores et déjà, je suis fier, par ce biais, d’avoir rendu ma grand-mère immortelle. »

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