La prostate, un organe souvent tabou

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Par Isabelle Blin

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Ils en parlent peu et pourtant la prostate suscite bien des inquiétudes chez les hommes à partir de la cinquantaine. Deux spécialistes brisent le silence et répondent à vos questions.

Où est située la prostate ?

Cet organe génital exclusivement masculin se trouve juste au-dessous de la vessie, devant le rectum. La prostate n’est pas visible, mais elle est aisément palpable à l’examen médical par toucher rectal. Longue de 3 à 4 cm et large de 3 à 5 cm, elle est traversée par l’urètre, le canal qui sert à l’élimination des urines et à l’expulsion de sperme.

Quel est son rôle ?

Cette glande, pas plus grosse qu’une châtaigne, est indispensable à la fabrication du sperme et à son expulsion. « Au moment de l’éjaculation, la prostate se referme à ses deux extrémités et se distend au milieu, afin de former une cavité dans laquelle va se fabriquer le liquide séminal (sperme), explique le Pr François Desgrandchamps, chef du service d'urologie à l'hôpital Saint-Louis (Paris)*. Lorsque le sphincter externe s’ouvrira, le sperme sera alors expulsé vers l’extérieur. »

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© ANPM-France Mutualité

Pourquoi la prostate change-t-elle au fil du temps ?

Elle prend du volume à la puberté, sous l’effet de la testostérone (hormone mâle), puis à nouveau après l’âge de 40 ans sans que l’on sache l’expliquer. Les urologues parlent alors d’adénome ou d’hypertrophie bénigne de la prostate. Ce vieillissement naturel de la prostate est généralement bénin. Dans environ 20 % des cas cependant, cette augmentation de volume de la prostate gêne le passage de l’urine et du sperme et nécessite un traitement (médicaments ou chirurgie).

Comment éviter les troubles de la prostate ?

Plus on a un tour de taille important, plus le risque de troubles de la prostate est important. La prévention passe donc d’abord par une perte de poids si on a quelques kilos en trop. Plusieurs études ont également démontré les bienfaits de l’activité physique et d’une vie sexuelle active.

Faut-il faire contrôler sa prostate régulièrement ?

Comme le cancer ne provoque aucun symptôme dans sa phase initiale, un dosage sanguin de PSA (antigène spécifique de la prostate) sur prescription médicale est recommandé tous les ans ou tous les 2 ans à partir de 50 ans. « Ce n’est pas tant le taux de PSA qui importe que son évolution », insiste le Pr Desgrandchamps. S’il a augmenté et qu’il est confirmé par un nouveau dosage trois à quatre semaines plus tard, le médecin effectuera un toucher rectal pour évaluer la consistance et le volume de la prostate. En cas de nodule, il prescrira une IRM.

Les hommes jeunes peuvent-ils avoir des problèmes de prostate ?

Avant 50 ans, les tumeurs sont exceptionnelles, mais les jeunes ne sont pas à l’abri d’une prostatite (aiguë ou chronique). Cette infection urinaire qui se traduit par des brûlures quand on urine, une forte fièvre (40 °C) et un malaise général, nécessite un traitement par antibiotique.

Le cancer de la prostate est-il fréquent ?

Avec 50 000 nouveaux cas en 2015 (derniers chiffres disponibles), c’est le cancer masculin le plus fréquent. Si l’IRM révèle une anomalie, une biopsie permettra de classifier le cancer, du groupe 1 (non dangereux) au groupe 6 (le plus agressif).

« Grâce au Pet scan (tomoscintigraphie par émission de positons), on sait aussi mieux localiser la tumeur et les lésions ganglionnaires ou osseuses en cas de métastases, précise le Pr Grégoire Robert, urologue au CHU de Bordeaux. Cependant trop peu de malades peuvent actuellement bénéficier des techniques de Pet scan les plus avancées (Pet scan au PSMA), car cet examen n’est pas toujours pris en charge par l’Assurance maladie. »

En cas de cancer, quel est le traitement ?

En général, le cancer de la prostate évolue très lentement (en 10 à 15 ans). Dans environ 50 % des cas (cancers de groupe 1), une simple surveillance suffit. Pour les autres groupes, ce sera une chimiothérapie, une radiothérapie ou une ablation selon les cas. Dans certains cancers de groupe 2, on peut par exemple ne détruire que la zone de la tumeur (ultrasons, radiofréquence, cryothérapie…), mais « on a encore peu de recul sur cette stratégie et on ne sait pas si elle influe sur le pronostic à long terme », admettent les deux médecins.

Pour les tumeurs les plus agressives, les médecins proposeront à leurs patients 20 à 30 séances de radiothérapie (plutôt au-delà de 70 ans) ou une ablation de la prostate (prostatectomie totale).

L’ablation de la prostate rend-elle impuissant ?

Cette chirurgie radicale peut entraîner « un risque d’incontinence et un risque d’impuissance. Selon l’agressivité de la maladie, la chirurgie doit être plus ou moins élargie faisant varier le risque d’incontinence de 5 à 10 % et celui d’impuissance de 20 à 80 % », rapporte le Pr Robert. Même en l’absence d’érection spontanée, le plaisir et l’orgasme sont le plus souvent préservés et des traitements existent pour pallier la baisse des érections (médicaments, piqûres dans la verge, prothèses érectiles ou pompe à induire l’érection).

*Auteur de La prostate, on en parle, Hachette bien-être.

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