Le molluscum contagiosum : comment traiter cette maladie de peau ?

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Par Émilie Gilmer

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Le molluscum contagiosum est une infection cutanée très courante chez les enfants de moins de 6 ans et les personnes immunodéprimées. D’origine virale, elle se caractérise par l’éruption de petits boutons inoffensifs. Mais comment s’en débarrasser ?

À l’instar de la verrue, le molluscum contagiosum est une lésion – appelée papule – induite par un virus, via un contact direct avec la peau ou une surface contaminée (vêtement ou serviette de bain par exemple). « Le principe de contamination est similaire à celui de la verrue. Mais ce n’est pas le même virus qui est en cause, explique le professeur Annabel Maruani, responsable de l'unité de dermatologie pédiatrique du CHU de Tours. Dans le cas de la verrue, c’est le HPV (human papillomavirus) et dans le cas du molluscum, c’est un Poxvirus (PXV). »

Autre différence notable : le molluscum survient principalement chez le nourrisson et le petit enfant, avant l’âge de 6 ans, alors que la verrue concerne tous les âges. « Même si on manque d’études épidémiologiques, on estime qu’entre 5 et 10 % des enfants seront concernés par le molluscum avant l’âge de 6 ans », indique l’experte.

Cette prévalence du molluscum chez les jeunes enfants est liée, par ailleurs, à la prévalence de l’eczéma (la dermatite atopique), qui survient lui-même, prioritairement, chez les jeunes enfants. En effet, les peaux à tendance atopique (eczémateuse) sont un terrain privilégié pour l’apparition du molluscum. Les papules se localisent d’ailleurs essentiellement sur les membres (les bras et les jambes) et les plis (aisselles, coudes, genoux) qui sont des zones propices à l’eczéma. Le visage, les paumes ou les plantes sont généralement épargnés.

Comment reconnaître un molluscum ?

« Il s’agit d’une petite lésion ronde et légèrement surélevée, de couleur translucide ou rosée, remarque le docteur Laurence Netter, dermatologue à Paris et membre du Syndicat national des dermatologues-vénéréologues. Comme les enfants ont tendance à se gratter, le molluscum se propage sur d’autres parties du corps par auto-inoculation et les papules se multiplient », précise l’experte.

Chez l’adulte, le molluscum contagiosum se transmet par voie sexuelle et se situe essentiellement au niveau du pubis. Il est par ailleurs fréquent chez les individus immunodéprimés. Il se retrouve, par exemple, assez couramment, chez les personnes atteintes du VIH.

Quant à sa période d’incubation, elle demeure mal connue et varie de deux semaines à plusieurs mois. Cela constitue d’ailleurs un autre point commun avec la verrue : un individu peut être porteur du HPV mais ne jamais avoir de verrue. De la même façon, un enfant peut être au contact du Poxvirus, mais ne développer aucun molluscum. Néanmoins, il arrive qu’au bout d’un certain temps, une baisse de l’immunité entraîne un déséquilibre au niveau de la barrière cutanée qui profite au virus.

Le molluscum est-il dangereux ?

Le molluscum contagiosum est une pathologie totalement inoffensive. Le seul risque est celui d’une surinfection bactérienne (à staphylocoques) à force de se gratter. Mais ce cas de figure, extrêmement rare, n’est pas lié au molluscum en lui-même, seulement à la manière dont on l’a manipulé.

Faut-il traiter un molluscum ?

Hormis chez les personnes immunodéprimées, le molluscum contagiosum guérit naturellement. « La difficulté est que cela peut prendre beaucoup de temps, souligne le Pr Annabel Maruani. On sait que la régression moyenne de chaque papule est de treize mois. Mais si on prend en compte la globalité de l’éruption, il faut compter trois années environ pour voir l’ensemble des papules disparaître. »

La question du traitement fait alors débat. « Pour ma part, majoritairement, je ne propose pas de traitement, car la régression se fait spontanément, note l’experte. Je prends néanmoins mes décisions au cas par cas. La première chose à faire est d’observer s’il y a de l’eczéma sous le molluscum et de le traiter prioritairement par des corticoïdes locaux et des crèmes hydratantes. Parfois, le molluscum régresse rapidement quand l’eczéma a disparu. » Si ce n’est pas le cas, d’autres critères sont à prendre en compte : l’aspect esthétique, notamment, et la gêne occasionnée pour le patient. « Si un enfant de 6 ans présentant deux ou trois papules sur le bras s’en trouve très embarrassé, je propose un traitement, explique le professeur. Néanmoins, s’il s’agit d’un nourrisson, je suggère aux parents d’attendre une régression spontanée. »

L’un des arguments en faveur du traitement demeure par ailleurs le risque de contagion pour le patient lui-même – la multiplication des papules – et pour les autres membres de la fratrie notamment. Le Dr Laurence Netter regrette pour sa part le choix de nombreux pédiatres de ne pas traiter. « On se retrouve dans nos cabinets avec des enfants qui ont près de 200 papules. Même si le molluscum est sans gravité, c’est problématique.

Quel traitement choisir ?

Il n’existe pas de médicament par voie orale. On traite le molluscum par destruction. En fonction de l’équipement dont le dermatologue dispose dans son cabinet, les deux moyens les plus couramment utilisés sont le curetage – on retire le molluscum avec une curette après avoir appliqué une crème anesthésiante sur la zone concernée – et l’azote liquide (la cryothérapie).

Le troisième traitement possible est l’application d’une solution à base d’hydroxyde de potassium, qui peut se faire à domicile par l’entourage du patient. « L’idée est de déposer quotidiennement une goutte du produit sur chaque papule durant quatre à cinq jours, explique le Dr Laurence Netter. Cela va provoquer une petite inflammation et engendrer la disparition de la lésion dans les trois semaines qui suivent. »

Peut-on prévenir son apparition ?

Compte tenu de la présence très répandue du Poxvirus, il est difficile de se prémunir du molluscum à 100 %. Néanmoins, lorsqu’un enfant est concerné dans une fratrie, la recommandation à suivre est d’éviter les bains en commun et de ne pas s’échanger les serviettes de toilette.

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