Les additifs alimentaires sont-ils dangereux pour la santé ?

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Par Lola Cloutour

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L'additif E171 sera interdit dans les produits alimentaires au 1er janvier 2020. La Ligue contre le cancer, associée à deux autres organismes, demande la même sanction pour les nitrites et les nitrates (E249, E250, E251 et E252). Mais à quoi servent ces additifs ? Qui décide de les autoriser ? Sont-ils tous nocifs ?

Qu'est-ce qu'un additif alimentaire ?

« Un additif est une substance ajoutée de façon intentionnelle aux aliments, dans un but technologique », énonce Céline Ménard, responsable de l'observatoire des Aliments en charge de l'Oqali à l'Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail). Elle vient de publier un état des lieux inédit de l’utilisation de ces additifs dans les produits alimentaires transformés.

Ils peuvent être utilisés comme conservateur, antioxydant, émulsifiant, colorant… « Tout usage d'additifs dans un produit doit être mentionné. » Soit avec son nom, soit avec un code commençant par la lettre E, suivie de trois chiffres.

Comment sont encadrés les additifs ?

La réglementation européenne a établi une liste d’environ 400 additifs autorisés, en se basant sur des travaux d'évaluation de risques réalisés par l'Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa). Elle fixe également des doses à ne pas dépasser.

« A cela peuvent se rajouter des mesures nationales », précise Céline Ménard. L'Anses a ainsi été saisie pour évaluer le dioxyde de titane (E171), additif ayant un rôle de blanchiment, très utilisé dans les confiseries.

« Les incertitudes liées à son innocuité* n'ont pas pu être levées. L'Anses a donc recommandé de limiter son utilisation. » Le gouvernement a annoncé son interdiction dans les produits alimentaires à partir du 1er janvier 2020.

* Innocuité : caractère de ce qui n'est pas nocif, pas toxique.

Certains additifs peuvent donc être dangereux pour la santé ?

« Tout additif n'est autorisé que s'il n'entraîne aucun risque pour la santé du consommateur », rappelle Céline Ménard. Oui, mais la recherche est en évolution constante. Comme le dioxyde de titane, certains additifs autorisés aujourd'hui seront peut-être interdits demain après avoir été réévalués.

Une autre problématique est « l'effet cocktail », lorsque plusieurs additifs sont utilisés dans un même produit alimentaire. « Pour le moment, il n'est pas encore bien pris en compte dans les travaux d'évaluation des risques mais de nombreux travaux de recherche sont en cours sur ce sujet. »

On entend beaucoup parler des nitrites et des nitrates. Que leur est-il reproché ?

Classés sous les codes E249, E250, E251 et E252, ces additifs sont principalement utilisés dans la charcuterie et dans les produits transformés à base de viande. Ils permettent une meilleure conservation des aliments et empêchent le développement de bactéries.

« Mais au contact de l'acidité gastrique, ils peuvent entraîner la formation de nitrosamines et de fer nitrosylé dans l’intestin, qui sont des cancérogènes avérés », explique Axel Kahn, président de la Ligue contre le cancer. En 2015, le Centre de recherche international sur le cancer (CIRC) avait établi que la consommation de viande transformée accroissaît le risque de cancer colorectal.

Le 20 novembre 2019, la Ligue contre le Cancer, l'ONG Foodwatch et Yuka (qui a développé une application pour « scanner » les produits alimentaires) ont donc lancé une pétition pour demander au gouvernement de les interdire.

Les industries agroalimentaires pourraient-elles se passer d'additifs alimentaires ?

Sans doute pas du jour au lendemain, mais la tendance est à la baisse. « Parmi les 20 catégories de produits pour lesquelles nous avons des données d’évolution, le nombre d’aliments sans aucun additif est passé de 13,7 % à 18,3 % depuis le début des années 2010 », explique Céline Ménard.

Ce constat étant fait, l'Oqali devra par la suite étudier les alternatives trouvées par les groupes industriels pour expliquer cette hausse. Concernant le cas des nitrites et des nitrates, « nous savons que les industriels peuvent s'en passer car ils proposent de plus en plus de produits sans ces additifs », détaille Camille Dorioz, responsable de campagnes chez Foodwatch. Selon lui, les grands groupes répondent ainsi à une « demande des consommateurs soucieux de leur santé », et anticipent une possible interdiction des nitrites et des nitrates.

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