Les bienfaits du sport sur notre cerveau

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Par Nathania Cahen

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Les recherches en neurosciences sur le cerveau sont précieuses. Parmi les découvertes récentes figure l’impact de certaines activités sportives sur la santé cérébrale et les capacités cognitives. Le point avec Jérôme Laurin, maître de conférences en physiologie de l’exercice et en neurosciences à la faculté des Sciences du sport de Marseille, chercheur rattaché à l’Institut de neurologie de la Méditerranée.

On sait que le sport entretient notre corps et permet de se vider l’esprit. Mais on ignore largement encore qu’il peut faire du bien à notre cerveau. C’est cela qu’étudie Jérôme Laurin, un chercheur en neurosciences marseillais : la plasticité cérébrale. Il s’agit des mécanismes par lesquels le cerveau est capable de se réorganiser en fonction de nos expériences et de notre vécu. Or l’exercice physique est un des moyens connus pour stimuler fortement cette plasticité cérébrale.

Le cerveau d’un sportif « en meilleur état » que celui d’un sédentaire

L’activité sportive est maintenant connue pour être un puissant stimulus de la plasticité cérébrale. Il est désormais scientifiquement prouvé que le cerveau d’un sportif moyen (à raison de deux à trois séances hebdomadaires et depuis plusieurs années) peut être différent de celui d’un sédentaire. « En meilleur état car l’exercice stimule des protéines dans de nombreuses régions du cerveau qui entretiennent les fonctions cognitives et motrices, augmentant ainsi le nombre de neurones et l’efficacité des connexions entre neurones », explique Jérôme Laurin. Ce lien est étudié de près depuis une quinzaine d’années environ, « mais nous sommes encore loin d’avoir toutes les réponses », souligne le chercheur.

Varier les intensités dans la pratique sportive

Le sport est efficace, oui, mais ce qui ressort des travaux menés est l’importance de varier l’intensité de l’exercice car tous les exercices physiques n’ont pas les mêmes répercussions sur le fonctionnement cérébral. Citons la pratique de sports collectifs comme le football, le basket, le handball ou encore le footing quand il est ponctué de quelques sprints (fractionnés de haute intensité). Dans ce dernier exemple, il est facile de repérer le passage en haute intensité : c’est le moment où il n’est plus possible de discuter avec son partenaire de course. « Il ne faut pas hésiter à exploiter toutes les intensités d’endurance au cours des périodes d’entraînement. Cela inclut les plus hautes intensités d’exercice possibles, et sans risques : celles que l’on atteint en faisant des fractionnés ou HIIT*, qui peuvent doper la fameuse plasticité ». Or, parmi les sportifs non confirmés, beaucoup pratiquent l’endurance en répétant les mêmes exercices d’un entraînement à l’autre. Ils perdent ainsi progressivement en efficacité.

Diminuer le risque de maladie neurodégénérative

Les retombées observées sont prometteuses. « Le sport pratiqué ainsi permet de mieux préserver, voire d’améliorer les fonctions cognitives et intellectuelles. C’est-à-dire nos capacités à réfléchir, raisonner, être créatif… » Les fonctions sensori-motrices (qui permettent de s’adapter à un environnement ou à une situation) sont également stimulées par l’endurance. Surtout, c’est un moyen de diminuer le risque de développer un jour une maladie neurodégénérative comme Alzheimer ou Parkinson. De prévenir aussi les pathologies cardiovasculaires comme l’AVC.

Le sport irrigue le cerveau

Une des raisons est que la pratique sportive n’améliore pas seulement la qualité et la quantité de nos capillaires sanguins** au niveau des muscles, mais aussi au niveau cérébral. C’est ce que l’on appelle la vascularisation cérébrale, l’irrigation du cerveau en sang. Un mécanisme indispensable pour stimuler la plasticité cérébrale.

L’exercice peut aussi aider à récupérer une partie des fonctions cérébrales affectées par une de ces maladies. Là encore, la route reste longue pour comprendre l’intérêt précis de chaque exercice pour ce type de pathologies, même si le niveau de connaissances scientifiques actuel est très encourageant, et pousse les chercheurs à poursuivre dans cette voie.

Concilier éthique et travaux (sur le cerveau)

Il n’existe pas encore de recommandations officielles indiquant la meilleure façon de pratiquer l’endurance pour optimiser et préserver les fonctions cérébrales sur le long terme. En effet, trop peu d’études ont encore été menées à ce jour. Cependant, il apparaît que les fractionnés ont leur place au sein d’une préparation sportive, y compris de loisirs. Il reste à préciser quand et comment les intégrer de manière appropriée dans sa pratique annuelle régulière. Cela reste un domaine de recherche émergent. « Il y a de plus en plus d’injonctions à faire du sport mais ce n’est pas encore intégré dans toutes les mentalités », regrette le chercheur. « C’est pourtant un vrai médicament, indispensable, même s’il ne peut à lui tout seul guérir les maladies. » L’exercice physique est perçu comme un médicament non-pharmacologique qui va avoir des effets bénéfiques sur tous les organes. Le cerveau ne fait pas exception.

Il paraît aussi très intéressant de recommander d’y associer des exercices de mémoire et d’apprentissage pour optimiser davantage nos fonctions cérébrales à tout âge de la vie. Les exercices intellectuels couplés aux exercices d’endurance offrent une combinaison très efficace pour notre cerveau !

* Les HIIT : high intensity interval training, soit entraînement par intervalles de haute intensité.

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