Les signes à surveiller chez les hommes sont les mêmes que chez les femmes. « Tout changement soudain dans l’apparence du sein. Apparition d’une masse, rougeurs de la peau, inflammation, douleur localisée, anomalie du mamelon ou apparition de ganglions dans la région du creux axillaire (N.D.L.R. à l’aisselle) doivent alerter », détaille Barbara Pistilli, oncologue et cheffe du comité de pathologie mammaire à Gustave Roussy. Il convient de ne pas attendre pour consulter son médecin traitant, demander une échographie ou bien être orienté vers des centres comme Gustave Roussy qui proposent des parcours diagnostics en une journée.
Franck Marandet se souvient du jour où, à 41 ans, il a senti sur l’un de ses seins « une boule dure et indolore. J’ai attendu une journée pour voir si cela passait tout seul et comme ce n’était pas le cas, j’ai pris rendez-vous chez ma généraliste qui m’a prescrit une mammographie tout en étant très rassurante. » Après cet examen et une biopsie, le diagnostic tombe : cancer du sein. « J’ignorais totalement que c’était possible chez les hommes, alors que je connais cette maladie puisque ma grand-mère en a eu un », ajoute-t-il.
Le cancer du sein est bien plus rare chez les hommes, puisqu’il ne représente que 1 % des cas. Un homme sur 1 000 risque d’en avoir un, contre une femme sur huit. Pourtant, ce risque existe et en raison du manque de dépistage et d’information, les cancers du sein masculins sont souvent diagnostiqués plus tard que chez les femmes, occasionnant davantage de cas où les ganglions sont déjà atteints. Les chances de survie à cinq ans se situent, comme pour les femmes, autour de 85-90 %.
Des recherches internationales sur les cancers du sein masculins visent actuellement à affiner la connaissance de ses spécificités et à en améliorer la prise en charge. En effet, selon le Male Breast Cancer Program (Programme sur le cancer du sein masculin) et ses observations sur plus de 1 800 patients, un tiers des cancers du sein n’est pas traité de manière adéquate chez les hommes, faute jusque-là d’étude sur des cohortes assez larges.
« L’une des particularités est que, chez les hommes, ce type de cancer est dans 90 % des cas hormono-dépendant – la croissance des cellules cancéreuses est stimulée par les hormones sexuelles, œstrogènes, progestérone ou androgène – alors que cela ne concerne que 75 % des femmes », précise Barbara Pistilli. Ainsi le traitement par hormonothérapie est très efficace chez les hommes. De plus, la plupart des cas apparaissent à partir de 60 ans.
À l’heure actuelle, les traitements sont les mêmes que pour le cancer du sein chez la femme. « Chirurgie, chimiothérapie, radiothérapie et hormonothérapie », résume Barbara Pistilli.
Franck Marandet se souvient : « Rapidement après mon diagnostic, j’ai rencontré une chirurgienne qui m’a annoncé qu’on allait me faire une mastectomie (ablation totale de la glande mammaire, N.D.L.R.). Je n’avais aucune idée de ce que c’était alors que toutes les femmes en ont entendu parler ! Néanmoins, peu avant l’intervention on a découvert que le cancer avait touché les ganglions et atteint le stade 2. On devait donc commencer par une chimiothérapie pour arrêter sa progression et éviter les métastases avant d’opérer. Ensuite, j’ai eu une double mastectomie, puis des séances de radiothérapie, et ensuite, de l’hormonothérapie pendant cinq ans sous forme de pilules à prendre quotidiennement. »
Pour Franck Marandet, « concernant la chirurgie, j’estime que je m’en tire bien car c’est plus facile à gérer pour un homme. Je n’ai plus de téton mais aucune déformation. Je ne vais pas demander de reconstruction car je n’en ressens pas le besoin actuellement. Je vais à la plage sans choquer personne ! »
Franck Marandet a publié un livre sur son vécu du cancer du sein : Fin du monde et poissons rouges (Effort d’auto-psychanalyse et autres mignardises ou comment vivre serein en attendant la prochaine chimiothérapie), disponible en ligne (10,55 euros).
Un sujet peu connu et très intéressant. À diffuser sans modération pour plus de prévention. Merci