Les moustiques tigres se répandent en France : comment limiter leur invasion ?

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Par Patricia Guipponi

Temps de lecture estimé 5 minute(s)

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© EID Méditerranée

L’insecte nuisible, possible vecteur de maladies, s’est durablement installé dans l’Hexagone. C’est un « risque sanitaire majeur » pour les années à venir, a déclaré une commission d’enquête parlementaire. Grégory L’Ambert, entomologiste médical, explique ses caractéristiques et comment le tenir à distance.

Le moustique tigre fait parler de lui chaque été depuis plusieurs années. Originaire des forêts d’Asie du Sud-Est, il s’est d’abord installé dans les Alpes-Maritimes, en 2004, avant de coloniser progressivement la métropole française. Aujourd’hui présent dans 58 départements, l’insecte est l’objet de toutes les attentions. Sa propagation est en effet rapide, en zones urbaines, près de l’humain, sa principale victime. Bien que sa piqûre soit bénigne dans la majorité des cas, il peut être le vecteur de maladies telles que la dengue, le chikungunya ou encore le virus Zika. Fin juillet, une commission d’enquête parlementaire a rappelé combien il fallait redoubler de vigilance, adopter une politique de prévention face « au risque sanitaire majeur » que représente le moustique tigre sur le territoire pour les décennies à venir.

Une politique d’anticipation et de précaution

Grégory L’Ambert est entomologiste médical à l’Entente interdépartementale pour la démoustication du littoral méditerranéen, organisme public qui coordonnait, jusqu’en 2019, l’ensemble des actions de surveillance sur le territoire métropolitain. Pour lui, l’alerte de la commission n’est pas à prendre à la légère. « On l’a vu avec la Covid-19. Mieux vaut s’armer de moyens, s’entourer de précautions, plutôt que se dire qu’on agira en temps voulu. Car tout va très vite. » L’entomologiste médical rappelle toutefois que pour être possiblement infecté par la dengue ou le chikungunya, « il faut que le moustique tigre ait au préalable piqué une personne porteuse de l’une de ces maladies pour ensuite la transmettre, par sa piqûre, à d’autres individus ».

Le risque d’infection est donc assez faible. Et la potentielle propagation de pathologies est encadrée par une mécanique bien huilée. « Lorsqu’un cas est avéré, tout est rapidement mis en œuvre pour éviter une aggravation de la situation. Les autorités sanitaires sont alertées et les services de démoustication interviennent pour traiter les zones où le malade évolue. » L’EID Méditerranée a ainsi géré et maîtrisé une bonne dizaine de débuts d’infection depuis que la crainte de possibles épidémies de dengue, Zika et chikungunya est apparue sur le sol français.

Des gestes simples et salutaires

Le moustique tigre, ou Aedes albopictus, a commencé sa conquête de l’Europe par l’Italie. « Il est de nature peu mobile, casanier. La mondialisation, les déplacements de marchandises – comme les pneus usagés où il pond – et des hommes ont favorisé son expansion », raconte Gregory L’Ambert. Il arbore une robe zébrée blanc et noir et non pas marron et jaune comme son nom le laisse penser. « On l’a surnommé “tigre” en raison de son agressivité. » Teigneux donc et plus petit que ses congénères, les moustiques lambdas, qui piquent la nuit quand on dort. « Le tigre agit le matin et en fin d’après-midi quand on veut se détendre, être tranquille, d’où ce côté parasite, nuisible », souligne l’entomologiste de l’EID.

Neutraliser le moustique tigre est impossible. En revanche, ralentir son développement et éviter ses piqûres sont du ressort de chacun. Entretenir son jardin et faire attention à certains encombrants – comme les pneus usagés –, ou encore couvrir les réservoirs d’eaux, sont autant de gestes salutaires.

Veiller à ne pas maintenir les eaux stagnantes

« Ce qu’il faut, c’est se débarrasser des eaux stagnantes qu’on peut avoir en extérieur. » Ne pas entendre par là les eaux de rivière ou de piscine mais celles que l’on trouve, par exemple, dans les soucoupes de pots de fleurs, les collecteurs de pluie... « Il faut vérifier au moins une fois par semaine ces récipients où ils se reproduisent. Vider l’eau au sol va tuer les larves. » Ce réflexe de vigilance est efficace. Il est aussi écologique comparé aux produits insecticides.

« Pas coûteux à la différence des pièges que l’on peut trouver dans le commerce, qui sont parfois des arnaques », continue Grégory L’Ambert. Les lampes à ultraviolets ou la technique artisanale de la bouteille coupée en deux, dans laquelle on mélange eau, levure et sucre, peuvent faire leurs preuves. Toutefois, elles sacrifient sans distinction d’autres insectes, comme les abeilles, qui sont essentielles à la chaîne trophique, à l’écosystème.

Eviter les piqûres du moustique tigre

On l’a dit : traquer les eaux stagnantes est le meilleur moyen de contrôler la prolifération du moustique tigre et, par ricochet, ses piqûres. « Porter un pantalon plutôt qu’un short quand on jardine va limiter les attaques », observe Grégory L’Ambert. Le ventilateur, que l’on place au niveau des jambes, zones où le moustique tigre aime sévir, est aussi un bon moyen pour ralentir ses ardeurs. L’entomologiste de l’EID juge que les huiles essentielles, comme les produits naturels à base de plantes, ne protègent pas de l’insecte. Quant aux diffuseurs électriques, ils sont certes efficaces mais contiennent, pour la plupart, des substances chimiques, et sont donc à utiliser avec vigilance. Les répulsifs les plus efficaces sont ceux à base de DEET, d’icaridine, d’IR3535 et de citriodiol.

Pour de plus amples informations sur le moustique tigre : http://www.moustiquetigre.org/

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