Un homme de plus de 50 ans, un peu bedonnant, fumeur, au mode de vie sédentaire. Voilà le « portrait-robot » d’une personne à risque d’infarctus ou plus largement, de maladies cardiovasculaires, que la plupart des Français ont en tête. Cette idée reçue est totalement fausse car les femmes, y compris jeunes, meurent davantage que les hommes de maladies cardiovasculaires. « Sur les 147 000 personnes qui en décèdent chaque année en France, 54 % sont des femmes », indique la Fédération française de cardiologie.
C’est même la première cause de décès pour elles devant les cancers. « Les maladies cardiovasculaires représentent 42 % des décès chez les femmes européennes contre 27 % pour les cancers. L’infarctus du myocarde en est la première cause (18 % des décès féminins), suivi par l’AVC, l’accident vasculaire cérébral (14 %), puis les autres pathologies vasculaires (10 %). »
Plus inquiétant encore, l’évolution de ces risques. Les infarctus chez les femmes de moins de 50 ans ont été multipliés par trois ces quinze dernières années, selon la Fédération française de cardiologie.
En cause, le mode de vie des femmes, qui « depuis une trentaine d’années, s’est calqué sur celui des hommes : travail, stress, mais aussi les habitudes préjudiciables pour la santé telles que le tabac et une mauvaise alimentation », explique le docteur Stéphane Manzo-Silberman, cardiologue à l’hôpital Lariboisière à Paris.
Les femmes souffrent d’un risque plus important que les hommes d’être mal diagnostiquées et d’être traitées plus tardivement, notamment en cas d’infarctus. « Elles appellent les secours plus tard, en moyenne 15 minutes de plus que les hommes. Pour le muscle cardiaque, ce temps est significatif », alerte la cardiologue. Heureusement, une fois la prise en charge médicale lancée, les délais des équipes médicales ne diffèrent plus de manière significative !
En cas d’infarctus, les symptômes peuvent différer chez la femme ou chez l’homme. La douleur thoracique oppressante, qui irradie dans le bras gauche jusqu’à la mâchoire (symptôme classique chez l’homme) est présente dans deux tiers des cas chez les hommes comme chez les femmes. Beaucoup d’entre elles se plaignent de symptômes supplémentaires, associés ou non à cette douleur oppressante, comme un essoufflement ou des palpitations à l’effort et parfois au repos. Une fatigue intense y est souvent associée. On signale aussi des signaux comme des douleurs d’estomac fortes, des nausées, des vomissements.
« Selon une étude canadienne, les femmes décrivent jusqu’à sept signes de plus que les hommes. Et le souci est qu’elles ressentent parfois ces symptômes « secondaires » plus fortement que l’oppression thoracique, ce qui peut éloigner le diagnostic de problèmes cardiovasculaires », précise le Dr Stéphane Manzo-Silberman.
Pour informer le grand public, la Fédération française de cardiologie a produit une vidéo qui montre un casting de comédiennes en plein désarroi quand on leur demande de jouer les symptômes d’un infarctus. Ce film choc est diffusé sur les réseaux sociaux.
Une meilleure prévention passe en effet par le fait de connaître et surveiller les symptômes et les facteurs de risque des maladies cardiovasculaires. Ceux-ci sont : l’hypertension, le diabète, le cholestérol et le tabagisme (surtout s’il est associé à une contraception hormonale), et l’hérédité. S’y ajoutent le stress, la sédentarité, le surpoids.
« Les généralistes et les gynécologues jouent un rôle clé dans le suivi préventif, souligne le Dr Manzo-Silberman, avec des contrôles de tension réguliers et des bilans sanguins aux moments clés de la vie : contraception, grossesse et ménopause. Si la femme présente l’un de ces facteurs de risque aggravant, il est important de l’orienter vers un suivi cardiologique».
Fédération française de cardiologie : première association de lutte contre les maladies cardiovasculaires.
« Cœur, artères et femmes » : publication de la Fédération française de cardiologie (2018).