Le Mammobile, un cabinet de radiologie ambulant pour dépister le cancer du sein

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Par Solal Duchêne

Temps de lecture estimé 4 minute(s)

Illustration
© Elodie Guillaume

En Normandie, certaines communes isolées reçoivent la visite du Mammobile, un cabinet de radiologie ambulant. Leurs habitantes peuvent y réaliser une mammographie, examen indispensable pour dépister le cancer du sein. Cette affection est responsable de 12 000 décès chaque année.

Depuis mars 2022, un drôle de camion rose arpente les routes de Normandie. Baptisé « Mammobile », ce semi-remorque de 27 tonnes est un cabinet de radiologie ambulant. Son but ? Aider les femmes éloignées des centres de radiologie à réaliser des mammographies, dans le cadre d’un dépistage du cancer du sein.

Le taux de participation au dépistage est encore trop faible

En 2018, 58 000 cas de cancers du sein ont été diagnostiqués*, pour 12 000 décès. « Ce cancer se soigne bien aujourd’hui, mais il est important de le détecter au plus tôt », prévient le docteur Elodie Guillaume, chef de projet du Mammobile. Pour cette raison, un programme de dépistage organisé du cancer du sein existe depuis 2004. Il invite toutes les femmes de 50 à 74 ans à réaliser une mammographie et un examen clinique, tous les deux ans. Chacune d’entre elles reçoit un courrier, indiquant les coordonnées des radiologues habilités à pratiquer l’examen dans leur département.

Pourtant, le taux de participation au dépistage du cancer du sein est en baisse depuis 2012. En 2021, celui-ci n’était que de 50,6%. « Plusieurs études ont révélé des inégalités dans les milieux défavorisés et éloignés des centres de radiologie, poursuit Elodie Guillaume. La démarche du Mammobile est d’apporter le dépistage à ces populations. »

Le Mammobile tente de réduire le stress lié au dépistage

Dans les communes visitées par le camion, les femmes concernées par le dépistage organisé reçoivent un courrier d’invitation. Celui-ci leur propose un rendez-vous lors du passage du Mammobile.

Le jour J, elles sont prises en charge par une secrétaire médicale, puis une manipulatrice en radiologie et un radiologue. Parce qu’un dépistage peut générer l’angoisse d’apprendre une mauvaise nouvelle, le Mammobile a été aménagé pour favoriser l’intimité et la confiance. « L’intérieur est lumineux, chaque femme est reçue individuellement. Nous supprimons le stress lié au déplacement en ville, et tentons d’apaiser au maximum la perception globale du dépistage », décrit la chercheuse.

La mammographie puis une palpation des seins sont réalisées dans deux salles d’examens distinctes. Le radiologue réalise la première lecture des clichés et un premier compte rendu oral est donné. Dans tous les cas, les clichés sont lus par un deuxième radiologue. Le Centre Régional de Coordination des Dépistages des Cancers de Normandie (CRCDC) envoie ensuite par courrier les résultats définitifs. En cas d’anomalie, celui-ci propose une prise en charge adaptée et prévient le médecin traitant.

Les examens réalisés dans le cadre du dépistage organisé sont pris en charge à 100% par l’Assurance maladie.

Le Mammobile est aussi un projet de recherche

Jusqu’en janvier 2024, le Mammobile ciblera des communes de l’Eure, du Calvados, de la Manche et de la Seine-Maritime. Ces déplacements sont organisés dans le cadre d’un projet de recherche, mené conjointement par l’Inserm et le CRCDC.

Pour réaliser l’étude, plusieurs zones rurales ont été identifiées. Leur point commun : être situées à plus de 15 minutes en voiture d’un cabinet de radiologie. « Nous avons ensuite tiré au sort** les zones qui seront visitées par le camion, et celles qui serviront de zones témoins », détaille le docteur Elodie Guillaume.

L’objectif de la démarche est de savoir si le Mammobile parvient à augmenter la participation des femmes au dépistage organisé. « Mais il s’agit aussi de modéliser le profil des visiteuses, précise la scientifique. Nous voulons par exemple savoir si elles ont déjà effectué un dépistage par le passé ». Compilées à l’âge, la catégorie socio-économique et le lieu de résidence des participantes, ces données doivent permettre de démontrer précisément l’efficacité du Mammobile sur les populations les plus fragiles. « Le Mammobile pourrait ensuite visiter d’autres territoires, comme des zones urbaines défavorisées », conclut le docteur Guillaume.

En France, les bus santé itinérants se multiplient

En Côte d’Or, dans l’Orne ou encore dans l’Hérault, d’autres bus de prévention du cancer du sein ont vu le jour, sous d’autres noms (Bus Rose, Mammobus…). Ils ne permettent pas tous de réaliser une mammographie, mais certains proposent des formations à l’autopalpation.

« Nous sommes régulièrement sollicités par d’autres départements qui souhaitent mettre en place un Mammobile chez eux », se réjouit Elodie Guillaume. Les résultats de l’étude devraient permettre d’établir un modèle d’implantation à destination de ces territoires, leur faisant ainsi gagner un temps précieux.

* D’après Santé Publique France

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