La méditation : effet de mode ou chemin spirituel ?

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Par Émilie Gilmer

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© martin-dm / Getty

Dans une société où tout va si vite, la méditation apparaît à beaucoup comme une bouffée d’oxygène salutaire. Mais encore faut-il en saisir le sens profond et l’envisager autrement que comme un simple remède anti-stress.

À la télévision, sur le net, dans les journaux : la méditation est partout ! Un phénomène si « tendance » que des experts l’introduisent dans les entreprises, les universités, les hôpitaux, les écoles. Du coup, la pratique se réduit trop souvent à un simple exercice de relaxation, très éloigné de sa vocation originelle.

En réalité, la méditation va beaucoup plus loin et correspond plutôt à un parcours à la rencontre de soi-même. « C’est un entraînement de l’esprit qui consiste à porter attention au moment présent et de voir le réel tel qu’il est, même si c'est inconfortable », rappelle la psychothérapeute Yasmine Liénard*. Autrement dit : une discipline exigeante qui réclame constance et détermination, et ne peut donner des résultats que dans la durée…

*Auteure de À la recherche de son vrai soi, méditer pour trouver sa véritable nature (éditions Odile Jacob), par ailleurs fondatrice de l'organisme de formation à la pratique médidative Esprit Clair.

 

Vivre dans le moment présent

La méditation consiste à être conscient de ce qui se passe en soi à un moment précis : notre respiration, nos sensations, nos émotions… « Quand on est dans l’action, notre cerveau a tendance à penser à un grand nombre de choses ou à convoquer des souvenirs, remarque Yasmine Liénard. La méditation nous aide à nous poser dans le moment présent, à ne plus rien faire, à ne plus rien chercher. »

Une « pause » qui donne bien souvent le sentiment que le temps passe moins vite… Et pour cause : en augmentant l’attention, même s'il faut traverser parfois la première phase d'ennui, la méditation rend plus disponible. Certains décrivent une clarté et une vigilance renforcées, moins d’erreurs ou de tergiversations.

 

Se libérer des émotions négatives

Les études menées par les chercheurs en psychologie* le prouvent : la plupart des troubles psychiques – anxiété, dépression – sont liés au fait que l’on cherche à éviter de ressentir certaines émotions, comme la colère, la tristesse, la déception. « En essayant d’écarter toute émotion négative, on aurait au contraire tendance à se focaliser dessus, et à en chercher les causes en ressassant, plutôt que les ressentir comme des indices de nos besoins réels du moment présent et donc des alliées », analyse la psychothérapeute.

Que faire alors ? Vivre ses émotions pleinement, une bonne fois pour toutes afin qu’elles cessent de nous envahir en restant en permanence dans l’ombre ! Cette pratique concerne également les sensations corporelles. Une boule dans la gorge, une oppression au niveau du thorax, un mal au ventre s’effaceront plus vite s’ils cessent d’être en embuscade dans notre cerveau.

*L’une des plus récentes a été réalisée par une équipe de chercheurs de l’université de Californie à Berkeley et publiée en 2017 dans The Journal of Personality and Social Psychology.

 

Mieux s’écouter pour mieux se connaître

C’est un fait : nous avons tous en tête des modèles inconscients, issus de notre héritage culturel et familial, qui conditionnent notre personnalité, notre façon de voir le monde et d’agir. À tel point que nous construisons parfois notre vie sans réfléchir en fonction d’injonctions mentales (il faut que je me marie à tel âge, il faut que je décroche tel poste…).

« La méditation nous invite à mieux écouter nos besoins, nos désirs les plus profonds, notamment en étant attentif aux signaux que notre corps nous envoie », précise Yasmine Liénard. De quoi faire progressivement émerger des intuitions, des réponses et, probablement, réveiller notre créativité.

 

Voir plus loin

Ce « retour à soi » n’est cependant pas un repli sur soi ! Bien au contraire. Certes, lorsqu’on commence à démarrer la méditation, il y a nécessairement une phase où l’on a besoin de rompre avec l’agitation extérieure. « Mais une fois que l’on a résolu ses conflits intérieurs grâce à ce travail sur soi, on est généralement plus disponible pour les autres et ouvert à notre environnement », rassure la spécialiste.

En nous aidant à développer une certaine bienveillance à l’égard de nous-mêmes, la méditation nous aide à développer une bienveillance à l’égard des autres, à mieux les écouter et à découvrir qui ils sont vraiment (sans filtres et sans a priori).

 

4 conseils pour éviter les charlatans (et faire les bons choix)

La multiplication des offres atteste d’un engouement sans précédent pour la méditation. Pourtant, si certaines méthodes sont sérieuses, d’autres laissent à désirer. Comment s’y retrouver ?

 

1. Se méfier des recettes miracle.
La méditation n’est pas un soin, ni une thérapie, et ne possède aucun superpouvoir… « Il y a une vigilance à avoir vis-à-vis de toute méthode qui se présenterait comme la seule et unique valable, détentrice de LA vérité sur la méditation, alors qu’il y a autant de façons possibles de méditer que de méditants. L’important est de trouver ou de créer la façon de méditer qui nous convient profondément », confirme Inès Weber, psychologue clinicienne et cofondatrice du centre de culture spirituelle Sésame. De la même façon, tout discours dénigrant la médecine traditionnelle doit vous alerter…

2. Ne pas idéaliser son enseignant.
La question se pose pour tous les novices : comment débuter ? « On peut commencer chez soi, à l’aide d’une application mobile par exemple, explique la psychiatre Yasmine Liénard. Puis, au bout de quelques semaines, certains ressentent le besoin de rejoindre un groupe, pour suivre un enseignement. » Une bonne idée, à condition de ne jamais s’en remettre totalement à une seule personne… « Il faut sortir de l’idéalisation de l’enseignant et toujours garder son esprit critique », indique la psychothérapeute.

3. S’autoriser à changer de méthode.
Pas de raison de douter de soi si une méthode ne fonctionne pas sur vous. « Dans ce cas, la première erreur serait d’abandonner purement et simplement la méditation. La deuxième, de persévérer coûte que coûte et de s’enfermer dans une forme qui n’est pas du tout appropriée », explique Inès Weber. Ainsi, si vous trouvez le discours de votre interlocuteur trop complexe ou au contraire trop simpliste, n’hésitez pas à aller voir ailleurs…

4. Se documenter sur la forme choisie.
Méditation de « pleine conscience », zen ou transcendantale… Faire un choix n’est malgré tout pas si compliqué. A condition de se renseigner sur la méditation (A quoi je souhaite m'exercer ? Qu'est-ce que je vise par cette pratique ?) et ses différentes pratiques via, par exemple, la lecture d’ouvrages* simples et accessibles à tous. Sand doute le meilleur moyen d’affiner son discernement.

*Par exemple : La méditation du philosophe Fabrice Midal (éditions Que sais-je ?) ou encore L’art de la méditation de Matthieu Ricard (éditions Pocket).

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