Mort inattendue du nourrisson : quelles sont les causes ?

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Par Patricia Guipponi

Temps de lecture estimé 6 minute(s)

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La mort inattendue du nourrisson est une priorité de santé publique. Elle touche en moyenne 280 bébés par an en France. La période la plus critique court du 2ème au 4ème mois de l’enfant. Beaucoup de décès pourraient être évités en respectant certains comportements et habitudes.

La mort inattendue du nourrisson (MIN) est la première circonstance de décès chez les bébés d’un mois à un an. C’est une priorité de santé publique. Cet évènement brutal et dramatique survient dans la majorité des cas durant le sommeil de l’enfant. Ce dernier était pourtant bien portant. Rien dans ses antécédents connus et dans son histoire ne laissait présager cette fatalité. Chaque année, en France, 280 enfants sont touchés en moyenne.

On emploie communément les mots de « mort subite » pour parler de la mort inattendue du nourrisson, ce qui n’est pas totalement correct. Quand un bébé décède sans raison apparente, toute une série d’examens et de recherches sont effectués afin d’identifier les facteurs et les causes de la mort. « Lorsqu’aucune réponse n’est apportée, ce qui est rare, on parle alors de syndrome de la mort subite de l’enfant », précise le docteur Inge Harrewijn, pédiatre au centre de référence de la mort inattendue du nourrisson du CHU de Montpellier et présidente de l’Association nationale des centres de référence de la mort inattendue du nourrisson (AnCreMin).

Le pic critique de la mort inattendue du nourrisson est entre 2 et 4 mois

Sur le plan international, on parle de mort inattendue du nourrisson jusqu’à l’âge d’un an. « En France, on englobe les enfants en dessous de l’âge de deux ans », souligne le médecin. Dans 90 % des cas, la mort inattendue du nourrisson concerne des bébés de moins de 6 mois, avec un pic critique entre 2 et 4 mois. « C’est l’âge du développement où le tout-petit est très fragile. »

Les enfants nés prématurément, pesant un petit poids à la naissance ou exposés au tabac anténatal et postnatal, présentent plus de risques. « Toutefois, on ne peut rien anticiper ni dépister. Cela ne se voit pas sur eux ». Les causes de la MIN sont multifactorielles. « Ces enfants sont exposés à un stress environnemental. Ils sont mal couchés sur le ventre. Ils ont trop chaud. Ils présentent une infection virale... Ils n’ont pas la capacité de se défendre, de faire face à ces difficultés car ils sont petits, dépendants, fragiles. »

Le tabac, consommé durant la grossesse comme après la naissance de l’enfant, est l’un des facteurs à risque les plus importants. « On le retrouve dans beaucoup de cas de MIN lorsque l’on pratique des examens pour essayer de comprendre », insiste le docteur Inge Harrewijn. « Une étude américaine effectuée sur 20 000 bébés décédés a démontré que le risque était présent à partir d’une seule cigarette. Et augmente, bien évidemment, plus la consommation est élevée. »

35 centres de référence en France

Il existe 35 centres de référence de la mort inattendue du nourrisson (MIN) en France, fédérés depuis 2013 en association dont le siège se situe à Montpellier. Ils accompagnent notamment les familles, font de la prévention et de la formation, participent aux recherches sur les facteurs de la MIN. Ils sont à l’origine du registre national de la MIN qui recense les données épidémiologiques précises et exhaustives, identifie de nouveaux facteurs de risque des MIN, aide au développement de la recherche scientifique, organise des colloques à l’international, etc.

Le mauvais couchage, première cause de la mort inattendue du nourrisson

Le couchage est un élément central dans la sécurité des jeunes enfants. « C’est la première cause de mort inattendue du nourrisson. On ne le répète jamais assez mais il faut faire dormir l’enfant sur le dos », reprend le médecin. Jamais sur le ventre ou les côtés, positions qui rendent la respiration plus difficile. En 1986, on déplorait une moyenne de 1 500 MIN par an en France. En 1994, le message de prévention « Je dors sur le dos » a fait baisser de 75 % les décès.

Il est conseillé de ne pas surchauffer la chambre où dort l’enfant (entre 18 et 20 degrés) et de privilégier les lits à barreaux pour faire circuler l’oxygène. De se passer d’y installer un tour de lit où le bébé peut plaquer son visage et s’étouffer. D’opter pour un matériel de puériculture qui soit neuf et/ou en excellent état. « On évite ce qui est usé, cassé, rafistolé. »

Quand on utilise un lit parapluie, il faut prendre certaines précautions. La pédiatre du centre de référence de la mort inattendue du nourrisson du CHU de Montpellier prévient : « On a tendance à y rajouter un matelas. Celui d’origine suffit. Quand l’enfant bouge, il peut facilement se glisser entre les deux matelas et un drame est vite arrivé ».

Ne pas trop immobiliser le bébé pour qu’il puisse se défendre, respirer

Les doudous trop gros ou trop nombreux sont à bannir du lit, ainsi que les gadgets et les coussins dans lesquels l’enfant peut s’asphyxier. « Si l’enfant a l’habitude de s’endormir avec son doudou, on l’enlève du lit une fois qu’il dort. » Les plans inclinés, comme les rehausseurs proclive, peuvent être dangereux. « Le bébé va se ratatiner. Le menton va glisser sur le torse. La respiration sera difficile. »

Il faut se passer des cale-têtes, des cale-bébés qui font que l’enfant n’a pas la possibilité de bouger. « Immobilisé, le bébé ne peut se développer normalement et se défendre, dégager ses voies aériennes », ajoute le médecin. L’enfant doit pouvoir être libre dans ses mouvements. Ne pas être trop emmaillotté. « Les turbulettes, encore appelées gigoteuses, sont bien adaptées pour l’aisance de bébé. Elles font d’ailleurs partie des produits phares que l’on inclut dans le sac des mille premiers jours ou le sac de bienvenue remis dans certaines maternités. »

Les transats sont déconseillés pour les tout-petits. Leur inclinaison est parfois trop élevée. L’enfant se tasse, ce qui peut provoquer des gênes respiratoires. L’allaitement maternel offre une protection supplémentaire. « Cela ne veut pas dire qu’il faille obliger les mères à allaiter », nuance le docteur Inge Harrewijn. On estime en effet que l’allaitement maternel, pendant les six premiers mois de l’enfant, réduit le risque de mort inattendue.

Faire dormir l’enfant dans la chambre parentale

Les micro-éveils fragmentent le sommeil. Ce sont des phénomènes que l’enfant gère dès la naissance. Des études ont permis d’établir que les bébés victimes de la mort inattendue du nourrisson (MIN) maîtrisaient moins bien leur respiration, leur fréquence cardiaque. « Il semble qu’ils n’aient pas cette capacité de régulation », observe le docteur Inge Harrewijn, pédiatre au centre de référence de la mort inattendue du nourrisson du CHU de Montpellier et présidente de l’Association nationale des centres de référence de la mort inattendue du nourrisson.

C’est pourquoi l’Organisation mondiale de la santé recommande de garder l’enfant dans la chambre parentale jusqu’à ses six mois. « Je le conseille pour ma part jusqu’à ses un an », précise le médecin. L’enfant doit toutefois dormir dans un lit séparé de celui de ses parents afin de respecter l’intimité de couple de ses derniers, de lui donner des repères, des règles pour qu’il devienne autonome. « En étant dans la même pièce, il y a plus de vigilance et de surveillance. Le bébé sent la présence des parents. Il entend des bruits comme la respiration, les ronflements. Ainsi, son sommeil n’est pas profond et il peut mieux le réguler ».

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