Octobre rose : dix ans de mobilisation contre le cancer du sein

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Par Pascal Lelièvre (article) et Cédric Portal (interview) pour l’ANPM

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© www.e-cancer.fr (AFFSEINAZR14)

Face au cancer du sein, il y a des moyens d’agir : c’est le message délivré par Octobre rose. Cette année, le dépistage généralisé fête ses dix ans d’existence. Dix années de mobilisation pour inviter les femmes de 50 à 74 ans à passer tous les deux ans une mammographie.

Le cancer du sein est la première cause de mortalité par cancer chez la femme (12 000 décès par an). Les traitements de la maladie permettent un taux de survie de 90 % à cinq ans, dès lors que le cancer est diagnostiqué avec une taille inférieure à 1 cm sans envahissement ganglionnaire.

L’incidence du cancer du sein est la plus élevée chez les femmes de 50 à 74 ans. D’où la décision des pouvoirs publics, en 2004, de généraliser une vaste opération de dépistage qui propose aux femmes appartenant à cette tranche d’âge de passer tous les deux ans une mammographie, à partir de leur cinquantième anniversaire.

Pour promouvoir ce dépistage, le mois d’octobre est consacré à une grande opération de sensibilisation, à laquelle les mutuelles participent aux côtés de nombreuses associations. Chaque année, ce sont près de 2,5 millions de femmes qui répondent à cette invitation en prenant rendez-vous chez le radiologue.

 

Une double lecture systématique

La mammographie proposée dans le cadre du dépistage organisé est réalisée dans un centre de radiographie agréé. Par sécurité, une deuxième lecture des radios est systématiquement effectuée. L’ensemble du dépistage (examen clinique et mammographie) est pris en charge à 100 % par la Sécu.

Pourtant, le taux de participation des femmes concernées n’est que de 50 %, alors que le dépistage organisé donnerait sa pleine efficacité avec un taux de 80 %. Certaines personnes passent au travers de la prévention, parce qu’elles appartiennent à un milieu défavorisé ou sont stoppées par le barrage de la langue. Et d’autres femmes préfèrent passer par leur gynécologue pour un contrôle individuel.

 

Frédéric de Bels : « Toucher l’ensemble des femmes »

Frédéric de Bels est responsable du département dépistage de l’Institut national du cancer (Inca). Le dépistage a permis de réduire la mortalité par cancer du sein de 15 à 20 %, rappelle-t-il. Mais des réticences demeurent…

 

Le taux de participation au dépistage organisé du cancer du sein vous paraît-il aujourd’hui satisfaisant ?

Frédéric de Bels – Un peu plus d’une femme sur deux – entre 52 à 53 % – répond favorablement au dépistage organisé du cancer du sein. Après une forte croissance, cette proportion est stable depuis trois années. Bien sûr, on ne peut pas s’en satisfaire, même si l’on sait que 12 % des femmes se font également dépister en dehors de cette campagne. L’objectif, clairement, c’est de faire mieux !

 

Quelles sont les raisons du refus de se faire dépister ?

Frédéric de Bels – Il y a sans doute de la négligence, mais avant tout des freins liés à l’examen, à la peur d’avoir mal, à la gêne, au risque de trouver quelque chose qu’on préfère mettre à distance. Parfois, les freins sont matériels, liés à la distance du centre de radiologie. Mais il y a aussi des questions récentes sur les risques éventuels de l’examen. On parle de « surdiagnostic », de « cancer radio-induit* »… Ces mots font peur.

* Cancer causé par les radiations.

 

Justement, le dépistage présente-t-il un risque ?

Frédéric de Bels – Le risque existe, mais il est infime au regard du nombre de vies sauvées. Toutes les études sérieuses s’accordent à reconnaître que la mise en place du dépistage organisé a permis de réduire la mortalité des femmes par cancer du sein de 15 à 20 %. C’est considérable ! Et rappelons qu’un dépistage précoce permet de guérir un cancer dans 9 cas sur 10. Pour 100 000 femmes dépistées, le nombre de vies épargnées oscille entre 150 et 300, alors qu’on évalue entre 1 et 15 le nombre de décès par cancer radio-induit. La balance « bénéfice-risque » plaide nettement en faveur du dépistage…

 

Comment convaincre les personnes qui ont des réticences à se faire dépister ?

Frédéric de Bels – Il faut expliquer les choses clairement, en répondant sans détour aux questions que les femmes se posent, en rappelant les bénéfices du dépistage sans chercher à occulter les inconvénients. Il convient également de rassurer les femmes sur la prise en charge médicale en cas de diagnostic. Les soins ont beaucoup progressé. L’objectif est de leur donner tous les outils qui leur permettront de prendre une décision éclairée.

 

Existe-t-il des différences liées au milieu socioprofessionnel ?

Frédéric de Bels – Oui. Les 35 % de femmes qui ne bénéficient d’aucun dépistage appartiennent majoritairement aux catégories sociales les plus défavorisées. C’est pour cela que la campagne 2014 cible plus particulièrement ce public, avec une campagne spécifique à la radio et des dépliants en plusieurs langues – dont l’arabe, le turc et le wolof*.

* Wolof : langue parlée au Sénégal, en Gambie et en Mauritanie

 

Voir la vie en Rose malgré le cancer

Journaliste émérite, Céline voit sa vie changer totalement en 2008. À 37 ans, cette jeune maman est diagnostiquée d’un cancer et découvre la difficile condition de femme malade ainsi que le combat quotidien que doivent mener les patients pour obtenir de l’information. De cette expérience va naître un projet fou : créer un newsmagazine à la fois citoyen et féminin, haut de gamme et gratuit pour informer et soutenir les femmes touchées par le cancer… Rose magazine verra le jour en 2011.

 

Pour en savoir plus

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