Piqûre de guêpe : que faire en cas d’allergie ?

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Par Peggy Cardin-Changizi

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Chez la plupart des gens, une piqûre de guêpe va provoquer une douleur locale avec rougeur et œdème, qui vont disparaître en quelques heures. Plus rarement, elle peut aussi déclencher une réaction allergique plus ou moins sévère. Parmi les symptômes : un gonflement sur une dizaine de centimètres, une inflammation sur des articulations avoisinantes voire une urticaire généralisée avec une gêne respiratoire. Ces cas sont rares mais nécessitent rapidement un appel au Samu.

Les beaux jours sont de retour avec leur lot de petits désagréments. Parmi eux, les piqûres d’insectes : moustique, araignée, mais aussi abeille, taon ou guêpe. Les guêpes, abeilles, frelons et bourdons sont des hyménoptères. Ils ont la particularité de piquer avec un dard inoculant ainsi un venin toxique. « Contrairement aux abeilles qui ne piquent que pour se défendre, les guêpes, reconnaissables à leur robe rayée jaune et noir, ont un comportement plus offensif lorsqu'elles cherchent leur nourriture (aliments sucrés et viande notamment) ou si elles sont dérangées près de leur nid », explique le Dr Luc Verhoeven, médecin urgentiste à Bayonne.

Une douleur locale au moment de la piqûre de guêpe

Les guêpes femelles sont les seules à posséder un dard. Elles peuvent piquer plusieurs fois car elles ne le laissent pas dans la peau, contrairement aux abeilles. Il existe plusieurs réactions à une piqûre de guêpe. « Le plus souvent, la piqûre n'entraîne qu'une douleur locale, un gonflement, une rougeur et parfois un léger durcissement autour de la zone piquée », assure le médecin. Des démangeaisons sont possibles. La réaction disparaît en quelques heures. Selon la zone piquée, le gonflement peut être plus important : par exemple au niveau du visage (paupières, ailes du nez, oreilles, lèvres) et du cou. « Une piqûre dans la bouche ou dans la gorge peut ainsi entraîner un œdème volumineux et provoquer une difficulté respiratoire ».

Il existe également un risque toxique lié à un nombre élevé de piqûres de guêpes : au-delà de 20 chez l'adulte mais seulement 4 ou 5 chez un enfant. « Plus les piqûres sont nombreuses, plus la quantité de venin injectée est grande et plus les symptômes risquent d'être importants », souligne le Dr Verhoeven. Parmi eux : fatigue, vomissements, diarrhée, maux de tête, vertiges, malaises pouvant aller jusqu'à la perte de connaissance. « Il peut s’agir d'une urgence vitale ; il faut alors appeler rapidement le Samu ».

Réaction allergique après une seule piqûre de guêpe

Plus rarement, une piqûre de guêpe peut déclencher une réaction allergique plus ou moins sévère. « Le premier stade de la réaction allergique est une réaction importante autour du point de piqûre, explique le Dr Catherine Quéquet, allergologue et auteure du livre « 1001 allergies et intolérances » (éditions l’opportun). Le gonflement s’étend alors sur une dizaine de centimètres, déclenche démangeaisons et brûlures, ou un gonflement de la peau, et ce, plus de 24 heures après la piqûre ». La réaction allergique ne dépend pas de la quantité de venin injectée mais des protéines qui vont entraîner la formation d’immunoglobulines responsables de la réaction allergique.

À un stade plus sévère de l’allergie aux venins d'hyménoptères, l’inflammation peut atteindre une ou deux articulations avoisinantes qui apparaissent également gonflées.

Enfin, « en cas d’urticaire généralisée ou de gonflement au niveau du visage et du cou, avec une gêne respiratoire ou face à un choc anaphylactique (réaction allergique rapide et violente), il faut faire injection d’adrénaline - si on l’a en sa possession - et appeler le Samu au 15 ».

Des facteurs favorisant les formes sévères

Les réactions allergiques se manifestent chez des personnes déjà sensibilisées : c’est-à-dire qu’elles ont déjà été piquées par une guêpe, et ont développé une hypersensibilité qui va entraîner une réaction allergique lors des piqûres suivantes. D’autres facteurs peuvent favoriser des formes d’emblée plus sévères d’allergie aux venins d'hyménoptères. « C’est le cas des personnes âgées, des personnes avec antécédents cardiaques, surtout lorsqu’elles sont sous traitements bêta-bloquant ou d’inhibiteur de l'enzyme de conversion, les personnes asthmatiques mal stabilisées par leur traitement… », détaille l’allergologue.

En cas de réaction allergique, il faut immédiatement appeler le 15 ou le 112 pour un transport d’urgence à l’hôpital. « Les personnes à risque devraient toujours avoir sur elles un stylo d’adrénaline auto-injectable », conseille le Dr Verhoeven. L’injection se fait en intra-musculaire dans la cuisse. « Il est important que l’entourage soit au courant, et qu’il soit en mesure de vous faire la piqûre avant l’arrivée du Samu si vous craignez de la faire vous-même ou si vous êtes dans l’incapacité de la faire », complète le Dr Quéquet. Si la personne n’a pas de stylo d’adrénaline, en attendant le SAMU, il faut l’allonger et lui surélever les jambes.

Une désensibilisation en milieu hospitalier

En dehors de tout phénomène allergique, le premier réflexe à avoir est de désinfecter la zone concernée avec une compresse alcoolisée. « En cas de démangeaison avec rougeur dans les 24 heures, même sans terrain allergique, vous pouvez appliquer une pommade antihistaminique à condition que le dard ait été retiré, et que la piqûre ait été correctement désinfectée », rappelle l’urgentiste. « Si les démangeaisons sont importantes, le médecin traitant peut prescrire des antihistaminiques par voie orale pendant quelques jours ». Après la piqûre, il est recommandé d’approcher une source de chaleur à environ 2 cm. « En revanche, il ne faut jamais appliquer des glaçons sur des piqûres d’hyménoptères car le froid va figer les substances sur place », spécifie le Dr Quéquet.

Face à des réactions allergiques aux piqûres de guêpe, mais aussi d’abeille, la solution est de se faire désensibiliser, selon le résultat du bilan allergologie et l’importance des symptômes. « La désensibilisation consiste en des injections répétées de venin effectuées en milieu hospitalier. Le processus est très efficace, de l’ordre de 80 à 90 % pour la guêpe », assure le médecin allergologue. Ce traitement spécifique dure entre 4 et 5 ans avec un effet récurrent durant de nombreuses années.

Par Peggy Cardin-Changizi

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