Pollution de l’air : des solutions pour mieux respirer

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Par Patricia Guipponi

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Les personnes atteintes de maladies respiratoires, les enfants et les séniors sont les plus exposés aux polluants ambiants. Le point sur les gestes et pratiques à observer.

Son vélo classique dort dans la remise. Franck-Olivier a investi dans un deux-roues électrique, afin de moins peiner quand il sillonne les rues de Paris. S’il ne rechigne pas à l’effort, ses ennuis de santé le freinent dans son élan. Franck-Olivier est asthmatique depuis sa plus tendre enfance. Pédaler avec une bicyclette traditionnelle lui coupe la respiration. Surtout aux heures où la circulation automobile encombre la capitale. Que les pots d’échappement crachent à plein régime. « Avec l’assistance électrique, je me sens moins agressé par la pollution ». Là où d’autres ne seraient nullement gênés, lui souffre. « Je fais partie des individus dits vulnérables ». Comme le sont les enfants, les séniors, les personnes atteintes de maladies respiratoires. « La pollution de l’air a un impact manifeste sur moi ». Et sur Lise, sa fille de deux ans et demi, asthmatique elle aussi. « Elle prend de la cortisone et est habituée aux séjours aux urgences ».

Un fléau, équivalent à la cigarette

Les dernières études parues ne rassurent pas vraiment le père de famille. Selon, celle publiée dans la revue European heart journal, la pollution de l’air serait responsable de la mort de 8,8 millions de personnes par an dans le monde, dont 67 000 en France, chiffres plus élevés que ceux avancés par l’Organisation Mondiale de la Santé. « La pollution n’est pas la cause directe de nos problèmes, à Lise et à moi, mais elle ne les arrange pas », observe Franck-Olivier. Il milite depuis un certain nombre d’années pour que les « pouvoirs publics prennent conscience de ce scandale sanitaire ». Et a rejoint les rangs de l’association Respire, qui lutte pour la prévention et l’amélioration de la qualité de l’air. À sa tête, Olivier Blond prend, lui aussi, très au sérieux les chiffres dévoilés. « La pollution de l’air est un fléau équivalent à la cigarette. Alors est-ce que l’on crie trop au loup ? Est-ce que ces études sont anxiogènes ? Je ne le crois pas. Les faits sont là ! ». Le très actif président de Respire pointe du doigt la « frilosité » de l’État : « Il y a de bonnes initiatives sur le plan local, il faut l’admettre, or rien n’est coordonné à plus grande échelle. Pourquoi ne prend-on pas exemple sur la lutte contre l’insécurité routière ? ». Et de citer les engagements forts, initiés pour limiter le nombre d’accidents fatals sur les routes. « Un comité interministériel a été créé. Tout ce qui a été mis en place a fonctionné. En trente ans, on est passé de 20 000 à 3 500 décès ».

Réduire ses déplacements et privilégier la marche et le vélo

Dans son livre Respirez ! Solutions pour lutter contre la pollution de l’air*, Olivier Blond développe un certain nombre de pratiques facilement applicables. Comme celle de se déplacer à pied ou à vélo, pour les petites et moyennes distances, plutôt que de prendre son véhicule. Ou encore de privilégier le télétravail. « Ça ne s’adapte pas à toutes les professions, mais dans certains domaines, c’est possible. Il suffit que les entreprises jouent le jeu. Un jour par semaine, ce serait déjà bien ». Les effets seraient bénéfiques à plus d’un titre : « On est moins exposé à la pollution, on dépense moins de gasoil, on est bien plus productif ». À plus long terme, Olivier Blond prêche pour la relocalisation du travail, car remettre l’activité professionnelle au plus près des gens « diminuerait les soucis de mobilité ». Se chauffer est aussi un sujet à repenser. « Toutes les combustions émettent des éléments toxiques. Les feux de cheminée sont les pires. En vallée de l’Arve, près de Chamonix, une politique de subventions a permis aux gens de s’équiper de dispositif, tels que l’insert, pour modérer la pollution. L’Essonne a suivi le même chemin ».

Soutenir la recherche pour mieux appréhender la pollution

Jean-Philippe Santoni est pneumologue bénévole à la Fondation du Souffle, dont l’une des principales missions est la prévention et la lutte contre les maladies respiratoires. Il rejoint le président de Respire sur la plupart des solutions évoquées. « Il faut se réapproprier les modes de transports actifs comme la marche, la trottinette, le vélo, combinés à des transports en commun mieux adaptés. Lyon, Strasbourg l’ont bien compris en ayant des infrastructures cyclistes bien plus qualitatives qu’à Paris ». Pour la pollution intérieure, aérer, ventiler les locaux aux heures fraîches de la journée, en évitant les périodes où la circulation est dense, est aussi une mesure salutaire. Se passer des produits d’entretien, comme les sprays, et préférer le vinaigre blanc et le bicarbonate de soude. « Par ailleurs, il faut en finir avec le tabac. C’est un polluant collectif ! », poursuit le médecin. Soutenir la recherche afin de mieux comprendre les causes et les conséquences de la pollution est capital. « Il est nécessaire de travailler ensemble, avec les pouvoirs publics. D’arrêter de dramatiser, d’extrapoler les statistiques. Il faut surtout agir ». Jean-Philippe Santoni insiste : la pollution de l’air n’est pas LA cause des maladies respiratoires, « mais c’est un facteur aggravant, qui provoque des exacerbations. Alors, soyons vigilants et actifs ! ».

*Respirez ! Solutions pour lutter contre la pollution de l’air, préface de Yann Arthus-Bertrand. Aux éditions Eyrolles.

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