Presbytie : quelles sont les solutions pour bien voir de près ?

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Par Geneviève Allaire

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Évolution naturelle et inéluctable, la presbytie affecte l’ensemble de la population à partir d’un certain âge, y compris les personnes déjà corrigées pour un autre défaut visuel. Afin d’y remédier, plusieurs solutions sont proposées.

En moyenne à partir de 44 ans, l’œil perd progressivement la faculté d’accommoder, c’est-à-dire de faire la mise au point pour la vision de près. Dès les premières difficultés ressenties, il est conseillé de consulter un ophtalmologue. En règle générale, la presbytie s’accroît rapidement jusqu’à environ 50 ans puis augmente à un rythme plus lent jusqu’aux alentours de 70 ans. La médecine n’a pas encore trouvé le moyen de prévenir ce trouble visuel, une correction s’avère donc indispensable pour améliorer la vision de près.

Choisir entre des verres loupes, unifocaux, progressifs et des lentilles

Le port de lunettes est le moyen le plus courant de corriger la presbytie. Les verres unifocaux permettent la vision de près mais sont à retirer pour voir de loin. Ce sont, par exemple, les lunettes loupes vendues en pharmacie, suffisantes pour lire de près. On peut également s’équiper de verres unifocaux plus personnalisés et adaptés à sa vision chez un opticien si l’on a une prescription médicale. Les verres progressifs sont constitués d’une correction pour voir de loin dans la partie haute et d’une correction pour lire de près dans la partie basse. Elles sont destinées aux personnes qui avaient déjà un défaut visuel (myopie, hypermétropie, astigmatisme), le verre correcteur pour la vision de loin intégrant le défaut optique propre de la personne. Du fait d’une double correction pour chaque œil, le coût des verres progressifs est élevé. Une faible proportion de patients ne parvient pas à s’adapter aux verres progressifs, ce qui les contraint à jongler entre deux paires de lunettes unifocales, l’une pour voir de près, l’autre pour voir de loin.

Des offres sans reste à charge avec le 100 % santé

Autre possibilité pour les presbytes souhaitant s’affranchir des lunettes : le port de lentilles multifocales qui permettent de voir à la fois de près et de loin. Selon le Dr Liem Trinh, praticien hospitalier au Centre hospitalier national d'Ophtalmologie des Quinze-Vingts, « Toutes les personnes ne sont pas de bonnes candidates car il faut s’assurer que l’œil n’est pas trop sec, que le port de lentilles est bien supporté et que la vision de loin et de près est bonne. Les lentilles multifocales sont un compromis entre la vision de loin et de près, c’est-à-dire qu’il y a une petite perte de vision de loin au profit de la vision de près. Autrement dit, la correction sera moins efficace que si l’on porte des lunettes ». L’adaptation de lentilles multifocales par un contactologue, c’est-à-dire un opticien spécialiste, est conseillée pour parvenir au meilleur résultat possible. Pour l’achat de lunettes, il est recommandé de demander un devis à plusieurs opticiens afin de comparer. Ces professionnels ont en effet l’obligation de remettre un devis gratuit comportant une série d’informations (plusieurs offres de verres dont une relevant du 100 % santé, montant pris en charge par la complémentaire santé, délai de livraison, etc.). Pour les montures et les verres, chaque opticien est en mesure de proposer plusieurs offres adultes et enfants de la gamme « 100 % santé ». Enfin, selon le contrat, certaines complémentaires santé remboursent partiellement les lentilles de contact, quel que soit leur type, si elles ont fait l’objet d’une prescription médicale.

Chirurgie réfractive : un œil pour voir de près, un œil pour voir de loin

La chirurgie réfractive de la presbytie est une autre solution pour atténuer ce défaut visuel, notamment auprès des personnes qui en ont assez de porter des lunettes. La technique LASIK (PresbyLASIK) consiste à corriger un œil pour lui permettre de voir de loin (l'œil préféré ou dominant) et l'autre œil pour la vision de près (œil dominé). L’œil dominant apporte des informations plus précises au cerveau, notamment sur la localisation des objets. Après une chirurgie réfractive, c'est l'addition de la vision des deux yeux par le cerveau qui permet de voir sans lunettes, quelle que soit la distance. La chirurgie de la presbytie ne restitue donc pas la vision que l’on a à 20 ans car il n'y a pas de vision de loin et de près sur chaque œil.
Les candidats potentiels à la chirurgie réfractive de la presbytie ne doivent pas souffrir de sécheresse oculaire, ni avoir une cornée fine, une maladie oculaire ou une cataracte. « Les objectifs de l’opération doivent être en ligne avec les attentes du patient. C’est pourquoi il est indispensable que le chirurgien explique les résultats attendus. En effet, cette opération est un compromis car l'indépendance aux lunettes se fait légèrement au détriment de la qualité de vision. Il n'y aura plus de vision binoculaire parce qu’un seul œil verra de loin et un seul œil verra de près », explique le Dr Liem Trinh.

Avec l'opération, se passer de lunettes ne sera que temporaire

L’opération n’est pas recommandée non plus pour les personnes ayant été opérées auparavant de la myopie au laser. « Une telle intervention nécessiterait de réintroduire de la myopie sur un œil pour voir de près, alors que la myopie avait été retirée ultérieurement, ce qui n’est pas anodin. Second constat : toute reprise chirurgicale contient des risques (infection, invasion épithéliale) et la balance bénéfice/risque n’est pas favorable. Mieux vaut attendre que le patient ait une cataracte (perte de transparence du cristallin qui entraîne des troubles de la vision) afin d’être opéré de celle-ci, en profiter pour corriger la presbytie et l’affranchir des lunettes dans le même temps, grâce à un implant intraoculaire posé lors de l’intervention », précise le Dr Liem Trinh.
Les patients doivent être informés de conséquences post-opératoires. En premier lieu, la vision sans lunettes après l'opération sera légèrement moins nette qu'avec lunettes avant l'opération. Un bon éclairage est également nécessaire pour lire de près sans lunettes après l'opération. Enfin, une paire de lunettes d'appoint sera probablement utile pour reposer les yeux ou améliorer la vision lors de certaines activités (conduite de nuit ou lecture de livres, par exemple). De plus, la presbytie continuant à évoluer avec l’âge, le besoin de porter des lunettes d'appoint augmentera avec les années. Ainsi, se passer de lunettes sera temporaire puisque la presbytie reprendra tôt ou tard le dessus. Il est aussi à noter que le cerveau a besoin d’environ trois mois pour s'habituer à cette nouvelle vision, dite « en bascule ». « Le meilleur âge pour se faire opérer au laser de la presbytie se situe entre 45 et 55 ans car la presbytie n’est pas encore très évoluée et la vision de près obtenue sur l’œil dominé est suffisante pour lire de près sans lunettes la plupart du temps », estime le Dr Liem Trinh. En général, le prix d’une chirurgie réfractive varie entre 1 000 et 2 000 euros par œil. Ces dépenses ne sont pas prises en charge par la Sécurité sociale. Certaines garanties des complémentaires santé prennent partiellement ou totalement ces coûts en charge.

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