Psoriasis : démêlez le vrai du faux

Publié le

Par Natacha Czerwinski

Temps de lecture estimé 8 minute(s)

Illustration
© Getty Images

Le psoriasis est une maladie de peau fréquente de mieux en mieux identifiée et prise en charge. Mais ses causes restent encore assez mystérieuses et les idées reçues qui l’entourent sont nombreuses.

On estime qu’en France le psoriasis touche 2 à 3 % de la population, soit entre 1,5 et 2 millions de personnes. Pourtant, cette maladie de peau reste encore largement méconnue. Selon un sondage réalisé en octobre 2019 pour l’association France Psoriasis, 61 % des 18-30 ans déclarent ainsi ne pas savoir ce qu’est le psoriasis. Qui plus est, 9 jeunes sur 10 ont au moins une fausse croyance sur cette pathologie. Alors, pour démêler le vrai du faux, suivez le guide…

C’est une maladie à l’évolution imprévisible.

Vrai. Le psoriasis est une maladie inflammatoire chronique due à un dysfonctionnement du système immunitaire. Elle est la conséquence d’un renouvellement anormalement rapide (3-4 jours au lieu de 21) des cellules de l’épiderme, les kératinocytes. Cette affection, aux causes encore inconnues, évolue par poussées de fréquence et d’intensité variables et se manifeste le plus souvent par d’épaisses plaques rouges recouvertes de fragments de peau blanchâtre et sèche qui se détachent : les squames. Ces lésions peuvent causer démangeaisons, irritations et brûlures.

« C’est une maladie très hétérogène dès le départ, souligne le Dr Pierre-André Bécherel, dermatologue et membre du comité scientifique de ResoPso*. Certaines personnes font par exemple un "petit" psoriasis limité au cuir chevelu, d’autres un psoriasis diffus avec des plaques sur tout le corps. Et on ne sait pas, pour l’instant, pour quelles raisons les gens se retrouvent avec des formes plus ou moins étendues. »

C’est une maladie contagieuse.

Faux. Cette idée reçue est sans doute la plus répandue, et la plus discriminante pour les patients. Il n’y a pourtant aucune raison d’éviter les contacts avec les personnes atteintes de psoriasis.  Cette maladie étant auto-immune, elle ne peut pas « s’attraper » en serrant la main ou en embrassant quelqu’un. « Le psoriasis est lié à la personne elle-même, à son système immunitaire qui se dérègle, et il n’y a aucun risque de contagion », martèle le Dr Bécherel.

Le psoriasis est lié à l’hygiène.

Faux. Il n’est malheureusement pas rare que les malades essuient des remarques concernant leur manque d’hygiène. Celles-ci sont totalement injustifiées. « Les grosses plaques typiques du psoriasis donnent un air "sale" à la peau, mais ces inflammations ne sont aucunement liées à un défaut de soin externe », rappelle le Dr Bécherel.

Qui plus est, le psoriasis n’étant pas une maladie allergique, il n’existe aucune contre-indication à utiliser du maquillage, notamment pour cacher ses lésions au quotidien si on le souhaite.

Le psoriasis est une maladie génétique.

Vrai et faux. « Certes, le psoriasis a une part héréditaire : chez 20 % des personnes porteuses, on retrouve des antécédents familiaux, indique le spécialiste. Mais cela signifie aussi que dans 80 % des cas, la génétique n’explique pas l’apparition de la maladie… On n’a pas identifié de gène unique responsable du psoriasis (comme dans le cas de la myopathie, par exemple), ce qui veut dire qu’il n’y a pas de "fatalité". Ce n’est pas parce que vos parents ont un psoriasis que vous allez en développer un, et ce n’est pas non plus parce que vous êtes touché que vous allez forcément le transmettre à votre enfant. »

Le psoriasis, « c’est dans la tête ».

Faux. Les poussées de psoriasis peuvent être déclenchées par de multiples éléments tels que les changements de saison, les traumatismes cutanés (les zones de cicatrices sont propices à l’apparition de lésions), les frottements, la prise de certains médicaments (notamment le lithium et certains bêtabloquants) mais aussi le stress. Toutefois, il est faux de dire que les émotions et les angoisses expliquent à elles seules la maladie.

« Sur un terrain génétique favorable, les situations de stress (qu’elles soient personnelles ou professionnelles) sont des facteurs déclencheurs connus, résume le Dr Bécherel. Faire du yoga, de la sophrologie ou consulter un professionnel peut aider les patients qui en ressentent le besoin. Mais cet accompagnement n’est pas une solution définitive au psoriasis, car il ne s’agit pas d’une maladie psychosomatique. »

On ne peut pas guérir du psoriasis.

Vrai. « L’immunité d’une personne ne peut pas être changée, donc il n’y a pas de guérison au sens propre du terme, fait remarquer le Dr Bécherel. Toutefois, certains malades peuvent connaître des années de rémission. C’est souvent à l’occasion d’un stress important (licenciement, accident…) que le psoriasis réapparaît. »

Mais qui dit absence de guérison ne dit pas absence de traitement. Il existe en effet aujourd’hui de nombreuses solutions thérapeutiques qui réduisent les symptômes de la maladie et améliorent grandement la qualité de vie des patients.

« Il y a une gradation des traitements selon la gravité, détaille le dermatologue. Pour les formes bénignes qui touchent par exemple le cuir chevelu, on oriente les patients vers des lotions ou des shampooings adaptés. Lorsque la personne présente quelques plaques sur la peau, les crèmes ou pommades à base de cortisone ou de vitamine D sont très efficaces. Enfin, pour les formes sévères et étendues, les nouveaux traitements dits de biothérapies** sont bien tolérés et permettent, dans l’immense majorité des cas, de faire disparaître 90 % des plaques. »

On peut développer un psoriasis à tout âge.

Vrai. Si cette maladie débute généralement chez l’adulte jeune (entre 20 et 30 ans), les enfants peuvent aussi être touchés par le psoriasis. Environ un tiers des cas se déclare ainsi avant 20 ans. On note toutefois chez les plus jeunes des cas de guérison définitive, notamment dans les formes dites « en gouttes » consécutives aux angines à streptocoque. Ces cas particuliers de psoriasis peuvent se dissiper d’eux-mêmes au bout de quelques mois.

Le soleil est bénéfique pour le psoriasis.

Vrai. « Le soleil améliore incontestablement le psoriasis car les rayons UV ont un rôle immunosuppresseur, c’est-à-dire qu’ils vont ralentir le renouvellement des cellules de la peau, décrit le Dr Bécherel. Mais attention, ce n’est que transitoire (le soleil ne fait pas disparaître la maladie et les plaques reviennent à leur état antérieur après l’exposition) et les conséquences à long terme des UV sont néfastes. Avoir un psoriasis n’est pas un blanc-seing pour s’exposer de façon excessive ! Il faut donc faire preuve d’un peu de bon sens et éviter les coups de soleil. Car les malades psoriasiques ont les mêmes risques que n’importe qui de souffrir d’un cancer de la peau. »

C’est uniquement une maladie de peau.

Faux. Si le psoriasis se manifeste principalement au niveau de l'épiderme, il peut aussi toucher d’autres parties du corps, telles que les ongles ou les muqueuses (bouche, parties génitales). Qui plus est, 20 % des malades développent un rhumatisme psoriasique qui se traduit par une inflammation des articulations causant douleurs et gonflements. En règle générale, le rhumatisme psoriasique se manifeste 5 à 10 ans après l’apparition des symptômes cutanés (dans certains cas rares, le rhumatisme psoriasique peut toutefois précéder le psoriasis cutané).

En cas de psoriasis sévère, la vie sociale et professionnelle peut aussi être fortement impactée et plonger les malades dans un état dépressif. « Nous voyons des patients en grande souffrance psychique qui se sont isolés, ont réduit leurs activités et parfois perdu leur vie de famille, confirme le Dr Bécherel. La peau est l’interface avec laquelle nous interagissons dans la société. Alors, dès que quelque chose de disgracieux apparaît, cela a des conséquences majeures sur le rapport à l’autre. »

Des études ont également montré que les personnes atteintes de psoriasis auraient deux fois plus de risques de développer une pathologie cardiovasculaire (infarctus du myocarde, diabète de type 2…) que les autres.

Le psoriasis nécessite d’adopter un régime alimentaire spécifique.

Vrai et faux. Contrairement à certaines théories circulant sur le web, aucune étude scientifique n’a jamais prouvé que l’alimentation jouait un rôle dans le psoriasis. « Les régimes sans gluten ou sans lactose ne changent rien », insiste le Dr Bécherel.

À lire aussi : Vrai/faux sur le gluten

Toutefois, il est préférable – comme pour tout un chacun – de faire attention à son poids et de limiter sa consommation de tabac et d’alcool, d’autant plus que le psoriasis est une maladie aux mécanismes encore flous. « Il est vrai que les patients psoriasiques fument davantage et sont plus souvent obèses que la population générale, poursuit le praticien. Mais fument-ils ou mangent-ils de façon excessive parce qu’ils sont stressés par leur maladie ou bien le tabac et le surpoids sont-ils des facteurs déclencheurs des poussées ? À l’heure actuelle, la question n’est pas tranchée. »

* Créée en 2010, l’association ResoPso s’emploie à améliorer la connaissance et la prise en charge du psoriasis. Elle compte près de 1 000 médecins (généralistes et dermatologues).

Un escape game virtuel sur le psoriasis

Vous avez envie d’en savoir plus sur le psoriasis et vous vous sentez l’âme d’un enquêteur ? Citizen Pso est fait pour vous ! Cet outil pédagogique gratuit, sous forme d’escape game virtuel, vise à sensibiliser et informer le grand public et les patients sur cette pathologie encore largement méconnue.

Dans cette expérience immersive (celle-ci est proposée par le laboratoire Janssen, en partenariat avec l’association France Psoriasis et un comité d’experts pluridisciplinaire), les participants sont invités à aider Nadim, un jeune homme de 18 ans passionné de sport et atteint de psoriasis. Ils ont 25 minutes pour trouver des indices disséminés dans sa chambre et résoudre une enquête. L’objectif ? Tordre le cou aux clichés de façon ludique.

Commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.
Tous les champs sont obligatoires.

Ce site utilise un système anti- spams pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Cette question sert à vérifier si vous êtes un visiteur humain ou non afin d'éviter les soumissions de pourriel (spam) automatisées.

A découvrir