L’allergologue hospitalière Joëlle Birnbaum explique comment agir face aux différentes réactions possibles en cas de piqûres de guêpes ou d’abeilles.
Joëlle Birnbaum : La guêpe, comme le frelon, peut se montrer agressive, surtout quand elle cherche à manger. Elle est notamment attirée par les mets sucrés sur la table du repas. Elle est capable de piquer plusieurs fois de suite.
L’abeille ne se nourrit que du nectar des fleurs et reste dans son environnement pour butiner. Elle ne pique que si elle se sent menacée, de même que le bourdon, qui est encore plus paisible.
Contrairement au dard de la guêpe, celui de l’abeille est harponné, c’est pourquoi il reste accroché au point de piqûre. Elle le perd alors, en même temps qu’une partie de son abdomen, ce qui entraîne sa mort.
À savoir : le frelon asiatique n’est pas plus agressif que le frelon européen. Il ne suscite pas non plus davantage d’allergies.
J.B. : Éloignez-vous du lieu où vous avez été piqué, puis vérifiez si le dard est présent. Il faut alors le retirer, mais sans pincer (avec les doigts ou une pince) sinon vous risquez d’appuyer sur la poche à venin – reliée au dard – et d’en réinjecter dans la plaie. Faites plutôt glisser une lame de couteau ou une carte de crédit à la surface de la peau. Puis n’oubliez pas de désinfecter. Contrairement à ce que l’on entend parfois dire, poser un glaçon sur la zone concernée risque d’aggraver la situation. Cela comprime en effet les vaisseaux sanguins et ne fait que retarder la diffusion du venin.
La réaction normale consiste en une inflammation locale. À l’endroit de la piqûre, la peau devient rouge, elle gratte et enfle pour former un « bouton » qui peut grossir pendant vingt-quatre heures, sans dépasser dix centimètres de diamètre. Évitez de le gratter, il disparaît après deux à quatre jours.
À savoir : en cas de piqûres nombreuses – si une ruche se renverse sur vous par exemple – la réaction, toxique, est potentiellement très grave. Cela peut entraîner une paralysie neuromusculaire, voire la mort. Contactez le 15.
J.B. : Il peut y avoir une réaction « locorégionale » : elle s’étend alors sur plus de dix centimètres, ce qui est parfois impressionnant. Une piqûre sur le doigt aura un effet jusqu’au coude. Un médicament antihistaminique, voire un corticoïde prescrit sur ordonnance, permettent de limiter l’inflammation.
Quand la réaction allergique est générale, les symptômes ne se déclarent pas dans la zone piquée, mais dans tout le corps. Et très rapidement, sous une trentaine de minutes. Il peut s’agir d’une urticaire généralisée ou d’œdèmes, au minimum. Au pire, la piqûre provoque des troubles digestifs (diarrhée, vomissements…), des difficultés respiratoires et cardiaques, voire une perte de connaissance.
Si l’allergie est déjà connue, la personne est censée avoir avec elle une trousse de secours contenant de l’adrénaline auto-injectable. Sinon, il faut appeler le 15.
À savoir : dès l’instant où la réaction ne se situe pas au niveau du point de piqûre, il est conseillé de consulter un allergologue. Il pourra éventuellement prescrire un traitement de désensibilisation. Cela consiste à injecter à la personne des petites doses de venin, régulièrement et pendant quelques années, pour que le corps « s’habitue » à l’allergène.
J.B. : Bien sûr, il faut éviter de marcher pieds nus sur l’herbe. Quand on est en présence de guêpes ou d’abeilles, mieux vaut rester calme, ne pas faire de mouvements brusques. Ne pas stresser, même si c’est parfois difficile. Enfin, les parfums et les couleurs vives ont tendance à attirer ces insectes.
Contactez le service d’informations de l’association Asthme et allergies au numéro vert : 0800 19 20 21 (appel gratuit).