Cinq questions sur le ronflement au quotidien

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Par Pauline Hervé

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Le ronflement impacte la vie quotidienne, sociale et professionnelle du ronfleur et de son entourage. Mieux vaut consulter car il peut aussi avoir des conséquences sur la santé (hypertension, AVC…) et le traiter.

Est-il normal de ronfler ?

NON. « Sauf circonstances particulières, comme une rhinite ou un bon repas avec consommation d'alcool... Il n'est pas normal de ronfler la nuit », prévient le Dr Joëlle Huth, chirurgienne ORL spécialisée dans les apnées du sommeil. Le ronflement correspond à la vibration des tissus mous du voile du palais, au niveau du pharynx situé à l’arrière de la gorge. Lorsque ceux-ci s'affaissent, quelle qu'en soit la raison, ils gênent la bonne circulation de l'air et génèrent des vibrations.
Il peut y avoir de multiples explications passagères à ce phénomène, comme le nez bouché en cas de rhinite, le « ramollissement » des muscles sous l'effet de l'alcool ou de certains médicaments. Le fait de dormir sur le dos accroît aussi le risque de ronfler. Mais un ronflement régulier et fort n'est pas naturel. « On doit toujours en chercher la cause », souligne Joëlle Huth. Surtout parce qu'il est souvent le signe d'apnées du sommeil, qui, elles, présentent des conséquences sur la santé.
Chez les enfants, en particulier, il est crucial de consulter en cas de ronflements. « Les enfants ronfleurs ont de grandes probabilités de devenir, ou d'être déjà, sujets à des apnées du sommeil », explique l'ORL. Dans ce cas, elle conseille de consulter un ORL pour déterminer les causes du ronflement.  « Souvent, chez les enfants, cela est dû à la présence de grosses amygdales ou de végétations, un tissu situé dans les fosses nasales, qui aide à se défendre contre virus et bactéries, mais qui, s'il grossit trop, obstrue les voies nasales », précise-t-elle.

Ronfler la nuit a-t-il un impact sur la vie quotidienne ?

OUI. « La plupart des personnes qui consultent pour des ronflements n'en sont pas gênées elles-mêmes, explique Joëlle Huth. D'ailleurs, même à 90 décibels (bruit d'un train à 25 mètres de distance), leurs propres ronflements ne les réveillent pas, pour des raisons que l'on ne s'explique pas ».
En revanche, le conjoint, la conjointe ou les collègues, pour les professionnels qui dorment en gardes collectives (pompiers, militaires...), sont très dérangés. Le premier impact de la ronchopathie (nom scientifique du ronflement) concerne donc bien souvent la vie conjugale ou sociale. Et c'est souvent le couple qui trinque : 44 % des Français ont déjà eu au moins une dispute en raison des ronflements, selon une étude Ifop sur le sommeil.

Les ronflements ont-ils un effet négatif sur la santé ?

OUI. Plusieurs études scientifiques ont montré que, chez les ronfleurs chroniques, le risque de durcissement de la paroi (athérosclérose) de la carotide s’avère plus important. Et ce, proportionnellement à l'intensité du ronflement. On l'explique par la proximité de cette artère, située dans le cou, avec le pharynx et ses vibrations.
En cas d'athérosclérose, le risque d'accident vasculaire cérébral (AVC) est plus grand. « On observe aussi davantage d'hypertension matinale chez les ronfleurs », souligne le Dr Huth.
Et ces phénomènes ont été observés même en cas de ronflement dit « primaire », celui, qui ne joue pas sur la quantité d'air dans les poumons pendant le sommeil. Une fois écartée la possibilité d'apnées du sommeil grâce à un enregistrement du sommeil (polysomnographie), à domicile ou dans un centre spécialisé   on peut parler de ronflement primaire.

Des traitements peuvent-ils diminuer ou supprimer les ronflements ?

OUI. Les premières mesures à prendre concernent l'hygiène de vie. « Éviter le tabac et l'alcool le soir, perdre du poids si besoin, traiter les allergies s'il y en a, et bien se laver le nez, de façon quotidienne et importante, avec un spray d'eau hypertonique », détaille Joëlle Huth.
Enfin, « si le ronflement est d'origine positionnelle », il existe des petits dispositifs à sangler sur le thorax ou le front, qui vibrent quand le dormeur se met sur le dos. « Et beaucoup de système D également, sourit Joëlle Huth : coudre une frite de piscine ou des balles dans le dos de son pyjama, par exemple. » L'ORL qualifie en revanche d'inutiles les sprays et pastilles anti-ronflements vendus dans le commerce : « un simple lavage de nez est tout aussi efficace ».

Faut-il consulter un ORL pour des ronflements ?

OUI, dans certains cas. Si les ronflements ne diminuent pas avec les changements d'hygiène de vie, Joëlle Huth conseille de consulter un ORL qui va rechercher leur origine. « On vérifie la taille des amygdales, la présence de polypes dans le nez, une déviation de la cloison nasale, ou encore un problème entre la taille de la langue et celle de la cavité buccale... »
L'ORL ajustera le traitement selon l'origine des ronflements : chirurgie des amygdales ou du nez, port de ce que l’on appelle couramment une « gouttière » (orthèse d'avancée mandibulaire pour les spécialistes) durant la nuit.
Il peut aussi proposer une petite intervention chirurgicale pour remodeler ou durcir les tissus du palais ou de la luette, dont les vibrations créent le ronflement. Aucune de ces interventions n'est prise en charge par l'Assurance Maladie dans le cadre du traitement d'un ronflement seul. Elles le sont pour les apnées du sommeil.

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