Il appartient à la famille des filovirus, comme le virus de Marburg moins connu mais tout aussi dangereux. Ces virus très contagieux et très virulents sont responsables d’épidémies de fièvre hémorragique en Afrique. Selon des études récentes, certaines chauves-souris africaines sont le réservoir naturel du virus Ebola : elles sont porteuses mais ne sont pas malades.
Par ailleurs, le virus infecte aussi des singes mais, dans ce cas, il provoque le même type de symptômes que chez l’homme. On pense que les premières contaminations ont eu lieu à cause de cadavres ou de viande de singes infectés. En Afrique de l’Ouest, il arrive en effet que l’on chasse et consomme du singe.
Au départ, ils sont de type syndrome grippal avec fièvre et douleurs. Puis très vite, quelques jours à peine après la contamination, des hémorragies externes et internes se déclarent. Le malade vomit et défèque du sang. Si aucun soin n’est entrepris, la personne décède rapidement.
Selon l’Organisation mondiale de la Santé, le taux de mortalité peut atteindre 90 %. Au début de l’épidémie, il avoisinait les 75 %. Aujourd’hui, il est encore de 35 à 40 %, ce qui reste très élevé.
Actuellement, il n’existe aucun traitement spécifique contre le virus Ebola. La seule réponse médicale est symptomatique, il s’agit de limiter la fièvre et les dégâts liés aux hémorragies, en prenant en charge les malades dans des services de réanimation. Il faut aussi les isoler et protéger méticuleusement les soignants, ce qui est extrêmement lourd à organiser. Certains patients guérissent avec les soins médicaux adaptés à leur cas, rappelle l’Organisation mondiale de la Santé.
Et face à l’urgence de la situation, l’OMS a autorisé le lancement d’essais pour tester des sérums, des antiviraux et probablement aussi des vaccins.
Mieux vaut ne pas voyager dans les pays les plus touchés (Liberia, Sierra Leone…) car ce sont des pays déstabilisés par l’ampleur de l’épidémie. Si toutefois on doit se rendre dans ces régions, il est recommandé de ne pas consommer de viande de singe, ni de fréquenter des lieux où peuvent se trouver de la viande ou des cadavres de singes (forêt tropicale, marchés, restaurants locaux…).
Par ailleurs, il ne faut pas être en contact direct avec des malades ou participer à des rites funéraires. Dans cette région du monde, les soins apportés aux morts sont en général réalisés par les proches. Or, c’est précisément dans les 48 heures qui suivent le décès que le risque de contamination est maximal, car c’est à ce moment-là que le corps contient le plus de virus.
Et évidemment, il faut immédiatement consulter en cas de fièvre et/ou de syndrome de type grippal.
A priori non, selon les experts. Plusieurs raisons : d’abord les espèces de chauves-souris qui constituent le réservoir naturel du virus et les singes n’existent pas à l’état sauvage en France. Ensuite, le virus ne se transmet pas par voie aérienne comme la grippe par exemple, mais uniquement par contact avec des fluides corporels, ce qui est plus facile à contrôler.
En France, les risques de propagation sont extrêmement limités car le système de santé est mieux organisé et surtout il a les moyens de repérer, d’isoler et de prendre en charge ce type de maladies dans des services de réanimation. Enfin, les rites funéraires sont très différents dans notre pays.
Le virus se transmet par contact direct avec des fluides corporels (sang, salive, urine, lait maternel, sperme, sueur…) des personnes infectées, vivantes ou non, ou avec des objets qui ont été contaminés par les fluides corporels de patients infectés (aiguilles…).
Il ne se transmet pas par l’air ambiant (contrairement à la grippe), par échange d’argent ou de marchandises, par la natation en piscine, par les moustiques…
Par ailleurs, une personne infectée n’est pas contagieuse durant la période d’incubation (de 2 à 21 jours, avec une moyenne de 8 jours), c’est-à-dire avant que les premiers symptômes n’apparaissent.
Source : Ebola.sante.gouv.fr
Le point de vue de Pr Philippe Brouqui, spécialiste des maladies infectieuses et tropicales à l’Institut hospitalier universitaire Méditerranée Infection (Marseille).
« L’Afrique de l’Ouest a déjà connu plusieurs épidémies liées au virus Ebola au cours du XXe siècle, mais jamais elles n’ont atteint une telle ampleur.
Cette fois, cela a démarré en mars dernier en Guinée. Dès le mois suivant, les premiers cas étaient détectés au Liberia, un pays limitrophe, puis en mai l’épidémie s’est étendue à la Sierra Leone. En juin, alors que le bilan dépassait les 350 morts, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a tiré le signal d’alarme, parlant d’une crise sans précédent. En juillet, le virus a atteint Lagos, la capitale du Nigeria qui est aussi la plus grande ville d’Afrique (20 millions d’habitants, ndlr). Début novembre, le bilan dressé par l’OMS a dépassé 14 500 cas et 4 800 morts.
Les modèles d’épidémies aiguës telles que celle-ci nous laissent à penser qu’à un moment, elle va atteindre une phase plateau, puis s’affaiblir peu à peu. Mais il est impossible aujourd’hui de savoir combien de temps elle va durer et combien de personnes elle va toucher d’ici là. »