Santé mentale des Français : une étude tire le signal l’alarme

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Par Solal Duchêne

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La santé mentale des Français reste très inquiétante malgré le recul de la pandémie. Selon une étude*, 47 % des Français présentent des symptômes dépressifs, et plus d’un quart fait l’objet d’une suspicion de trouble d’anxiété généralisée. Pourtant, la santé mentale demeure un mal méconnu des Français, qui peinent à identifier leurs symptômes.

La statistique fait froid dans le dos : un Français sur cinq a déjà pensé qu’il vaudrait mieux qu’il soit mort, ou a songé à se blesser. C’est ce que révèle une étude Ipsos*, réalisée en septembre 2021 pour la Fondation Fondamental, une fondation de recherche dédiée à la lutte contre les maladies mentales.

Selon cette étude, l’état de santé mentale des Français reste très préoccupant, en dépit de la fin de la crise du Covid-19. Principalement concernés : les jeunes. En outre, la méconnaissance des maladies mentales par les Français semble agir comme un facteur aggravant.

Une évolution préoccupante des troubles d’anxiété

« 26 % de la population française, soit un Français sur quatre, est victime de trouble d’anxiété généralisée, annonce Brice Teinturier, directeur général délégué d’Ipsos France, lors du colloque « La psychiatrie à l’heure de la Covid-19, et après ? » organisé au Conseil Economique Social et Environnemental le 18 octobre 2021. « C’est légèrement moins qu’en 2020, mais cela reste extrêmement important. » Par rapport à novembre 2020, on observe une légère baisse des chiffres** liés à la fatigue, aux difficultés d’endormissement ou à la perte de plaisir à faire des choses.

Toutefois, deux marqueurs significatifs sont en légère hausse : la mauvaise estime de soi et l’envie de se faire du mal. « Ces résultats sont un peu alarmants, estime Brice Teinturier, d’autant plus qu’ils touchent toutes les catégories de la population. »

33% des plus de 65 ans considèrent que la crise sanitaire a des conséquences négatives sur leur santé mentale, et ce chiffre monte à 49 % pour les 35-49 ans. Bien que plébiscité par les Français, le télétravail ne semble pas protéger les actifs : 35 % de ceux ayant travaillé depuis leur domicile sont touchés par des troubles anxieux. Tout comme 37 % des personnes travaillant dans le secteur de la santé.

Les jeunes parmi les plus fragilisés

De précédentes études l’avaient déjà révélé, les jeunes ont particulièrement souffert des conséquences de la pandémie. Baisse du niveau de vie, apprentissages perturbés et isolement ont affecté leur santé psychologique, dans des proportions qui restent aujourd’hui importantes. 23 % des 18-24 ans sont concernés par les symptômes dépressifs plus ou moins graves, et 41 % d’entre eux présentent une suspicion de trouble d’anxiété généralisé.

Le constat est le même pour les 25-34 ans, dont 58 % estiment que la crise sanitaire a eu des effets négatifs sur leur santé mentale. Ces deux tranches d’âge ont été les plus nombreuses à avoir des difficultés dans leur travail, leurs tâches à la maison et leur vie sociale (67 % et 60 %).

Les Français ne sont pas assez informés sur les maladies mentales

« Une fois dressé ce tableau de la population française, il est important de connaître le niveau d’information des Français sur les maladies mentales, estime le directeur général d’Ipsos France. Or, on observe un phénomène massif de méconnaissance. » En effet, un tiers des Français ne sait pas qui aller consulter en cas de trouble mental, et plus d’un sur deux ne connaît pas les structures disponibles. « La population se sent démunie en matière d’information, alors qu’au moins un Français sur quatre souffre d’une anxiété forte, voire d’un syndrome dépressif » regrette Brice Teinturier.

La méconnaissance de ces troubles est à l’origine de nombreux clichés. Comme le révèle l'étude, 65 % des Français estiment que les personnes prises en charge pour une maladie mentale représentent un danger pour elles-mêmes, et 34 % qu’elles représentent un danger pour les autres. Enfin, 44 % imaginent qu’on ne guérit jamais vraiment d’une maladie mentale. Ces croyances participent à une mauvaise évaluation de la problématique des troubles mentaux. Ainsi, 64 % des Français sous-estiment l’importance des maladies mentales dans la population française.

Les Français sont favorables à des mesures pour améliorer la situation

À ce manque d’information, s’ajoute une mauvaise perception de l’offre de soin en psychiatrie. Pour 3 Français sur 5, les moyens alloués sont insuffisants et un tiers d’entre eux jugent que la qualité des services de psychiatrie dans les hôpitaux s’est détériorée ces dix dernières années.

Ce regard critique s’accompagne d’une volonté d'améliorer la situation de la psychiatrie en France. « Quand vous proposez aux Français un certain nombre de mesures sur la formation, la recherche ou la prise en charge, c’est un plébiscite », précise Brice Teinturier. Pour 85 % des Français, quatre mesures sont particulièrement importantes : le déploiement d’une campagne d’information grand public, l’augmentation du budget de la recherche, l’augmentation du nombre de lits, et le renforcement de l’attractivité de la filière, pour former les psychiatres de demain.

*Étude IPSOS réalisée auprès d’un échantillon de 1 000 Français âgés de 18 ans et plus, du 24 au 27 septembre 2021.

** Sensation de fatigue et peu d’énergie : 67 % au lieu de 69 % en 2020 ; Difficultés d’endormissement : -5 % ; Manque d’intérêt ou de plaisir à faire des choses : 46 % au lieu de 53 %. 

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