En France, 15 000 à 30 000 personnes(1) vivraient avec le VIH sans le savoir. Manque d’informations ? Peur de faire le test ? Les raisons sont multiples.
Pourtant en connaissant sa séropositivité, il est possible de bénéficier d’un suivi médical adapté et de limiter la diffusion du virus. Car on peut être porteur du VIH sans le savoir et être affaibli par le virus. Et donc moins protégé des agressions microbiennes. Et c’est justement pour mieux informer la population que des associations, comme AIDES, déploient des actions de prévention sur l’ensemble de la France.
Des dispositifs téléphoniques comme Sida Info Service permettent également d’obtenir des réponses aux questions que l’on n’ose pas poser à son entourage ou à son médecin, par exemple. Et cela de manière anonyme. Même confidentialité concernant les dépistages, si l’on a pris un risque, on peut se rendre dans l’un des centres de dépistage anonyme et gratuit (CDAG) de son département. Le test peut également être réalisé dans un laboratoire de biologie médicale, mais une prescription est alors nécessaire.
À noter : le Conseil national du sida vient de se prononcer en faveur de la commercialisation des auto tests de dépistage de l’infection à VIH. Ils devraient bientôt être en vente libre en pharmacie.
1. Dépistage de l’infection par le VIH en France, 2003-2011 – Institut de veille sanitaire.
« Sida Info Service (0 800 840 800) est un dispositif téléphonique grand public anonyme, confidentiel et gratuit accessible tous les jours de 8 h à 23 h(2), explique Christophe, écoutant. Notre mission ? Écouter, informer le plus clairement possible, orienter vers des structures de dépistage si besoin et soutenir. Le site sida-info-service.org offre par ailleurs la possibilité d’obtenir des réponses par mail dans la journée, et un chat permet un échange en direct de 9 h à 21 h. Nous proposons également aux personnes séropositives, comme à leurs proches, un accompagnement personnalisé et un suivi. Nous fixons un rendez-vous téléphonique une à deux fois par semaine, le temps nécessaire pour accompagner la personne qui vient d’apprendre sa séropositivité, par exemple. »
2. Les personnes qui auraient pris un risque peuvent également appeler Sida Info Service entre 23 h et 8 h pour connaître les modalités d’un traitement postexposition au VIH, traitement qui doit être, si besoin, mis en place le plus rapidement possible.
« L’association Aides informe en priorité les personnes les plus exposées à la transmission du VIH, explique Joseph Situ, responsable du pôle prévention d’Aides. Les militants vont à leur rencontre sur les lieux de fêtes, de drague gays, dans les commerces que fréquentent les personnes migrantes… Ils expliquent toutes les possibilités qui existent pour se protéger et réduire les risques. Les personnes qui le souhaitent peuvent également se faire dépister grâce au test rapide d’orientation diagnostic (TROD). En cas de résultat positif, la personne est orientée vers une structure médicale pour un test de confirmation. Et même si le test au VIH est négatif, un entretien post test et une orientation vers le CDAG sont proposés pour les dépistages des hépatites virales et des autres IST (infections sexuellement transmissibles). »
« Dans un centre de dépistage anonyme et gratuit (CDAG), notre rôle est aussi de faire de la prévention et d’accompagner la personne, si besoin est, vers des soins, explique le Dr Nicole Benyounes, médecin et référente médicale au CDAG de Lille. Avant le test de dépistage, la personne s’entretient avec un médecin pour discuter des conditions de prise de risque et des moyens de protection à mettre en œuvre. Deux jours après le test, la personne est de nouveau reçue par un médecin qui lui annonce les résultats. Nous sommes très attentifs car le VIH est quelque chose qui fait brutalement irruption dans la vie de quelqu’un, et nous ne voulons pas que cela devienne un traumatisme. Nous discutons, nous répondons aux questions, et nous accompagnons la personne vers les soins en prenant rendez-vous dans un centre. Elle peut également, si elle le souhaite, revenir avec son ou sa partenaire. »
Le point de vue de Bruno Spire, président de l’association AIDES et médecin, coauteur de « Le Sida – idées reçues »
« Les idées reçues sur les modes de transmission du VIH existent toujours, certains croient encore que le virus peut se transmettre par un moustique, une brosse à dents ou en donnant une poignée de main à une personne séropositive. Or la transmission est impossible du fait de l’absence d’un liquide contaminant. Il faut casser la peur de la séropositivité, éduquer les gens en les informant. Beaucoup de personnes ont des difficultés à dire qu’elles sont séropositives, car elles ont peur du regard des autres et d’être rejetées par leur milieu familial ou professionnel. Elles le cachent pour éviter les attitudes discriminatoires. Il existe encore trop de préjugés bien que les recherches sur le sida aient progressé. Pourtant, aujourd’hui une majorité de personnes séropositives sous traitement vit normalement, sans trop d’effets secondaires. »