Vrai/faux sur le VIH

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Par Adrien Boidin

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© Vasyl Dolmatov / Getty

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Bien qu’il ait été découvert il y a plus de 40 ans, le VIH (virus de l’immunodéficience humaine) fait toujours l’objet de nombreuses idées reçues. Et il n’est pas toujours facile de s’y retrouver…

On peut contracter le VIH en embrassant une personne infectée par le virus.

FAUX. Il est impossible de contracter le virus par le baiser, il ne se transmet pas par la salive. « Le virus se trouve dans des liquides biologiques comme le sang, les sécrétions génitales masculines ou féminines, et dans le lait maternel. On ne le trouve pas ailleurs. Donc aucun risque lors d’un baiser entre deux individus », explique le docteur Radia Djebbar, coordinatrice médicale de SIS association (anciennement Sida Info Service).


Le SIDA peut être transmis de la mère à l’enfant pendant la grossesse. 

VRAI et FAUX. La contamination de la mère à l’enfant n’est pas systématique. Il y a même de moins en moins d’enfants contaminés à la naissance. Si la mère est traitée à temps contre le VIH pendant sa grossesse, elle ne contaminera plus son enfant lors de l’accouchement. Aujourd’hui, moins de 1 % des enfants qui naissent de mère séropositive sont contaminés. 

« Lors d’une grossesse qui se déroule normalement, le sang du bébé et celui de la mère ne se mélangent pas. Il n’y a pas de contamination pendant la grossesse, mais il peut y en avoir une lors du travail et de l’accouchement car il y a beaucoup de sang à ce moment-là. Chaque femme enceinte doit faire un dépistage au début de sa grossesse », précise le Dr Djebbar.

Le SIDA peut se transmettre par l’allaitement. 

VRAI. En effet, si la mère ne suit pas de traitement, il est possible qu’elle transmette le VIH à l’enfant par le lait maternel. 

Le docteur Djebbar de l’association Sida Info Service explique que même si la personne en suit un, le risque zéro n’existe pas. « Il est actuellement toujours recommandé en France de ne pas allaiter si elle porte le virus, traitée ou non. »

Une personne infectée par le virus peut être asymptomatique pendant plusieurs années.

VRAI. Il existe plusieurs phases dans le développement du VIH, la première phase dite primo infection n'alerte pas toujours la personne infectée car dans la majorité des cas les symptômes ne sont pas violents. Cela peut se traduire par de légers états grippaux, des maux de tête… 

Après cette primo-infection, certains patients n’ont aucun symptôme pendant des années. « Peu de personnes infectées par le VIH ont des symptômes, et quand elles en ont, ils ne sont pas spécifiques du VIH », ajoute Radia Djebbar. 

C’est compliqué de se faire dépister.

FAUX. Il existe de nombreux moyens pour se faire dépister gratuitement et en libre accès en France. Il est recommandé de le faire au moindre doute ou s’il y a eu une exposition à un risque de contamination. 

« On peut se faire dépister dans les centres gratuits d'information, de dépistage et de diagnostic (CeGIDD), on peut aussi le faire sur prescription du médecin. Si on bénéficie d’une couverture sociale, il est également possible depuis le 1er janvier 2023 de se faire dépister, sans avance de frais et sans rendez-vous, dans n’importe quel laboratoire sans prescription médicale.  Les associations de lutte contre le VIH/SIDA proposent aussi des dépistages. Par ailleurs, des autotests sont en vente libre en pharmacie pour se tester à la maison. Ils ne sont toutefois pas pris en charge », précise la coordinatrice médicale de l’association Sida Info Service.

Il existe un traitement pour guérir totalement du SIDA. 

FAUX.  Le traitement anti VIH empêche le VIH de se multiplier jusqu’à le rendre indétectable dans le sang . Mais à ce stade des recherches, il n’existe pas de traitement qui le fait disparaître du corps. « Il se contente de faire dormir le virus et il fera en sorte qu’il ne se multiplie plus. Ainsi, il ne peut plus attaquer l'immunité de la personne infectée. Mais il ne faut pas arrêter le traitement sinon le virus se réveillera. Une personne traitée peut avoir le même pronostic vital qu’une personne qui n’a jamais été infectée par le VIH », ajoute le docteur Djebbar. 

Les jeunes sont assez sensibilisés sur le VIH.

FAUXUne étude publiée fin 2023 démontre plutôt l’inverse. 30 % des jeunes de 15 à 24 ans pensent que le VIH peut se transmettre en embrassant une personne séropositive. Un quart pense que le VIH peut se transmettre en s'asseyant sur un siège de toilettes publiques, en partageant son verre ou son assiette avec une personne séropositive.

« Face à la méconnaissance des jeunes, notamment en termes de modes de transmission du VIH, il est urgent que l’État engage des campagnes de sensibilisation de grande ampleur et remplissent son devoir d’éducation à la sexualité durant la scolarité. Ces efforts doivent être entrepris au plus vite afin de permettre aux jeunes de prendre soin de leur santé, de celle des autres, et d’empêcher toute stigmatisation dont sont malheureusement victimes les personnes qui vivent avec le VIH », explique Pierre Batista, président de AIDES Île-de-France, association de lutte contre le VIH.


Il existe de nombreux moyens pour lutter contre le VIH. 

VRAI. On dispose de nombreux outils pour mettre fin à l’épidémie de VIH : 

  • Le préservatif interne (féminin) et externe (masculin), ils sont gratuits en pharmacie pour les moins de 26 ans.
  • La PrEP (traitement préventif contre le VIH), implique l'utilisation régulière ou intermittente d'un traitement antirétroviral dans le but de prévenir l'infection par le VIH. Elle s'adresse aux individus non porteurs du VIH qui ne recourent pas systématiquement au préservatif lors de leurs relations sexuelles et qui présentent un risque élevé de contracter le virus.
  • Le Tasp (Treatment as prevention ou Traitement comme prévention en français), le traitement d’une personne infectée bloque la multiplication du virus, faisant chuter progressivement la charge virale VIH à un niveau inférieur au seuil détectable, rendant la transmission improbable lors d'une exposition. 
  • Le dépistage : un dépistage peut être positif dès le 20ème jour mais un test négatif est fiable 6 semaines après le risque pour les dépistages faits en laboratoire et après 3 mois pour les autotests achetés en pharmacie et les tests rapides (TROD). Ce test peut être prescrit par un médecin généraliste, fait dans un CeGIDD. Les laboratoires d'analyses médicales proposent également ce service sans prescription médicale.
  • TPE (Traitement Post-Exposition). Le TPE est un traitement visant à prévenir l'infection par le VIH en cas de prise de risque avéré, il doit être pris dans les 48 heures après une prise de risque et au mieux dans les 4 heures. SIS Association (0800 840 800) possède un annuaire des centres qui délivrent le TPE

Des associations comme AIDES ont pour but de faire connaître et de rendre accessible ces différents moyens.

 « Plusieurs centres de santé communautaire comme les Spot de AIDES permettent aux communautés stigmatisées et discriminées d’accéder à un accompagnement en santé assuré par des pairs. », précise Pierre Batista.

C’est essentiel de se faire aider si l’on est séropositif. 

VRAI. Les personnes touchées par le virus peuvent être accompagnées par de nombreuses associations comme AIDES ou SIS Association (SIS Association est un dispositif d’aide à distance en santé que vous pouvez contacter au 0 800 840 800, 7 jours sur 7 de 8 h 00 à 23 h 00, appel gratuit depuis la France). 

« AIDES propose des groupes de parole et d’autres modes d’échange pour les personnes vivant avec le VIH. Ces outils peuvent être importants lorsque l’on connaît la stigmatisation à laquelle sont encore exposées les personnes séropositives. Ces violences sont bien évidemment injustifiées et souvent fondées sur l’ignorance qu’une personne séropositive sous traitement et dont la charge virale est indétectable ne transmet pas le VIH », précise Pierre Batista.

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