Surexposition aux écrans : les seniors aussi !

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Par Pauline Hervé

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© Wavebreakmedia / getty

Les plus de 55 ans sont aujourd’hui nombreux à utiliser tablettes et smartphones en plus de la télévision. Mais cette nouvelle hyperconnexion n’est pas sans risque. Une campagne d’information tire la sonnette d’alarme pour un usage raisonné.

« Avant, j’étais allergique à tout cela. Utiliser une souris, non merci ! Mais depuis que mon fils m’a offert une tablette tactile et m’a installé quelques applications pour regarder mes émissions favorites et surtout les photos de mes petits-enfants, je suis dessus chaque jour ! Je l’allume dès mon petit-déjeuner, c’est devenu une habitude ». Comme Thérèse, 72 ans, les seniors sont de plus en plus nombreux à passer, chaque jour, du temps devant les écrans.

80 % des 55-64 ans et 63 % des 65-75 ans naviguent sur Internet. 94 % des 55-75 ans possèdent un ordinateur et 60 % un smartphone. Et un tiers d’entre eux utilise chaque jour les réseaux sociaux.

Ecrans : quels risques pour la santé ?

Or, si l’on se soucie de la surconsommation d’écrans sur le développement des enfants, c’était jusqu’ici peu le cas concernant les seniors. Pourtant, ils sont impactés eux aussi. D’autant qu’aux ordinateurs et smartphones s’ajoute la télévision devant laquelle la moitié des plus de 70 ans passe près de 21h par semaine.

Dans le cadre de sa récente campagne d’information sur le bon usage des écrans, l’Institut d’éducation médicale et de prévention (IEMP) tire la sonnette d’alarme. D’abord parce que « plus on passe de temps devant un écran, plus on est sédentaire, et plus on est sédentaire plus on met en danger sa santé », souligne l’IEMP. Selon l’Organisation mondiale de la santé, la sédentarité est le quatrième facteur de risque de mortalité dans le monde. Et ses conséquences négatives sont connues : risques accrus de maladie cardio-vasculaire, de diabète, d’obésité, de cancer du côlon, d’hypertension artérielle, de dépression…

Écrans et fatigue visuelle

Chez les seniors, la vue aussi est impactée par une hyperconnexion. « Lorsque l’on travaille sur écran, on cligne environ trois fois moins des yeux. Cela entraîne à terme une évaporation des larmes, et peut créer une sensation d’irritation oculaire voire une kératite (yeux rouges) en fin de journée », précise le professeur Nicolas Leveziel, ophtalmologue au CHU de Poitiers (menant des recherches sur la DMLA au sein de l'unité INSERM 1084). « Par ailleurs, la lumière bleue des écrans d’ordinateur pourrait potentiellement avoir une certaine toxicité sur la rétine, même s’il faut relativiser cette information. Aucune étude n'a jusqu'à ce jour permis de le démontrer », précise-t-il.

Même si ce spécialiste de la DMLA (dégénérescence maculaire liée à l’âge) ne voit pas de lien particulier chez ses patients entre les écrans et cette maladie, il rappelle les conseils de base valables à tous les âges. « Faire des pauses toutes les 20 minutes, adopter une bonne position face à un ordinateur, ne pas regarder les écrans de trop près ni trop longtemps dans la journée… »

Télévision : à consommer avec modération

Et la télévision qui est parfois allumée toute la journée dans certaines familles ou résidences de personnes âgées ? « L’écran de télévision pose moins de problème car on le regarde de beaucoup plus loin », rassure l’ophtalmologue. Mais là encore, le danger, c’est la sédentarité !

Une étude de l’université George Washington démontre ainsi que les personnes de plus de 50 ans qui passent chaque jour plus de cinq heures devant leur téléviseur auraient un risque largement plus élevé de souffrir d’invalidité que ceux qui y consacrent moins de deux heures.

Pour garder la bonne mesure, l’IEMP donne des conseils très concrets, comme « se lever et marcher un peu à chaque coupure publicitaire, être plus actif au quotidien en remplaçant une heure d’ordinateur par un peu de jardinage, de bricolage ou de ménage, et limiter le temps passé chaque jour devant son écran » L’idéal est de ne pas dépasser deux heures : il existe des applications que l’on peut installer sur son appareil pour limiter ce temps.

Attention à ne pas diaboliser pour autant les nouvelles technologies. Comme le rappelle le psychologue Serge Tisseron, « ce ne sont pas les écrans qui sont toxiques, c’est leur mauvais usage ». Et pouvoir communiquer de visu par Skype avec ses petits-enfants qui vivent à 800 kilomètres ou recevoir leurs photos régulièrement par email est excellent pour garder le moral et lutter contre le sentiment d’isolement.

Pour aller plus loin

Le bon usage des écrans : le site de la campagne d’information et de sensibilisation à l’usage des écrans, créé par l’Institut d’éducation médicale et de prévention (IEMP).

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