Michel Cymes : L’humour, on peut l’utiliser avec les enfants. C’est ce qui se passe avec le Rire Médecin où les clowns viennent dans les services de pédiatrie. Un enfant malade est assez déstabilisé parce qu’il n’est plus chez lui et qu’il n’a pas forcément ses parents tout le temps à côté de lui. Il est dans un nouvel environnement et a donc besoin d’être rassuré. L’insouciance, le rire et le sourire font partie de la thérapie, en dehors des cas dramatiques bien évidemment. L’objectif est de montrer que la vie, ce n’est pas la maladie, la vie ce n’est pas l’hôpital et que quand l’enfant sortira, tout reprendra le cours normal.
M.C. : Dans la relation avec mes patients, plutôt que de parler du rire, on peut parler de la décontraction voire du sourire. Dès que je peux détendre la consultation parce que ce n’est pas si grave, je le fais. Je perçois assez vite les patients avec qui je peux me le permettre. Sur un plan thérapeutique, j’utilise le rire quand je sens des patients très angoissés alors qu’ils n’ont rien. Et puis il y a les hypocondriaques. Pour eux, c’est une vraie souffrance, donc on ne peut pas toujours rire. Mais une fois qu’on les a détendus parce qu’on leur a dit qu’il n’y avait rien de grave, on peut se permettre un petit sourire et leur parler des angoisses de la maladie.
M.C. : Il existe un risque en hospitalisation. En effet, quand on fait les visites à l’hôpital, il faut faire attention à ne pas faire de blagues maladroites entre collègues devant le patient. Il ne faut jamais oublier qu’il est devant nous. Avec la fatigue, on peut être maladroit. Quand on ouvre la porte de la chambre d’un patient, on est chez lui, on est face à sa souffrance. On peut sourire surtout si tout va bien et qu’il va sortir. Mais on doit faire attention entre personnel soignant à ne pas choquer et à ne pas vexer. Il ne faut jamais que le patient se sente au centre de moqueries.