« Vivre sans smartphone et tablette, c’est possible »

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Par Patricia Guipponi

Temps de lecture estimé 4 minute(s)

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Ludovic n’a pas de téléphone portable. Va rarement surfer sur internet. Et il ne s’en porte pas plus mal. Témoignage.

C’est un oiseau rare. Il le sait et en rigole. « On doit me prendre pour un original dans ce monde hyperconnecté ». Ludovic, musicien avignonnais de 47 ans, n’a pas de téléphone portable. Encore moins de tablette pour surfer sur internet. Un ordinateur oui, utilisé surtout par sa compagne pour ses activités professionnelles. Lui l’actionne quand il y pense. C’est-à-dire quasiment jamais. « Il m’arrive de visionner des films par cet intermédiaire mais pour le reste, non merci ». Ce n’est pas que le quadragénaire soit réfractaire aux nouvelles technologies. « Je ne fais pas de prosélytisme contre les écrans numériques. Chacun fait ce que bon lui semble. Toutefois, il est vrai que je trouve qu’on en fait un usage excessif, que c’est chronophage. Lorsque j’observe la dépendance des gens à leur téléphone portable, ça me conforte dans le fait de ne pas en posséder ». Et de citer les couples au restaurant qui ne se regardent plus, pas plus qu’ils ne se parlent, tant ils sont pris par leurs écrans respectifs. Ou encore, d’évoquer une de ses connaissances qui, à force de jouer aux jeux en ligne en continue, a contracté une crampe à l’œil.

Comment se désintoxiquer des écrans ?

Voici une série de conseils prodigués par l’addictologue Laurent Karila, porte-parole de SOS addictions.

  • Supprimez les notifications comme les sonneries, les vibrations, les alertes, les flashs lumineux. Ne répondez pas toujours immédiatement aux sollicitations.
  • Ne vérifiez pas tout avec votre smartphone/tablette lors d’une discussion et ne vous sentez pas obligé de les déposer sur la table quand vous vous asseyez quelque part.
  • Limitez l’utilisation de votre smartphone lorsque vous êtes avec vos enfants, en famille, en réunion, en cours, au cinéma, entre amis. Ne le donnez pas systématiquement aux enfants lors de dîners ou de sorties.
  • Évitez de passer beaucoup de temps sur le smartphone/la tablette avant de vous endormir.
  • Éteignez-les au coucher et ne vous précipitez pas pour les rallumer durant une insomnie.
  • Faites des smartphone/tablette breaks : pendant les vacances, les week-ends.
  • Ne les voyez pas comme vos seuls « amis » pendant les moments de déprime.
  • Pas de téléphone au volant de votre véhicule, sous peine de provoquer un accident qui pourrait être fatal.

Du temps pour ses amis, ses proches, ses loisirs

Ludovic y a pourtant goûté un temps. Au tout début des premiers appareils mobiles. « Je ne prenais pas mon téléphone avec moi. Il restait à la maison. Alors, j’ai arrêté mon abonnement ». Il l’affirme : on peut très bien passer ses journées, et ses nuits, sans smartphone et autre tablette. Cela laisse plus de temps pour se consacrer à ses loisirs, à ses amis, ses proches. Et c’est précieux. « On faisait comment avant ? Cela ne nous empêchait pas de respirer, de communiquer, non ? La vraie vie n’est pas dans cette boîte téléphonique ». Au contraire. Ludovic estime que les écrans faussent la réalité. Du moins diffusent une autre réalité. « Celle que l’on se crée, futile, virtuelle, où l’on est le centre du monde, porté par les Likes sur les réseaux sociaux. Celle où l’on poste des photos retouchées, sublimées, où l’on visionne des spectacles en vase clos ce qui fait que l’on ne sort plus pour les apprécier en direct ».

L’impact des ondes sur notre santé en question

Le musicien en vient à se demander si cette hyperconnexion n’est pas le signe d’une fuite, d’un rejet du quotidien. « Lorsque l’on s’enferme dans ce monde numérique, on ne voit plus ce qui nous entoure ». Pourtant, il pense que l’outil digital en lui-même pourrait être des plus bénéfique et enrichissant. « Il ouvre des perspectives, des cultures inconnues, repousse les frontières. Cela devrait aiguiser notre curiosité, nous amener à aller vers l’autre, à sortir pour voir, vérifier de nous-mêmes, à se documenter plus. Or, on reste campé dans le simplisme des choses et derrière son écran ». Ludovic est aussi soucieux des effets des ondes émises par les appareils connectés. On ne sait encore quel pourrait en être l’impact sur notre santé. « D’autant plus que l’on est exposé malgré soi ». Et puis il y a les remarques dont il fait l’expérience régulièrement. « On m’engueule parce que je n’ai pas de portable et qu’on ne peut me joindre à tout bout de champ. Ce qui est faux puisque j’ai un téléphone fixe… Même ma banquière me l’a reproché ! ».

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