Vrai/faux sur la sexualité

Publié le

Par Émilie Gillet

Temps de lecture estimé 4 minute(s)

La sexualité est une chose naturelle. Pourtant, il n’est pas si facile d’en parler et de dépasser certains tabous. Et les idées reçues sont encore très nombreuses.

1. Les troubles sexuels se soignent avec les médicaments

Vrai et faux. Il existe des médicaments qui permettent par exemple de rétablir une érection de qualité chez l’homme, ou de favoriser une meilleure lubrification du vagin chez la femme. Cependant, la sexualité n’est pas seulement une question de mécanique du corps. Elle doit être prise dans sa globalité, et de nombreux facteurs jouent un rôle important : désir, santé, sentiments… Certaines maladies ou certains traitements médicamenteux peuvent aussi conduire à des désordres sexuels. Mieux vaut en discuter avec son partenaire et/ou son médecin pour envisager la meilleure solution.

 

2. Lorsque l'on est en couple, on ne se masturbe plus

Faux. La masturbation n’est pas réservée au plaisir solitaire. Elle peut exister au sein d’un couple, les partenaires se caressant mutuellement ou chacun de leur côté. La masturbation permet aussi de mieux connaître son corps. Mais il n’y a pas d’obligation en la matière : certains la pratiquent intensément, alors que d’autres n’en ressentent pas l’envie, et n’en sont pas moins épanouis sexuellement. L’important est de se sentir bien, et que ce soit un choix personnel.

 

3. Sans orgasme, pas de plaisir

Faux. Chez l’homme, plaisir, orgasme et éjaculation ne sont pas nécessairement liés. Ainsi un homme peut éjaculer sans pour autant avoir eu un orgasme, mais il peut aussi ressentir un plaisir intense sans pour autant avoir éjaculé. De la même façon, chez les femmes, la jouissance peut survenir sans qu’il y ait d’orgasme. On peut donc avoir une sexualité épanouie sans atteindre systématiquement un orgasme. Nulle question de performance là-dedans, mais plutôt de paramètres multiples : désir, lâcher prise, confiance en l’autre, estime de soi… Le plaisir, ça se passe aussi dans la tête.

 

4. On peut avoir des rapports sexuels pendant la grossesse

Vrai. Si la grossesse se déroule sans problème, il n’y a aucune contre indication, ni aucun risque pour le bébé, à avoir des relations sexuelles quel que soit le stade de la grossesse. Parfois les femmes peuvent être plus fatiguées au 1er trimestre, où le bouleversement hormonal qu’elles vivent peut mettre à mal leur libido.

Au 2e trimestre en général, tout rentre dans l’ordre, certaines connaissent même un regain de désir. Au 3e trimestre, lorsque les modifications corporelles sont vraiment importantes, il suffit de s’adapter et de choisir les positions les plus confortables pour les deux partenaires.

 

5. Il y a un risque de grossesse dès le premier rapport

Vrai. Dès que la puberté se met en place, une jeune fille peut être fertile, même si elle n’a pas encore eu ses règles ou si celles-ci ne sont pas régulières. Cette fertilité est d’ailleurs beaucoup plus importante que chez des femmes plus âgées.

C’est pourquoi il est important d’utiliser une contraception dès le premier rapport sexuel. La seule qui protège aussi contre les infections sexuellement transmissibles, c’est le préservatif. Pour bien l’utiliser la première fois, mieux vaut s’être exercé à en manipuler avant.

 

6. Les hommes ont plus de besoins sexuels que les femmes

Faux. Il n’y a aucun argument permettant d’affirmer cela. La libido dépend de nombreux facteurs, chez l’homme comme chez la femme : humeur, fatigue, stress, baisse du sentiment amoureux, variations hormonales… Sans oublier une dimension culturelle importante liée à la notion de « virilité » ou à l’obligation de « performance » (par exemple sur le nombre de rapports…) qui pèse autant sur les femmes que sur les hommes. Enfin, certains ou certaines n’envisagent les rapports sexuels que sous leur aspect procréatif.

 

« Il faut penser au plaisir plutôt qu’à la performance. »

Le point de vue du Dr Gérard Leleu, médecin sexologue, auteur de nombreux livres sur la sexualité.

La sexualité est encadrée depuis des millénaires, par les religions, les États, les groupes sociaux, ou la famille, qui édictent leurs règles. Si depuis une cinquantaine d’années, grâce notamment à la libération des mœurs et la révolution sexuelle, nous avons eu accès à une quantité considérable d’informations sur le sujet, il reste encore beaucoup d’idées reçues et de tabous. Simplement cela a évolué. Faute de références, beaucoup de jeunes d’aujourd’hui se tournent vers la pornographie comme seule source d’information sur la sexualité. C’est dramatique, notamment pour les jeunes filles et les femmes qui sont complètement « chosifiées » dans ces pratiques.

Par ailleurs, quand les jeunes reçoivent une éducation sexuelle, elle se borne bien souvent aux aspects biologiques, aux risques de maladie et de grossesse. Cela peut paraître très effrayant. Nous manquons de réflexion sur la sexualité, l’érotisme, la relation à l’autre, la notion de plaisir plutôt que de performance. Je suis très inquiet face à cette dictature de la pornographie qui considère la femme comme un objet et l’homme comme un performeur. Pour lutter contre les idées reçues, il faudrait que les langues se délient, que l’on ose parler de sexualité et de plaisir même avec des adolescents.

 

En savoir plus

  • La masturbation rend sourd : 300 idées reçues sur le sexe Dr S. Mimoun et I. Yhuel. Éd. First, 2013, 254 p., 17,95 euros.
  • onsexprime.fr l’Inpes parle sexualité aux jeunes sans tabou.
  • planning-familial.org informe sur toutes les sexualités et met l’accent sur la prévention.

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