Acouphènes, que faire pour vivre avec ?

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Par Nathania Cahen

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Ces sifflements, ces bourdonnements qui s’installent progressivement ou surviennent sporadiquement : ce sont des acouphènes. Ils constituent une gêne plus ou moins grande, que certains apprivoisent mais qui représente un enfer pour d’autres. Le Dr Laetitia Ros nous explique en quoi consistent ces bruits qui peuvent se rapporter à diverses pathologies, parfois très invalidants. Et nous dit ce qu’il est possible de faire pour soulager ceux qui souffrent de ce mal.

Il n’existe pas un modèle unique d’acouphènes. Ils apparaissent brusquement ou progressivement. Peuvent récidiver lors de crises ou s’installent de façon permanente. Sont graves ou aigus. Perturbent plus ou moins la personne touchée, de la petite gêne au handicap social. Jacques raconte : « J’avais 60 ans, et sans prévenir, un sifflement plutôt aigu s’est installé dans mon oreille gauche. Je ne l’ai pas vécu comme un traumatisme, je l’ai apprivoisé et n’y fais plus attention. C’est comme le chant d’une cigale : si je l’écoute je l’entends. Moi, je ne l’écoute plus ».

L’acouphène n’est pas une maladie, « mais un symptôme qui peut orienter vers différentes pathologies », rappelle en préambule le Dr Ros, chef de clinique assistante, spécialisée en otologie* à l’hôpital de la Conception, à Marseille. L’investigation commence donc par un examen clinique de l’oreille par un otorhinolaryngologiste (ORL) pour rechercher les facteurs déclenchants.

80 % des acouphènes concernent des sujets vieillissants

« Les acouphènes peuvent être liés à un traumatisme crânien. Mais le plus souvent, c’est lié à une perte d’audition, à un vieillissement de l’oreille. À défaut de capter certains sons, le cerveau va alors les créer. Un peu comme quand on branche un ampli sans la platine ». De fait, 80 % des cas d’acouphènes concernent des personnes « vieillissantes ». « Quand des jeunes consultent, il peut y avoir une cause identifiable en amont : un kyste sur le nerf auditif ou une malformation artérioveineuse de l’oreille interne par exemple avec une solution chirurgicale. Ils peuvent également être liés à un choc émotionnel », indique l’otorhinolaryngologiste.

L’exposition professionnelle au bruit, des loisirs bruyants ou particuliers comme la plongée sous-marine et la chute libre peuvent aussi traumatiser l’oreille interne. « Nous sommes tous dotés à la naissance d’un capital de cellules qui codent le son qui, si elles sont cassées, ne sont pas renouvelables. Le but est donc de les garder actives le plus longtemps possible », rappelle le Dr Ros.

Pas de traitement définitif mais des solutions pérennes

« Cela m’a énormément gênée les premières années, témoigne Aurélia. C’était vraiment obsessionnel. J’ai fini par m’y habituer et suis désormais plus sereine. Mais je n’assiste plus à des concerts et ne fais plus de grosses fêtes. Et j’ai toujours sur moi ma boîte de bouchons d’oreille. » Quand les acouphènes constituent une véritable gêne qui empêche de téléphoner, de regarder la télé ou de dormir, différentes parades peuvent être tentées. Car s’il n’existe pas de traitement permettant de les supprimer définitivement, des solutions pérennes permettent de mieux les intégrer.

D’abord, les médecines douces, efficaces chez la plupart des sujets : sophrologie, acupuncture, hypnose ou auriculothérapie. « Elles ne suppriment pas les acouphènes, mais les aident à devenir moins envahissants, complète le médecin. Elles les transforment en un bruit de fond auquel on s’habitue, ne prête plus attention ».

On peut également « envoyer du bruit blanc au cerveau pour le duper. Cela diminue l’impact des acouphènes et les masque partiellement ». Mais ce traitement de longue haleine requiert de la patience : 4 à 6 heures quotidiennes pendant 3 à 36 mois. En diminuant progressivement la fréquence et l’intensité de ce bruit blanc, les acouphènes finissent par disparaître.

Avec le Covid, davantage d’acouphènes psychologiques

Parfois, les acouphènes ont une origine psychologique : ils sont liés à un stress, une émotion ou un traumatisme. Ces cas ont d’ailleurs augmenté avec le Covid. Un accompagnement peut alors être proposé. Il y a également des méthodes douces comme le tai-chi ou le yoga qui permettent de diminuer le stress et l’anxiété.

Depuis peu, des médicaments ont même fait leur apparition sur le marché. Comme l’Audistim, un complément alimentaire en vente libre. Ce stimulateur naturel de l’audition, à base de plantes, de magnésium et de ginkgo notamment, a démontré son efficacité chez certains patients en agissant sur la vascularisation de l’oreille interne**.

Pour Laetitia Ros, il n’y a pas une solution meilleure qu’une autre : « A chacun de procéder en fonction de sa sensibilité et de ses besoins ».

* L’otologie est une sous-spécialité de l’ORL, consacrée aux affections et anomalies de l’oreille et de l’audition.

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