Jean-Marc Kespi est médecin généraliste, acupuncteur et président d’honneur de l’Association française d’acupuncture.
Jean-Marc Kespi : En France, seuls les médecins et les sages-femmes sont autorisés à pratiquer l’acupuncture. Ils doivent pour cela avoir une « capacité en acupuncture » : un diplôme national décerné par des facultés de médecine. Les consultations sont remboursées à 70 % par la Sécurité sociale si elles sont faites par un médecin conventionné, et à 100 % pour une sage-femme si elles sont faites dans le cadre de la prise en charge de la grossesse (quatre mois avant l’accouchement et jusqu’à 12 jours après).
Le fait d’être médecin permet de ne pas passer à côté d’une urgence, d’une infection, d’un cancer. Le plus souvent, les gens arrivent avec des dossiers déjà très complets et on passe directement au diagnostic de médecine chinoise. Certains généralistes, très sollicités, ne font quasiment que cela.
D’autres se servent de l’acupuncture ponctuellement, et certains plantent des aiguilles mais ne font pas d’acupuncture (rires). Ce que je veux dire par là, c’est que faire de l’acupuncture ne se réduit pas aux aiguilles, c’est se baser sur la médecine traditionnelle chinoise !
J-M K. : La médecine traditionnelle chinoise possède tout un corpus (phytothérapie, ostéopathie…) dont l’acupuncture n’est qu’une branche. La vision ici n’est pas anatomique mais fonctionnelle : on ne soigne pas chaque organe isolément mais les fonctions, les mouvements et transformations énergétiques. Une maladie est le résultat d’une perturbation de l’équilibre de ces énergies. En stimulant des points spécifiques de l’organisme, l’acupuncture vise à rétablir l’équilibre global de la personne, à rappeler à son corps un mode de fonctionnement normal qu’il a connu.
Une consultation en acupuncture commence toujours par un interrogatoire très précis du patient. Le médecin examine son teint, son visage, ses mouvements, ses pouls (on prend différents pouls en médecine chinoise). Le but est de savoir quelles fonctions sont perturbées.
Ce qui est très intéressant, c’est de voir comment adapter cette médecine millénaire à l’Occident du XXIe siècle. Par exemple la médecine chinoise traditionnelle ne traitait pas les femmes enceintes. Aujourd’hui on l’utilise beaucoup, à la fois en préparation de l’accouchement et après.
J-M K. : Les motifs les plus fréquents de consultations sont les douleurs sous toutes leurs formes, les maladies chroniques, certains troubles psychiques, les problèmes qui accompagnent la grossesse (nausées, troubles du sommeil, hémorroïdes…) Le plus souvent, les gens arrivent avec des dossiers déjà très complets et on passe directement au diagnostic de médecine chinoise.
L’acupuncture n’a pas d’action sur certaines maladies, aucune contre le cancer par exemple, mais elle aide à mieux tolérer les effets secondaires des chimiothérapies et radiothérapies. On ne soigne pas non plus l’arthrose, mais on agit sur les contractures musculaires et sur les inflammations que celle-ci provoque.
J-M K. : J’ai commencé mes études d’acupuncture en 1962. À l’époque, on me poussait à démissionner du Conseil de l’ordre parce qu’étudier l’acupuncture était répréhensible. Aujourd’hui, plusieurs facultés de médecine le proposent, c’est une vraie reconnaissance !
Mon souhait est que l’on enseigne un jour en médecine des éléments de médecine chinoise pour pouvoir poser un diagnostic là où la médecine occidentale n’y arrive pas, comme dans les cas des douleurs de maladies chroniques qui sont liées à des facteurs multiples. J’ai expliqué récemment à des étudiants en médecine pourquoi, même s’ils ne posent jamais une aiguille, ce serait intéressant pour eux de poser un diagnostic en médecine chinoise. On parle trop de thérapeutique et pas assez de diagnostic. La médecine traditionnelle chinoise, c’est comme le souligne une phrase que j’affectionne : « Oubliez le symptôme et soignez la personne ! »
Comment trouver un acupuncteur ?
Il existe en ligne un annuaire professionnel des médecins acupuncteurs de France, par nom et par département.
Vous pouvez aussi demander une adresse par mail afa.secretariat@orange.fr (Association française d’acupuncture).
Retrouvez le rapport de l’Inserm sur l’évaluation de l’efficacité et de la sécurité de l’acupuncture.