Alzheimer : la prise en charge à domicile

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Par Delphine Delarue (ANPM-France Mutualité Mai 2017)

Temps de lecture estimé 4 minute(s)

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La prise en charge à domicile proposée par les équipes spécialisées alzheimer (ESA) pourrait stabiliser la perte d’autonomie et réduire les troubles du comportement des malades. Comment et pour qui ?

Faire en sorte que les patients atteints de démence restent autonomes le plus longtemps possible. Tel est l’objectif des équipes spécialisées alzheimer (ESA), mises en place dans le cadre du troisième Plan alzheimer (2008-2012), et de la réhabilitation cognitive et sociale* qu’elles développent depuis 2011.

Inspirée d’un modèle néerlandais, cette nouvelle approche thérapeutique semble efficace pour ralentir la perte d’autonomie des malades et réduire leurs troubles du comportement. C’est du moins ce que révèle une étude de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) publiée en janvier dans le Journal of Alzheimer’s Disease.

Cette prise en charge spécifique « repose sur l’intervention de psychomotriciens et d’ergothérapeutes à domicile, explique Clément Pimouguet, docteur en santé publique et coordinateur de l’étude. Il s’agit de mobiliser les capacités restantes des patients pour les reconnecter avec une vie sociale et familiale et, si possible, améliorer leur maintien à domicile. »

 

Une prise en charge personnalisée

Accessible sur prescription du médecin traitant, du neurologue ou du gériatre, cette thérapie débute par une évaluation complète de la situation fonctionnelle du patient (capacité à s’habiller, à s’alimenter, à faire sa toilette ou à gérer ses médicaments). Les intervenants interrogent également le malade sur ses attentes.

En fonction de cette analyse, ils définissent un plan d’intervention personnalisé établi pour trois à quatre mois, avec une douzaine de séances. Il pourra s’agir, par exemple, de sécuriser le domicile d’un patient ayant des problèmes d’équilibre, de mettre en place un planning de courses avec des pense-bêtes ou d’organiser la logistique pour une personne souhaitant faire le marché.

Des jeux de rôle avec les aidants, des jeux de société ou des séances de gymnastique peuvent aussi être proposés. « Une routine faite d’actions très précises est mise en place pour redonner confiance aux malades. Objectif ? Qu’ils puissent continuer à pratiquer les activités qui leur tiennent à cœur et qui sont importantes pour leur socialisation », ajoute Clément Pimouguet.

 

Une qualité de vie « améliorée »

L’étude de l’Inserm s’appuie sur l’observation en trois temps de 421 personnes suivies par des ESA : au début de la thérapie, à l’issue de celle-ci (au bout trois mois) et, enfin, trois mois plus tard. Elle suggère que « les patients atteints de démence rapportaient des bénéfices cliniques » à la fin de la prise en charge et que leur qualité de vie s’en trouvait « améliorée ».

Dans le détail, les résultats « indiquent que les troubles du comportement des malades (dépression, apathie, agitation, hallucinations, NDLR) et le temps passé par les aidants à s’occuper de leur proche malade […] avaient significativement diminué au cours des trois mois d’intervention et étaient stables après cette période ».

 

« Encourager l’autonomie des patients »

Au cours des six mois d’observation, les performances cognitives des patients sont quant à elles restées stables. En revanche, leur autonomie fonctionnelle ne s’est stabilisée que pendant les trois mois de prise en charge, avant de se réduire.

« Pour optimiser les bénéfices cliniques, nous pensons que l’intervention à domicile devrait durer un peu plus longtemps. Même si l’objectif à terme est d’encourager l’autonomie des patients pour qu’ils se débrouillent seuls par la suite, précise Clément Pimouguet. La prise en charge devrait également concerner en priorité les personnes aux stades les plus précoces de la maladie. C’est auprès d’elles que les résultats sont les plus probants. »

Seulement, dans la pratique, un tiers des patients adressés aux ESA le sont à un stade trop avancé de la maladie. Ce qui contribue à engorger les services et conduit à des délais d’attente pouvant aller jusqu’à six à sept mois. Or, « six mois d’attente pour une maladie qui évolue sur environ cinq ans, c’est très long », conclut le chercheur.

 

* Cette prise en charge est parfois appelée, à tort, thérapie occupationnelle, traduction littérale du terme anglais occupational therapy, qui désigne en réalité l’ergothérapie.

Par Delphine Delarue (ANPM-France Mutualité Mai 2017)

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