Ampoules, crevasses, mycoses… comment prévenir les bobos des pieds ?

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Par Peggy Cardin-Changizi

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Chaussures trop serrées, talons trop hauts, frottements... peuvent causer des lésions au niveau du pied. Parmi les plus fréquentes : les ampoules, les verrues ou l’hallux valgus. Dans certains cas, une visite chez un pédicure-podologue suffira pour soulager. Parfois, il faudra en passer par la chirurgie.

Depuis 2003, dans le cadre de la Journée nationale de la santé du pied (qui se déroule en juin), les podologues de l’Union française pour la santé du pied (UFSP) proposent des consultations gratuites dans des lieux publics. Objectif : sensibiliser les Français à l’importance d’une bonne santé des pieds et les inciter à consulter, au moins une fois par an, un podologue. « Le pédicure-podologue est le professionnel de santé habilité à diagnostiquer, à traiter et à prendre en charge la plupart des pathologies du pied, confirme Karine Poirier, pédicure-podologue et déléguée aux affaires internes au sein de l’Ordre national des pédicures-podologues. « Il joue un rôle important de prévention, de conseil et d’éducation en matière d’hygiène et de chaussage ».

En accès direct et sans prescription médicale, les honoraires du praticien sont libres. Comptez entre 30 et 50 euros la séance, en fonction des actes et des régions. « Le soin de pédicurie est très peu pris en charge par l’assurance Maladie, poursuit-elle. Certaines mutuelles attribuent une enveloppe de soin et peuvent rembourser un nombre de séances déterminé selon le contrat ». Seuls les patients diabétiques de grade 2 et 3 peuvent bénéficier d’une prise en charge de leurs soins à 100%. « Il existe pour ces patients à risque un tarif conventionné à 27 euros ».

Soulager ampoules, crevasses et autres problèmes de peau

Dans les chaussures, la peau des pieds est soumise à de nombreuses agressions souvent bénignes, comme les cors et les durillons. « Ce sont des hyperkératoses (épaississements de la couche cornée de l’épiderme) liées à un appui excessif, à un frottement ou à une hyperpression de la peau contre la chaussure », explique Karine Poirier. C’est pourquoi il est recommandé de porter des chaussures confortables et des talons pas trop hauts (entre 2 et 5 cm). « Pour les cors et durillons, le premier soin est celui du pédicure- podologue. Il faut ensuite limiter les frottements et entretenir et assouplir la peau avec des crèmes hydratantes spécifiques pour pieds à base de glycérine. Dans certains cas (hyperkératoses trop importantes et chez les patients non diabétiques), les crèmes à base d'urée peuvent être efficaces ».

Par ailleurs, ce que l’on surnomme "l’œil de perdrix", et qui se caractérise par une peau molle et blanchâtre, provient du frottement de deux orteils l’un contre l’autre. « La chaleur, l’humidité, la transpiration, la déformation des orteils associées à un chaussant trop serré en sont souvent les causes ».

Autre problème de peau lié aux frottements répétés : l’ampoule. « Il s’agit d’une vésicule remplie de liquide qui se forme sous l'épiderme. C’est une brûlure du 2ème degré superficiel », confirme la pédicure. Généralement très douloureuse, elle peut parfois obliger le patient à arrêter le sport. « Pour traiter l’ampoule, il faut la percer pour aspirer le liquide à l'intérieur et appliquer un antiseptique pour la sécher ».

Enfin, les crevasses résultent de la sécheresse et de l’épaississement de la peau. « Souvent localisées sur les talons, elles sont favorisées par la marche nus pieds ou en chaussures ouvertes (claquettes, mules…) ». Pour y remédier, utilisez régulièrement des crèmes hydratantes et nourrissantes, à base de glycérine. « Une hydratation quotidienne peut également limiter l’apparition des hyperkératoses ».

Attention aux infections type mycoses et verrues !

Dans les chaussures, l’échauffement et la macération constituent un milieu idéal pour la prolifération des champignons. « Cela peut créer des mycoses, qui provoquent de fortes démangeaisons, confirme la pédicure-podologue. Elles peuvent se développer entre les orteils, là où la chaleur et l’humidité persistent ; mais aussi sur l’ongle du gros orteil, où la contamination fait souvent suite à un traumatisme ». Pour traiter les mycoses, la toilette des pieds doit se faire avec un savon au PH neutre. « Il existe des antifongiques sous forme de crème ou de poudre, sur prescription (du pédicure-podologue ou d’un médecin), à appliquer deux fois par jour pendant 2 à 3 semaines. En ce qui concerne les mycoses des ongles, le patient peut appliquer des vernis traitants quotidiennement ».

Très contagieuses mais bénignes, les verrues plantaires sont des lésions de la peau provoquées par une infection virale. « Ce sont de petites tuméfactions bénignes cutanées dont le diagnostic est parfois confondu avec le cor plantaire ». Elles peuvent être traitée chez le pédicure-podologue, le généraliste ou le dermatologue en plusieurs séances. « Il existe également des produits virucides en vente libre en pharmacie à base d'acide salicylique ».

L’hallux valgus : la pathologie osseuse la plus fréquente du pied

Sous l'effet de chaussures trop serrées, de talons trop hauts ou encore de l’âge (à la ménopause par exemple), le pied peut avoir tendance à se déformer, notamment à l’avant, au niveau des orteils. C’est le cas de l’hallux valgus, l’une des principales déformations du pied. « Il s’agit d’une déviation du gros orteil vers l’extérieur du pied qui touche environ 30% des femmes et 13% des hommes », reconnaît le Dr Wilfrid Graff, chirurgien orthopédique au groupe hospitalier Diaconesses Croix Saint Simon à Paris. Gênant et douloureux, il évolue par poussées inflammatoires. « Un traitement chirurgical est envisagé si le patient souffre et s’il est gêné dans ses chaussures ou son activité physique de façon trop régulière ».

Plus de 150 techniques d’intervention ont été décrites. « Les plus pratiquées et les plus efficaces sont celles appelées chevron et scarf qui vont repositionner le premier os long du pied (appelé métatarsien) déplacé ». Le plus souvent l’anesthésie est loco-régionale, le pied et la cheville sont anesthésiés. « Un repos d’une semaine est conseillé pour limiter le gonflement du pied. En fonction des techniques d’interventions, une chaussure postopératoire est portée de 8 jours à 6 semaines ».

L'hallux rigidus : une usure du cartilage

C’est la seconde déformation la plus fréquente au niveau du pied. « L’hallux rigidus est une perte de la mobilité du gros orteil liée le plus souvent à une usure du cartilage », poursuit le chirurgien. Elle évolue également par des poussées inflammatoires douloureuses ». Le traitement se décline en deux temps. « Si l’atteinte est faible, on peut commencer par le port de chaussures confortables, l'utilisation de semelles orthopédiques rigides et des infiltrations de corticoïdes », reprend le chirurgien.

A un stade plus évolué, une intervention chirurgicale sera envisagée pour traiter l’hallux rigidus. Plusieurs options sont possibles. Si le cartilage articulaire du gros orteil est encore en bon état, le chirurgien pourra « raboter » les excès d’os autour et au-dessus de ce dernier. « Cette opération, réalisée sous anesthésie loco-régionale locale, permettra de conserver une partie de la mobilité du gros orteil ».

Mais dans les cas trop avancés, où le cartilage est détruit, l’opération de référence, réalisée également sous anesthésie loco-régionale locale, reste le blocage articulaire définitif de l’articulation (arthrodèse). « On va fusionner les os de l'articulation du gros orteil avec du matériel (vis seules, ou avec plaque…) ».

Une fois fixé, le gros orteil ne bouge plus, mais les douleurs disparaissent définitivement et complètement. La perte de mobilité de cette articulation est compensée par les articulations voisines permettant de marcher sur la pointe des pieds et de s’accroupir. « Après l’intervention, le patient devra porter une chaussure à semelles rigides pendant 6 semaines. Une reprise du sport comme avant la chirurgie est possible dans 70% des cas ».

Orteil en griffe : attelle et semelles

L’orteil en griffe est une autre déformation du gros orteil, très souvent féminine. « Tout comme pour l’hallux valgus, les causes sont liées à des conflits entre l’orteil déformé et la chaussure ou le sol », détaille le Dr Graff. L’orteil en griffe peut ainsi faire suite à un hallux valgus ou un pied grec. « On parle de pied grec quand le deuxième orteil est plus long que le gros orteil et vient buter contre le bout de la chaussure ».

Plusieurs traitements sont envisagés comme la réalisation de séparateurs d’orteil (le terme technique est l’orthoplastie) chez un pédicure- podologue. « Contrairement aux orthèses plantaires et aux semelles orthopédiques, les orthoplasties ne sont pas prises en charge par la Sécurité sociale ». Un remboursement partiel peut être attribué par certaines mutuelles, selon le contrat.

Qu’est-ce que le pied diabétique ?

Le pied diabétique est une complication du diabète. « Il associe souvent perte de sensibilité (neuropathie) et difficulté de cicatrisation (artériopathie), explique Karine Poirier. La neuropathie empêche la perception des petites blessures ou autres pathologies du pied (cors, durillons, crevasses…). Celles-ci finissent par s’amplifier, s’infecter et laisser la place à des ulcérations pouvant même conduire à l’amputation, en cas d’artériopathie associée ».

Il est recommandé d’effectuer une évaluation de la gradation du risque de plaie chez le pédicure-podologue au moins une fois par an. « Cette gradation, qui peut être réalisée par le pédicure podologue en première intention, permet de définir le grade de risque lésionnel (qui va de 0 à 3 et qui conditionne le remboursement des soins) et d’orienter le patient vers une prise en charge spécifique ».

Par Peggy Cardin-Changizi

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