Anorexie : parents, proches, comment aider ?

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Par Pauline Hervé

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L’anorexie est un trouble du comportement alimentaire qui frappe majoritairement à l’adolescence. Pour la famille, c’est une épreuve qui génère incompréhension et impuissance. Comment faire au mieux pour soutenir son enfant et l’accompagner vers la guérison ?

« Pour notre fille, anorexique, il y a les médecins et les psychologues. Mais nous, parents, nous sentons très seuls ». Marylène, 48 ans, résume ce qu’affrontent les familles de personnes touchées par l’anorexie qui naviguent entre inquiétude et culpabilité, incompréhension, solitude et sentiment d’impuissance.

Ce trouble du comportement alimentaire toucherait, selon la Haute autorité de santé (HAS), entre 0,9 et 1,5 % de la population française (en grande majorité des jeunes femmes). Or, au-delà des malades, l’anorexie touche également le cercle familial. 

« C’est difficile, quand on aime quelqu’un de le voir dépérir ou se maltraiter et de ne pas avoir de solution à apporter. Habituellement quand un proche est malade, on l’accompagne chez le médecin, qui lui donne un traitement », explique Angélique Gimenez, psychologue et membre de l’association Autrement qui rassemble praticiens, anciens malades et proches. Avec les troubles du comportement alimentaire, il est plus difficile d’aider. Il faut d’abord que l’anorexique repère et accepte sa maladie. Très souvent, dans un premier temps, la jeune femme comme sa famille croient à un « simple régime », et le déni peut être fort.

Les questions à (se) poser

La Haute autorité de santé détaille, dans un document, les questions à (se) poser en cas de doute (utiles pour les proches aussi). « M’arrive-t-il de me faire vomir parce que je me sens mal d’avoir trop mangé ? Avoir perdu le contrôle de ce que je mange m’inquiète-t-il ? Ai-je récemment perdu plus de six kilos en trois mois ? Les autres me trouvent-ils trop mince alors que je pense que je suis gros(se) ? Dirais-je que la nourriture domine ma vie ? » Si les réponses sont positives à deux ou plus de ces questions, indique la HAS, il est fortement possible que la personne souffre d’un trouble du comportement alimentaire (anorexie ou boulimie).

« Double peine »

Ensuite, si la patiente décide de consulter, guérir de l’anorexie est un processus long, parsemé de rechutes, et difficile pour la malade comme pour son entourage. « Les familles sont punies d’une double peine : voir leur enfant souffrir et se voir blâmées, jugées, parfois par les médecins, souvent par leurs amis ou même leur famille », souligne Christine Chiquet, psychothérapeute spécialisée dans l’accompagnement des personnes qui souffrent de troubles alimentaires et de leurs proches.

« Du côté de la famille ou des amis, c’est difficile d’en parler sans entendre encore et encore des conseils du genre “dites-lui de manger” ou “vous devriez être plus fermes” alors que c’est justement le fond du problème, renchérit Marylène, dont la fille de 16 ans souffre d’anorexie. Les gens ne connaissent pas bien cette maladie. Résultat, progressivement on préfère se taire plutôt que d’avoir à se justifier… »

S’informer, comprendre, se faire aider

Pour aider son enfant, il est utile de commencer par s’informer pour mieux comprendre cette pathologie. L’incompréhension crée distance et impuissance. S’informer sur l’anorexie permet de dire symboliquement que l’on « voit » la souffrance et que l’on est là. Attention cependant, aux sources d’information foisonnantes sur Internet et pas toujours « sérieuses » : préférez les sites d’associations de malades et soignants. Une fois que la personne anorexique a entamé un travail thérapeutique, c’est elle qui pourra indiquer à ses proches ce qu’ils peuvent faire concrètement pour l’aider. Par exemple : se mettre à table ensemble chaque jour, aider à préparer les repas…

Si la personne qui souffre d’anorexie le souhaite, une thérapie familiale peut être un bon moyen pour chaque membre de la famille de trouver mieux sa place, de dire sa propre souffrance et d’accompagner vers la guérison.

Enfin, la base pour aider et soutenir est d’aller bien soi-même face à la maladie. Des associations comme Autrement, la Fédération française Anorexie Boulimie ou la FNA-TCA (Fédération nationale d’associations liées aux troubles des conduites alimentaires) proposent des groupes de paroles pour les proches. « Les parents s’apportent les uns aux autres ce que les soignants ne peuvent pas apporter, explique Christine Chiquet : sortir de l’isolement et de la honte, reprendre des forces, apprendre à continuer à vivre avec un symptôme qui est souvent au long cours. » Mais aussi, condition indispensable pour aider le ou la malade, gagner confiance dans le fait que la guérison est possible.

Pour aller plus loin :

FNA-TCA : Fédération nationale d’associations liées aux troubles du comportement alimentaire. Elle propose informations, rencontre, permanence téléphonique et groupes de paroles pour les malades et les proches.

Autrement, pour un autre regard sur son poids : L’association regroupe thérapeutes, soignantes, mais aussi familles et anciens malades. Basée à Dijon, elle propose des groupes de travail et de parole dans toute la France et a notamment une antenne en région Paca.

Fédération française anorexie boulimie : association qui regroupe des spécialistes du dépistage, du diagnostic, de la prise en charge, du traitement et de la recherche sur les troubles du comportement alimentaire, ainsi que des représentants des fédérations et associations de familles et d'usagers.

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