Apnées du sommeil : comment les soigner ?

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Par Agnès Morel

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Plus de 3 millions de Français souffrent du syndrome d’apnées de sommeil, qui se caractérise par des pauses respiratoires la nuit et peut avoir des conséquences sur la santé. Or, il existe des traitements assez efficaces.

A près de 30 ans, Marie-Agnès Wiss-Laurent, aujourd’hui présidente de la Fédération française des associations et amicales de malades, insuffisants ou handicapés respiratoires, était épuisée : « Je m’endormais partout : en allant chercher mes enfants à l’école, dans une file d’attente, lors des déjeuners de famille… » Une fatigue qu’elle met sur le compte de ses trois jeunes enfants. Jusqu’à ce qu’elle apprenne qu’elle souffre d’apnées du sommeil. Elle dort, depuis, appareillée. Comme elle, environ 5 % des Français sont atteints du syndrome d’apnées de sommeil (SAS), ce qui a des conséquences sur la santé : fatigue, somnolence, irritabilité… Et surtout, apparition d’hypertension artérielle et risques d’accidents cardio-vasculaires. Comment les éviter ?

Consulter dès que l’on dort mal

Si l’on dort seul, pas facile de prendre conscience de cette apnée. Un tiers des malades pourrait même l’ignorer, d’après la Société française de recherche et de médecine du sommeil. Alors, à quel moment s’inquiéter ? «  Un syndrome d’apnée du sommeil se traduit forcément par de forts ronflements, mais pas seulement », prévient Marie-Françoise Vecchierini, neuropsychiatre au Centre du sommeil à l’Hôtel-Dieu (75) et membre du bureau à l’Institut national du sommeil et de la vigilance. Elle poursuit : « Il faut consulter dès lors que l’on a d’autres signes associés : une respiration bruyante et irrégulière, des réveils fréquents avec une sensation d’étouffement, de forts maux de tête au réveil, et… le besoin d’uriner souvent. » Le diagnostic de la respiration au cours du sommeil (polysomnographie) est ensuite confirmé si possible en milieu hospitalier. Le nombre d’apnées et d’hypopnées est un indicateur de gravité : au-delà de quinze événements par heure, une prise en charge médicale est nécessaire.

Au fait, à quoi est dûe l’apnée du sommeil ?

Elle provient du relâchement des muscles des parois du pharynx. La majorité des apnées sont dites « obstructives » : elles sont liées à la fermeture, par intermittence, des voies aériennes supérieures pour des raisons mécaniques (voile du palais trop épais, amygdales trop volumineuses…) ou dynamiques (baisse du tonus des muscles des parois du pharynx…). Résultat : cela bloque le passage de l’air, à l’inspiration. Il existe un autre type d’apnée : l’apnée centrale, entraînée par une pathologie neurologique, un AVC, etc.

Perdre du poids, arrêter l’alcool, faire du sport

En première intention, les médecins incitent à améliorer l’hygiène de vie du malade. Il s’agit d’arrêter l’alcool, les opiacés et les benzodiazépines (somnifères, calmants, anxiolytiques), susceptibles de causer un relâchement musculaire ; de reprendre une activité physique régulière ; et, surtout, de perdre au moins 10 % de son poids. « La plupart des malades sont en surcharge pondérale. Or, le surpoids, en créant un rapprochement de la gorge et du voile du palais, favorise les obstructions respiratoires et aggrave le syndrome d’apnée du sommeil », explique Marie-Françoise Vecchierini. Les spécialistes proposent ensuite l’option thérapeutique la mieux adaptée à la gravité du syndrome et de ses conséquences.

Le traitement le plus courant : l’appareil à pression positive continue

« Le seul traitement efficace en cas d’apnée modéré ou sévère, est l’utilisation au moins quatre heures par jour d’un appareil à pression positive continue (PPC), qui fonctionne comme un  aspirateur à l’envers », indique Marie-Françoise Vecchierini. On estime que 500 000 Français y ont recours. Le principe : insuffler de l’air dans les narines à une pression plus élevée que la pression atmosphérique, ce qui empêche les voies aériennes supérieures de se fermer.

L’appareil est installé à domicile par un prestataire de services, qui vient adapter le masque préconisé, expliquer son utilisation, et revient trois semaines après pour contrôler. « S’il existe aujourd’hui plus d’une centaine de masques différents,  adaptés à chaque morphologie, 30 % des patients ont des difficultés à s’y faire », observe Marie-Françoise Vecchierini. Ce qui nécessite un suivi assidu. Ainsi, Paul, lecteur d’Essentiel Santé Magazine, éprouve « des désagréments : yeux bouffis, marques rouges autour de la bouche, réveils au milieu de la nuit à cause de la machine… » Mais ce n’est pas le cas de tout le monde ! « Je porte un masque depuis 1999 et je n'ai jamais eu les yeux boursouflés, ni le nez marqué. Je m'endors très facilement. À mon avis, la plupart des gens qui se plaignent de ce genre d'inconvénients serrent trop leur masque. Un léger réglage du harnais avec l'aide éventuelle d'un des techniciens chargés du contrôle de ces appareils pourrait peut-être suffire à éviter le problème », explique Philippe, un autre lecteur.

« Faites-vous appareiller ! »

Marie-Agnès Wiss-Laurent, malade et présidente de la FFAAIR (Fédération française des associations et amicales de malades, insuffisants ou handicapés respiratoires), témoigne.
« Depuis trente ans, je porte toutes les nuits un masque à PPC, même lorsque je suis en voyage. Bien sûr, j’ai eu un peu de mal à m’habituer au début, mais il faut dédramatiser : c’est une nouvelle vie qui peut commencer. Quel bonheur ce fut, de pouvoir enfin m’occuper de mes enfants, de leur faire faire leurs devoirs, de les emmener jouer, de leur lire des histoires… sans être dans un brouillard permanent. Aujourd’hui, je suis engagée dans l’association, et je dis à tous ceux qui hésitent : faites-vous appareiller ! »

D’autres traitements existent

En cas de difficultés à s’adapter à l’appareil, ou bien en cas d’apnée plus légère, le patient peut se voir prescrire une « orthèse d’avancée mandibulaire », un dispositif qui se place dans la bouche et permet, en avançant la mâchoire inférieure, de libérer le passage de l’air.
Attention aux modèles qu’il est possible d’acheter en pharmacie : « Ils ne sont pas réellement efficaces », met en garde Marie-Françoise Vecchierini. « Mieux vaut faire faire une orthèse personnalisée, qui peut d’ailleurs être prise en charge par l’Assurance Maladie. » Cette orthèse est fabriquée sur mesure par un dentiste spécialisé, après un bilan bucco-dentaire qui permet de vérifier l’état des dents et des articulations. Elle nécessite un suivi très régulier, pour en vérifier l’efficacité.

Dormir sur le dos peut, chez certains, augmenter les apnées. Pour éviter le sommeil en position dorsale, les médecins peuvent proposer le port d’un gilet (ou d’une ceinture) avec un coussin, des balles en mousse ou bien un vibreur dans le dos. L’appareil rend la position désagréable et oblige à dormir sur le côté. « Attention, il s’agit plutôt d’un traitement de première intention », nuance la spécialiste. Néanmoins, cela fonctionne pour Mireille, une lectrice qui a testé la ceinture : « Je suis sujette à ce problème, mais mon médecin m'a prescrit une ceinture très facile à porter qui empêche de dormir sur le dos. Depuis, je passe de meilleures nuits et je ne me réveille plus le matin fatiguée et sans énergie. »

Enfin, la chirurgie : un geste chirurgical léger peut être prescrit en cas d’amygdales de taille trop importante ou de cloison nasale déviée. Une opération plus lourde consiste à avancer la mâchoire, afin que le voile du palais soit tiré vers l’avant. « Cela se fait surtout aux Etats-Unis, mais attention, cette intervention change nettement le visage », prévient Marie-Françoise Vecchierini, qui la réserve aux formes d’apnées les plus graves.

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