Arthrose du pouce ou rhizarthrose : quels sont les traitements ?

Publié le

Par Peggy Cardin-Changizi

Temps de lecture estimé 5 minute(s)

Illustration
© Getty Images

Sommaire

Près de deux millions de Français souffrent d’arthrose du pouce ou rhizarthrose. Si elle ne se guérit pas, elle se soigne en revanche très bien. Les différents traitements permettent en effet de soulager la douleur et d’accomplir à nouveau les gestes de la vie quotidienne. À l’occasion de la journée mondiale de l’arthrose, le 17 septembre, focus, avec nos experts, sur cette pathologie invalidante qui évolue par poussées.

Parmi les 10 millions de Français qui souffrent d’arthrose, 1,8 million sont concernés par une arthrose du pouce (ou rhizarthrose). Ce qui en fait la forme la plus fréquente des arthroses du membre supérieur (20 %). « Cette maladie est due à une destruction progressive du cartilage, explique le Dr Benoît Augé, rhumatologue à Besançon. L’articulation entre le trapèze (os du carpe) et le premier métacarpien s’use et empêche le pouce de fonctionner normalement (faire la pince) ». Evolutive, la rhizarthrose peut conduire à une immobilité totale de la main : toute activité du quotidien comme ouvrir une bouteille, cuisiner, tricoter, écrire, effectuer des travaux manuels… devient alors douloureuse voire impossible.

Rhizarthrose : une prédominance féminine

« Cette affection résulte de plusieurs causes - prédispositions anatomiques, hérédité, séquelles de traumatismes (notamment chez les sportifs), travail manuel répétitif… et survient le plus souvent entre 55 et 75 ans », poursuit le rhumatologue. Mais des douleurs peuvent apparaître plus précocement. « Plus d’un tiers des patients commencent à souffrir de douleurs arthrosiques avant l’âge de 40 ans ! » La rhizarthrose atteint le plus souvent la femme dans 80 % des cas : 1 femme sur 3 après la ménopause contre 1 homme sur 8.

Elle se caractérise majoritairement par des douleurs, une diminution de la force au niveau de la pince du pouce et de l’index, un enraidissement de la colonne du pouce qui gêne la préhension et dans certains cas par une déformation de l’articulation pouvant prendre la forme d’un « pouce en Z ».

Le médecin généraliste en première intention

Les douleurs d’arthrose du pouce évoluent par poussées qui peuvent survenir même au repos ou la nuit. « En général, les patients se tournent d’abord vers leur médecin généraliste qui prescrit en première intention des anti-inflammatoires pour soulager la douleur. En complément, il peut proposer la mise d’une orthèse qui immobilise le pouce, à porter la nuit par exemple et/ou de la kinésithérapie ». Dans la grande majorité des cas, le traitement de première ligne suffit à gérer les symptômes de la rhizarthrose.

« En cas d’échec du traitement proposé par le généraliste, il faut orienter le patient vers un rhumatologue qui pourra bien déterminer l'origine de la douleur (rhizarthrose, tendinite, arthrose du poignet) et réaliser si besoin des infiltrations, notamment de cortisone, au niveau de l’articulation ». Réalisée sous radio ou échographie, l’infiltration aura pour effet de casser la poussée inflammatoire. Si la crise suivante ne revient qu’un an après, le patient pourra alors refaire une infiltration. « En revanche, si le soulagement n’est que de courte durée, une prise en charge chirurgicale est à envisager ».

La chirurgie : un traitement durable de l’arthrose du pouce

Si le traitement médical vise à soulager les douleurs, il ne traite pas en revanche l’arthrose elle-même. « Beaucoup de patients le considèrent comme étant l’unique solution pour traiter leur pathologie, regrette le Pr Laurent Obert, chef du service de chirurgie orthopédique et plastique au CHRU de Besançon. Or, il est vrai que la chirurgie est une option mal connue, alors qu’elle existe depuis 50 ans ». Et qu’elle apporte une solution efficace et pérenne pour retrouver un pouce utile.

« La chirurgie va intervenir au niveau de la douleur, de la perte de force et de la perte de mobilité du pouce ». Pour cela, le chirurgien a le choix entre deux types d’opérations, toutes deux en ambulatoire et sous anesthésie locorégionale (locale). « D’un côté, la trapezectomie qui consiste à enlever un petit os dans le poignet, de l’autre la pose d’une prothèse trapézo-métacarpienne qui vient remplacer l’articulation atteinte (comme une prothèse de hanche) ». Si la première est un geste « plus facile pour le chirurgien et ôte la douleur pour le patient », elle ne redonne pas une pince forte et la récupération prend facilement deux trimestres. « En revanche, la prothèse est la réponse durable pour retrouver un pouce indolore, stable et fort dans tous les gestes de la vie quotidienne, avec une récupération en un mois et demi », assure le Pr Obert.

Prothèse du pouce : une durée de vie d’au moins 10 ans

Remboursée par la Sécurité sociale, la prothèse totale de pouce s'adapte aujourd’hui à l’anatomie du patient et revendique une durée de vie d’au moins 10 ans pour une utilisation normale. « La principale complication est la luxation d’une partie de la prothèse, mais elle reste très rare. L’autre est l’usure de la prothèse, qui dépend de l’utilisation que l’on en fait, et a été fortement réduite grâce à de nouveaux matériaux », rassure le professeur.

Aujourd’hui, seulement 9 400 poses de prothèse de pouce et 2 300 trapezectomies sont réalisées chaque année en France. Alors que l’on recense 30 000 prothèses posées pour traiter l’arthrose de l’épaule (qui ne représente que 7 % des cas d’arthrose) et 140 000 prothèses totales de hanche (pour 2 % des cas d’arthrose).

Par Peggy Cardin-Changizi

Commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.
Tous les champs sont obligatoires.

Ce site utilise un système anti- spams pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Cette question sert à vérifier si vous êtes un visiteur humain ou non afin d'éviter les soumissions de pourriel (spam) automatisées.

A découvrir